Le 27 mai 1944, ma ville de Marseille a été bombardée par les Américains. J'étais alors âgé de 4 ans et demi et ma sœur de 2 ans. Notre père étant parti rejoindre le maquis l'année précédente, nous étions logés chez notre tante, tout en haut de la rue Liandier, près de l’Avenue Cantini, qui longe la gare de triage des marchandises du Prado. Notre tante nous avait hébergée depuis que notre père avait fuit le STO.
Notre tante et notre mère, dès qu’elles ont entendu le bruit des avions et les premières détonations nous ont placés contre la cloison séparant la cuisine du couloir, croyant que de nous placer sous la cape de cheminée, cela représentait un plus grand danger. Mais du fait que les bombes commençaient à tomber sur la gare de triage du Prado très proche, elles nous changèrent de place juste à temps. La cloison contre laquelle nous étions précédemment venait en effet de s’écrouler sous l’effet du souffle des bombes. Une représentation en bronze d’un chien, posé sur la poste TSF venait elle aussi de chuter.
Ma mère, qui m’avait perdue de vue pendant notre déplacement, fut prise d’une grande frayeur en ne me retrouvant pas dans la poussière et les divers débris. D’autant que le bombardement, même s’il n’a duré que 15 minutes environ, n’était pas terminé à ce moment précis.
Ce n’est qu’en lui secouant sa robe que je pus rassurer ma mère. Une fois certains que le bombardement était terminé, nous sortîmes dans la cour intérieure du groupe des maisons et nous trouvâmes le sol de celle-ci recouverte d’une bonne épaisseur des tuiles et de divers autres matériaux propulsés par les souffles des bombes.
Je garde dans ma mémoire depuis cette horrible journée un souvenir indélébile.
Nous fûmes pleinement rassurés lorsque quelques jours plus tard, notre père et l’époux de notre tante, mon oncle Edouard furent de retour. Pour moi, jeune enfant, je crois que ce fut là le jour de la « La Libération »
Nous pûmes retrouver notre appartement à Allauch, où nous fîmes la connaissance de deux soldat américains, un Texan, Mark, et un autre dont je ne me souviens plus de quel l’État il venait. Ces deux militaires étaient là en permission. Notre père les avait conduits chez nous mais je n’ai jamais connu la raison de leur présence.
Publié ou mis à jour le : 15/10/2023 10:00:29