L'idée impériale ensorcelle les hommes depuis plus de deux millénaires. On peut la faire remonter à Cyrus le Grand mais ce sont véritablement les Romains qui ont inventé l'empire avec Jules César et ses héritiers, premiers souverains qualifiés d'empereurs.
Le mot « empire », si commun aujourd'hui dans notre langue, a été emprunté au latin. Il n'empêche que les Romains eux-mêmes répugnaient à l'employer, au point de prétendre que le régime dictatorial imposé par Auguste n'aurait pas aboli la république.
L'empire se définit comme un État multiculturel ou multinational reposant sur la force militaire. Il désigne à la fois un vaste État multinational et une forme de gouvernement électif où seul voterait le corps des officiers. C'est la définition la plus précise que l'on puisse en donner.
Pour Gabriel Martinez-Gros, disciple de l'historien Ibn Khaldoun, les « empires », à commencer par l'empire perse et l'empire romain, assurent leur pérennité en désarmant leurs sujets pour mieux les pressurer et en utilisant le produit des impôts pour recruter des troupes parmi les guerriers qui nomadisent aux frontières !
Sur les deux derniers millénaires, dans le monde, l'empire apparaît comme la forme d’État dominante. Il a succédé à la cité antique et il n'y a guère que l’État-Nation, une bizarrerie apparue en Europe occidentale au Moyen Âge, qui lui ait jusqu'ici résisté.