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Des fleurs de deuil pour les Indiens Osage

Des fleurs de deuil pour les Indiens Osage

Il est des films dont on n'arrive jamais à se souvenir du titre, et comme les distributeurs n'ont pas pris la peine de traduire Killers of the flower moon (2023), nous l'appellerons simplement : « le dernier Scorsese ». A 80 ans, le réalisateur américain revient en effet sous les projecteurs, et en bonne compagnie puisqu'il a attiré dans ses filets ses complices Robert De Niro (Les Affranchis, Casino) et Leonardo DiCaprio (Gangs of New York, Aviator).

Tout ce beau monde se retrouve plongé dans l'Oklahoma des années 20, un comté dont la vie a été bouleversée par la découverte d'importants gisements de pétrole. Une bonne nouvelle pour les propriétaires du sol, les Indiens Osage, qui du jour au lendemain se voient couverts de dollars. Quel plaisir pour ces « millionnaires rouges » d'aller faire leurs courses dans de belles cylindrées avec chauffeur !

Rien de tel pour attirer les convoitises...

On comprend vite que le diable est déjà dans la place lorsque l'on voit apparaître De Niro précédé de sa réputation de « parrain » mafioso, acquise justement dans les films de Scorsese. Manipulateur, il ne laissera aucune chance à son neveu joué par un DiCaprio à la mine boudeuse, excellent en brave type un peu benêt, totalement dépassé par les événements.

On sent qu'avec cette adaptation d'un livre-enquête du journaliste David Grann, Scorsese s'est fait plaisir à mettre en scène ses personnages favoris, ces voyous avides d'argent et de puissance qui n'hésitent pas à aller jusqu'au meurtre pour obtenir ce qu'ils veulent. L'histoire, véridique, de la soixantaine d'Indiens Osage assassinés en quelques années lui offrait en cela une base idéale. S'il préfère s'attacher davantage à la psychologie de ses personnages que de faire œuvre d'historien, il ne néglige pas pour autant la mise en contexte en donnant à voir notamment le racisme de l'époque, et dévoile les retombées de cette affaire, comme le rôle du futur F.B.I. Le film, du coup, en apparaît alourdi, du moins dans sa première partie qui développe trop longuement l'histoire d'amour entre le neveu et une Indienne incarnée avec beaucoup de sincérité par Lily Gladstone. Il faut donc attendre (un peu trop) que toutes les ficelles soient installées avant de pouvoir déguster la façon dont le maestro met en pièces ses personnages.

Avait-il pour cela besoin de 3h30 de pellicule ? Jouer des ciseaux pour enlever une grosse demi-heure aurait certainement profité à tout le monde. Mais quand on aime, on ne compte pas...

Isabelle Grégor

Publié ou mis à jour le : 28/10/2023 11:05:11

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