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La vérité sur le nuage de Tchernobyl

La vérité sur le nuage de Tchernobyl

Le Jeudi 28 avril 1986, à 7 h du matin, les Suédois découvrent que leur atmosphère est très contaminée en produits radioactifs. Vu le sens du vent et l'absence de tout incident en Suède, cette contamination ne peut provenir que de l'URSS qui commence par nier avant d'avouer le soir même l'existence d'un accident nucléaire survenu le 26, dans la centrale de Tchernobyl, au Nord-Est de l'Ukraine, près de la Biélorussie.

Les autorités de sûreté suédoises préviennent aussitôt leurs homologues européens dont, pour la France, le Prof. Pierre Pellerin, chef du service central de protection contre les rayonnements (SCPRI), lequel fait aussitôt installer dans un avion d'Air France en direction de la Suède un appareil de prélèvement d'air pour l'analyser au retour dans son laboratoire du Vésinet. Pellerin informe aussitôt les divers centres du CEA et d'EDF, assez nombreux sur le territoire, ainsi que ses agents dans les préfectures, de la nécessité de surveiller la radioactivité dans leur environnement, ce qui est d'ailleurs une de leurs missions permanentes.

Le suivi de la contamination de l'air est pour lui une routine car il a été chargé depuis longtemps du suivi et de l'analyse des retombées radioactives des essais nucléaires aériens, français et étrangers. Il en a tiré un diagramme grossier sur la diminution de la radioactivité en fonction de la distance au foyer des explosions. Tchernobyl étant situé à 1600 km environ de la frontière, il estime que la France ne devrait pas être affectée de manière dangereuse par les retombées à venir sur son sol.

Il faudra attendre le mois d'août pour qu'une délégation russe révèle à une réunion de l'Agence Internationale de l'Energie Atomique les causes incroyables de l'accident.

Les Soviétiques géreront les conséquences de l'accident de manière encore plus invraisemblable, n'interdisant pas la consommation de produits frais lactés, causant par là de très nombreux cancers de la thyroïde chez les enfants et recommandant plutôt la consommation de vodka comme remède miracle... Faute de suivi sérieux, le bilan humain global n'est pas connu, au delà des 34 intervenants décédés peu aorès l'accident (pompiers, personnel d'exploitation, etc.).

En France, le Pr Pellerin, chargé de la communication par un gouvernement de cohabitation très fraîchement élu, ne recommande aucune restriction aux produits alimentaires, notamment aux légumes à feuilles alsaciens alors qu'ils sont interdits de l'autre côté du Rhin. C'est « comme si le « nuage » de Tchernobyl n'avait pas traversé la frontière » lance un plaisantin non-identifié. La formule fait encore florès. En s'embrouillant lors d'un débat télévisé, dans les unités légales d'irradiation qui viennent de passer de la Curie au Becquerel (37 milliards de fois plus petit!), sa compétence est mise en question. Il devient l'homme à abattre pour tous les antinucléaires français, nombreux dans la presse. Pourtant, les études statistiques montreront qu'il n'y a eu aucune inflexion du nombre de cancers de la thyroïde en France, en baisse légère et continue. Dans l'absolu, Pierre Pellerin avait raison.

On peut penser que Gorbachev a pris conscience de certains défauts inhérents au système soviétique et que Tchernobyl a contribué à sa chute, trois ans plus tard.

Bernard Lerouge

Publié ou mis à jour le : 11/10/2023 14:32:54

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