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Golda sur Canal+ et au cinéma : peut mieux faire

Golda sur Canal+ et au cinéma : peut mieux faire

Ce 11 octobre 2023, la chaîne Canal+ a présenté le film anglo-saxon Golda, réalisé en 2023 par Guy Nattiv. Ce film a été distribué en salle dans différents pays, y compris la Suisse, mais pas en France ! Sans doute le jugeait-on trop risqué… et l’on avait raison.

Le film se propose de suivre la Première ministre Golda Meir (75 ans au moment de la guerre du Kippour) dans ses discussions, ses moments de faiblesse et ses rares déplacements hors du ministère et de l’état-major.

On la voit aussi l’année suivante, en 1974, comparaître devant les cinq juges de la commission Agranat, chargée d’évaluer les responsabilités des gouvernants et des militaires dans l’impréparation de l’armée et du pays face à la menace égypto-syrienne.

Golda Meir et son ministre de la Défense, le prestigieux Moshe Dayan, héros de la guerre des Six Jours de 1967, seront absous mais ils n’en devront pas moins démissionner en juin 1974. La première mourra d’un lymphome en 1978 et le second en 1981.

Le rôle de la « Grand-mère d’Israël » est joué par la Britannique Helen Mirren (The Queen, 2006), méconnaissable et tout à fait convaincante dans le rôle… même si elle n’est ni juive ni israélienne, ce qui lui est reprochée sur les réseaux sociaux au nom du « crime d’appropriation culturelle » !

Valait-il la peine de lui consacrer un film ? Pourquoi pas ? Elle fut, notons-la, la troisième femme  de l’Histoire moderne à accéder au sommet de l’État après l’Indienne Indira Gandhi et la Cinghalaise Sirimavo Bandaranaike. Mais à la différence de celles-ci comme de toutes les souveraines antérieures, elle ne dut sa réussite qu’à elle-même et non à de quelconques attaches familiales.

On peut toutefois regretter que le film adopte un point de vue étroit sur le personnage. Il ne nous dit rien de son parcours antérieur ni non plus d’ailleurs de sa manière de gouverner. On la voit palabrer au milieu de ses ministres et de ses généraux mais sans jamais prendre de décisions lourdes. Elle subit la guerre, qu’elle voit à travers les écrans de l’état-major et les rapports de ses ministres, plus qu’elle ne la fait.

Qui plus est, si le film montre une rencontre informelle entre le Secrétaire d’État américain Henry Kissinger et Golda Meir dans la cuisine de cette dernière, il ne dit rien du refus obstiné de la Première ministre de répondre aux avances secrètes de l’Égyptien Anouar el-Sadate, disposé à négocier un retrait israélien du Sinaï.

Dans le fond, le film semble s’être donné pour but essentiel de faire porter sur Moshe Dayan tout le poids des fautes commises au début du conflit. C’est lui qui refuse de croire aux informations ténues apportées par les services de renseignements et c’est lui qui refuse une mobilisation partielle préventive. Elle eut permis de repousser l’assaut égyptien et de secourir les soldats en première ligne sur le canal de Suez.

Brigitte Labri

Publié ou mis à jour le : 11/10/2023 22:52:32

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