André Le Nôtre (1613 - 1700)

Un jardinier qui sait se faire apprécier

Fils et petit-fils d'un jardinier des Tuileries, André Le Nôtre suit à l'adolescence des cours d'art dans l'atelier du peintre Simon Vouet. Il s'initie avec passion à l'art pictural avant de prendre la succession de la charge paternelle.

Au terme d'une longue vie toute entière consacrée à l'art des jardins, son nom va être associé pour toujours au Grand Siècle français et au Roi-Soleil

André Larané

Un travailleur infatigable

André Le Nôtre, 1613-1700 (Carlo Maratta, vers 1680, château de Versailles)En 1635, alors qu'il n'a encore que 22 ans, le jeune homme entre au service de Gaston d'Orléans, frère du roi Louis XIII, et conçoit pour lui les jardins de Saint-Cloud et du Luxembourg. 

Deux ans plus tard, à la mort de son père, il hérite de la charge de premier jardinier du roi aux Tuileries puis il est nommé dessinateur des plans et parterres de tous les jardins royaux. 

Dans la lettre d'accréditation du 26 janvier 1637 signée de Louis XIII, le roi lui donne du « cher et bien-aimé », preuve que le jeune homme connaît déjà les manières de la Cour, apprises auprès de son père, homme ambitieux et proche de la cour.

Comme beaucoup d'hommes de talent du Grand Siècle, c'est au service du richissime surintendant des finances Nicolas Fouquet que Le Nôtre révèle son art.

Son grand oeuvre est Vaux-le-Vicomte, près de Melun. Autour de ce château, construit par l'architecte Louis Le Vau et le peintre Charles Le Brun, il crée en pleine forêt un surprenant agencement de parterres et de fontaines, tirant parti des courbures du relief et des filets d'eau pour animer le site.

Après la disgrâce du surintendant en 1661, Le Nôtre entre au service de Louis XIV et acquiert la charge prestigieuse de contrôleur général des bâtiments. Il va transposer ses créations à Versailles, mais aussi à Marly ou encore à Chantilly. De tous ses jardins, ce dernier est celui qu'il préfère.

Mais il va sans dire que c'est Versailles qui exige le plus de soins avec le « Grand Parc », le « Petit Parc » et les jardins « à la française », soit au total plusieurs centaines d'hectares et 7000 jardiniers (une quarantaine aujourd'hui).

Hubert Robert, Vue du Bosquet des Bains d'Apollon, 1774, Versailles, châteaux de Versailles et de Trianon

Un homme de bonne compagnie

Apprécié du roi qui aime à s'entretenir avec lui, lui manifeste une affection quasi-filiale et n'hésite pas, dans son grand âge, à pousser lui-même sa chaise, André Le Nôtre est regardé de haut par Mansart, l'architecte de Versailles. Il lui rend la pareille en ne le présentant jamais autrement au roi que sous l'appellation méprisante : « Votre maçon... ».

Le jardinier du roi n'en est pas moins un courtisan apprécié, simple de manières mais d'une grande culture et d'une conversation agréable. Quand le roi lui propose de l'anoblir en 1675, Le Nôtre lui dit en souriant qu'il a déjà pour armoiries « trois limaçons couronnés d’une pomme de chou ». Louis XIV le prend au mot et lui confère pour de bon lesdites armoiries.

Si l'on en croit son biographe Erik Orsenna, ce créateur hors normes et fantaisiste se révèle dans la vie privée avide de richesses, dur en affaires, conformiste en amour. Rien d'euphorisant, d'autant qu'il a la douleur de perdre ses trois enfants en bas âge. En guise de consolation, avec son épouse Françoise Langlois, il adopte ses trois neveux.

Réfugié dans le travail, c'est seulement à 80 ans qu'il renonce à sa charge officielle auprès du roi. Tandis que le roi lui confère le prestigieux ordre de Saint-Michel, lui-même lui offre sa collection d'oeuvres d'art (toiles de maître, porcelaines, médailles, estampes...), l'une des plus importantes de son temps. Il n'arrête pas pour autant toute activité et, jusqu'à sa dernière heure, met ses talents et son oeil d'artiste au service de la haute noblesse, multipliant en France et à l'étranger des jardins qui tirent gloire, aujourd'hui, de son génie.

Les fontaines de Neptune (Versailles), par Jean II Cottelle (1688, musée de Versailles)

Le « jardin à la française »

Le jardinier du Roi-Soleil a repris et développé les idées classiques sur le jardin, qui s'étaient épanouies en France au début du XVIIe siècle, à partir du jardin italien de la Renaissance, avant de s'étendre au reste de l'Europe. Mais il ne s'est jamais soucié d'exposer ses principes ni de transmettre son savoir, à la différence par exemple de l'agronome de Versailles, Jean-Baptiste de La Quintinie (1626-1688), qui laissera en guise de testament ses « Instruction pour les jardins fruitiers et potagers ».

C'est Antoine-Joseph Dézalliers d'Argenville, né en 1680, qui a bien plus tard théorisé le fameux « jardin à la française » dans différents traités aux titres savoureux. Ce jardin aux formes classiques, fondé sur la perspective et la symétrie, avait vocation à humaniser les parcs des châteaux installés au coeur des forêts.

Aux XVIIIe et XIXe siècles, à l'heure de la révolution industrielle et de l'urbanisation, il a été délaissé au profit du « jardin à l'anglaise », destiné quant à lui à réintroduire un semblant de nature dans les villes victimes de la pollution industrielle. Autrement dit, ces deux types de jardins ne s'opposent pas. Ils répondent simplement à des attentes différentes : le besoin d'harmonie au milieu de la nature farouche et désordonnée ; le besoin de ressourcement et de calme dans un milieu urbain et pollué.

Plan général du jardin de Versailles dressé pour Louis XV par Jean Chaufourier en 1720


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Le «Roi-Soleil»
Publié ou mis à jour le : 2022-03-12 17:37:29

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