Le 27 octobre 1870, le maréchal François Achille Bazaine capitule à Metz avec son armée d'environ 180 000 hommes. Cette reddition aux allures de trahison sonne le glas de la résistance française face à l'invasion prussienne, à l'issue de la guerre imprudemment déclenchée par Napoléon III trois mois plus tôt...
Ultime espoir des Français
La guerre entre la France et la Prusse avait conduit deux mois plus tôt à la capture de l'empereur, à Sedan. L'armée de Bazaine était le dernier espoir de la France bien qu'elle fût assiégée à Metz par les Prussiens et leurs alliés allemands, lesquels assiégaient aussi Paris.
Après la capture de l'empereur, les Français, sans cesser de se battre, avaient instauré une IIIe République et Léon Gambetta avait échappé en ballon au siège de la capitale pour lever en province de nouvelles armées. Ces armées de volontaires, mal équipées et inexpérimentées, avaient du moins l'avantage du nombre, aussi longtemps que le gros des troupes ennemies était fixé autour de Metz et de Paris.
Une défection au parfum de trahison
Mais à Metz, le maréchal Bazaine refuse de se rallier au Gouvernement de la Défense nationale, par haine de la République.
Non content de demeurer inactif, voilà même qu'il entre en contact avec l'ex-impératrice Eugénie, par l'intermédiaire du général Bourbaki, peut-être dans l'espoir de restaurer l'Empire. Les négociations traînent en longueur. La disette s'installe dans la ville assiégée.
Bazaine considère l'avènement de la République comme un danger plus grand encore que la victoire ennemie et le démembrement prévisible du pays.
Il renonce en définitive à poursuivre le combat avec l'espoir d'obtenir de Bismarck le droit de se retirer au centre du pays et, une fois la paix revenue, « défendre l'ordre social contre les mauvaises passions ». La capitulation de Metz livre aux Allemands 3 maréchaux, 6 000 officiers et 173 000 soldats !
Chez les républicains, la reddition de Bazaine suscite la stupeur. Elle s'ajoute aux échecs du général Trochu dans ses tentatives de desserrer l'étau ennemi autour de la capitale. Elle réduit à néant la tentative de Léon Gambetta de résister à l'invasion. Ce dernier, qui tente d'organiser de nouvelles armées à partir de Tours, lance une proclamation où il accuse explicitement le maréchal Bazaine de trahison !
Épilogue
Bazaine, qui fut autrefois populaire en raison de ses états de service au Mexique, passe trois ans plus tard en Conseil de guerre. Condamné à mort, il est grâcié par le maréchal-président Mac-Mahon (celui qui a été battu à Sedan).
Bénéficiant d'obscures complicités, il trouvera en définitive le moyen de s'enfuir à l'étranger. Il mourra à Madrid en 1888 des suites d'un attentat commis par un individu venu de France.
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Roland Peccoud (01-11-2021 13:27:35)
Tous ces commentaires éclairent cette histoire, de 1870 à 1945. Il y a continuité : la haine de l'Allemand, suscitée et entretenue par des politiciens, plutôt de droite, nous a conduits effective... Lire la suite
Piguet (16-02-2021 08:07:24)
"Je pense qu'il n'est pas abusif de rapprocher la trahison de Bazaine en 1870 de celle de maints dirigeants politiques et militaires en juin 1940 qui firent passer leur peur du communisme." On oublie... Lire la suite
Liger (14-08-2020 13:58:00)
Je pense qu'il n'est pas abusif de rapprocher la trahison de Bazaine en 1870 de celle de maints dirigeants politiques et militaires en juin 1940 qui firent passer leur peur du communisme (largement... Lire la suite