Le 31 octobre 1925, la Perse se donne un nouvel empereur sous le nom de Réza chah Pahlévi (en anglais : Reza shah Pahlavi). C'est un officier de 47 ans qui a accédé à la tête du gouvernement quelques années plus tôt. Avec énergie, il a restauré des structures étatiques dans un empire qui n'était plus que l'ombre de lui-même.
Les religieux chiites, très influents et hostiles aux formes républicaines de gouvernement, vont lui demander de se faire couronner chah in chah (« Roi des Rois ») en lieu et place du représentant de la dynastie Qadjar. La nouvelle dynastie Pahlévi va perdurer pendant un demi-siècle, sous son autorité et celle de son fils. Elle va rendre à la Perse, devenue l'Iran, toute sa place au coeur du Moyen-Orient.
Un empire à la dérive
L'empire perse a jeté ses derniers feux sous la dynastie séfévide puis, après une longue période de déliquescence, il est tombé au XIXe siècle sous la coupe d'une dynastie d'origine turque, les Qadjars. Il a alors végété sans même qu'une puissance européenne éprouve l'envie de s'en emparer ! Les Qadjars ont abandonné Ispahan et déplacé leur capitale à Téhéran, une ville terne, coupée du reste du monde, sans une administration digne de ce nom.
Émus par la défaite de la Russie face au Japon en 1905, quelques intellectuels nationalistes décident de se remuer. Ils imposent au souverain, le 6 août 1906, la convocation d'une assemblée nationale constituante. Un Parlement (Majlis) entre en fonction à la fin de l'année. C'est le premier Parlement du Moyen-Orient. Ainsi les Iraniens prennent-ils de vitesse leurs voisins turcs qui ne feront leur révolution qu'en 1908 !
Las, c'est le moment où Anglais et Russes s'intéressent à l'Iran. Par l'accord du 31 août 1907, ils se partagent le pays en zones d'influence et mettent un terme à l'aventure libérale. Leur intérêt pour le pays s'accroît brusquement avec la découverte le 26 mai 1908 d'un gisement de pétrole ! L'année suivante est créée l'Anglo-Iranian Oil Company. C'en est fini de l'isolement de la Perse.
Sursaut dynastique
Après la Première Guerre mondiale, un officier énergique restaure un semblant d'ordre avec le concours des Anglais et chasser les bolcheviques russes. Cet officier, colonel du régiment iranien des cosaques, est né dans un milieu très pauvre le 15 mars 1878 dans le Mazandaran (au bord de la mer Caspienne). Connu sous le nom de Reza Pahlavan (« homme fort » en persan), il organise le coup d'État du 21 février 1921 (3 Esfand selon le calendrier perse) et installe au pouvoir un jeune politicien, Seyyed Ziaeddine Tabatabaï avec la fonction de Premier ministre. Lui-même devient ministre de la Guerre.
Mais le 31 octobre 1925, le dernier souverain Qadjar est renversé et, les religieux ne voulant pas d'une république, ils le désignent comme souverain sous le nom de Réza chah Pahlévi.
Grand admirateur de son contemporain, le général turc Moustafa Kémal, le nouveau souverain va, comme lui, entreprendre à marches forcées la modernisation de son pays. Ainsi embellit-il autant que faire se peut sa capitale Téhéran. Il prescrit aux citadins des costumes à l'occidentale, interdit le voile féminin, impose l'usage d'un patronyme en complément du prénom usuel.
Il met en place une administration copiée de l'Occident et un système judiciaire indépendant des juges religieux, ouvre une Université et lance la construction d'infrastructures (routes, chemins de fer...). En 1935, il change par décret royal le nom du pays, pour le tourner résolument vers l'avenir : la Perse devient l'Iran. Le 7 janvier 1937, il instaure la « journée des femmes » et prohibe le port du voile dans les lieux publics.
Dans les années 30, le chah, comme la plupart des dirigeants du Moyen-Orient, cache mal ses sympathies pour Hitler, qui a le mérite à ses yeux de s'opposer aux Anglo-Saxons et aux Russes ! Pendant la Seconde Guerre mondiale, comme il refuse à l'Angleterre et à l'URSS d'acheminer du matériel à travers l'Iran, son pays est envahi le 25 août 1941 et lui-même doit abdiquer au profit de son fils Mohammed (22 ans), lequel sera chassé à son tour par la révolution islamique de 1978.
Le régime iranien est affaibli par l'occupation étrangère, la reprise de leur autonomie par certaines tribus nomades et le réveil de mouvements religieux et politiques interdits par son père. Mais en 1946, la première résolution du Conseil de Sécurité de l'ONU ordonne à l'Armée Rouge de quitter l'Iran. Le pays va-t-il enfin retrouver la place qui lui est due dans le concert des nations, eu égard à sa longue et prestigieuse Histoire ? C'est compter sans l'avidité des Anglo-Saxons, qui ambitionnent de mettre la main sur ses ressources pétrolières...
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