Belle blonde, Françoise est née de Gabriel de Rochechouart, prince de Tonnay-Charente, duc de Mortemart. Elle épouse le marquis de Montespan à 23 ans mais ne se satisfait pas de ce mariage.
Ambitieuse, elle va ravir à son amie Mlle de La Vallière le coeur du jeune roi Louis XIV, lequel ne lui résistera guère.
Un roi fringant
Le roi de France montre en effet beaucoup d'appétence pour la gent féminine et il va rester actif jusque dans le grand âge, même s'il a compté au total dans sa vie bien moins de maîtresses que son grand-père Henri IV, le « Vert-Galant ».
Il avait quinze ans quand sa mère, la reine Anne d'Autriche, a pressé sa propre femme de chambre de l'initier aux jeux du sexe et de l'amour. Cette femme de chambre, déjà âgée de 40 ans et surnommée par les courtisans « Cateau la Borgnesse » en raison d'un strabisme divergent, n'était pas moins une libertine expérimentée comme son royal élève n'allait pas tarder à s'en apercevoir. Née Catherine Bellier, elle avait épousé vingt ans plus tôt un marchand d'étoffes dénommé Pierre Beauvais. Ses bons services rendus à la reine et au futur roi allaient valoir au couple le titre de baron et un somptueux hôtel que l'on peut encore admirer au 68, rue François Miron, à Paris, l'hôtel de Beauvais !
Ayant été éveillé à la sexualité, Louis-Dieudonné noue d'abord une idylle platonique avec sa cousine Henriette d'Angleterre ainsi qu'avec Olympe et Marie Mancini, nièces de son principal ministre Mazarin. Il consent enfin à épouser en 1660, à Saint-Jean-de-Luz, l'infante Marie-Thérèse d'Autriche, sa cousine. Effacée, elle lui donnera six enfants dont un seul, le Grand Dauphin, atteindra l'âge adulte ! À la mort de son épouse, le 30 juillet 1683, le roi manifestera un deuil pudique : « Voilà le premier chagrin qu'elle m'ait donné ».
En attendant, le roi connaît un premier et véritable amour avec la douce Louise de La Vallière, qui lui donne quatre enfants entre 1663 et 1667. Parmi eux, Louis de Bourbon, comte de Vermandois, mort prématurément à 16 ans, et Marie-Anne de Bourbon, princesse de Conti. Sexuellement précoce, cette dernière transmettra la vérole à son époux qui la laissera veuve à vingt ans !
La marquise en pleine gloire
Se faisant prénommer Athénaïs selon la mode précieuse du temps, la marquise de Montespan, autrement plus flamboyante que Mlle de La Vallière, a une première relation sexuelle avec le roi à 27 ans, en 1667. Il lui faut quelques années pour devenir enfin non plus seulement une maîtresse parmi d'autres mais sa favorite.
Par sa beauté, sa culture et son esprit volontiers mordant, la jeune femme remplit son rôle de reine officieuse et contribue au rayonnement de la Cour. Elle participe à la construction du palais de Versailles et encourage Lully et Charpentier en musique, Racine et La Fontaine en poésie, qui produisent leurs principaux chefs-d'oeuvre pendant son « règne ».
Le roi lui aménage au fond du parc de Versailles un « Trianon de porcelaine », qui sera plus tard rasé et remplacé en 1689 par le Grand Trianon de Jules-Hardouin Mansart. Assurée de l'attachement du roi à sa personne, Athénaïs supporte sans mot dire quelques passades de son amant avec Isabelle de Ludres ou encore Mademoiselle des Oeillets. Mais elle va maladroitement chuter du fait de sa compromission dans l'« affaire des Poisons » en 1681.
Une des inculpées de ce scandale majeur l'accuse d'avoir voulu empoisonner le roi et l'une de ses rivales, la jeune Mademoiselle Marie-Angélique de Scorailles, marquise de Fontanges, morte des suites d'une grossesse à vingt ans, en 1681. Il semble en fait que la marquise ait seulement voulu administrer au roi des aphrodisiaques pour réchauffer leur liaison.
Mais le roi, horrifié, ne veut rien savoir. La belle Athénaïs doit laisser sa place de favorite à Mme de Maintenon, la gouvernante de ses enfants, que le roi va épouser en secret le 9 octobre 1683.
La chute
La marquise se retire définitivement dans son appartement parisien en 1691, avec toutefois la consolation de voir les six enfants survivants qu'elle a eus de Louis XIV tous légitimés. Un privilège rare !
• L'aîné, Louis-Auguste de Bourbon, duc du Maine, est né en 1670. Très tôt affecté par une claudication, qui l'empêche de briller à la guerre et en société, il se réfugie dans les livres en son château de Sceaux. Le chemin de traverse emprunté par le duc du Maine pour se rendre de son château de Sceaux au palais de sa soeur va prendre son nom. C'est aujourd'hui l'avenue du Maine, l'une des principales artères du sud de Paris. Louis XIV, dépité par la disparition prématurée de ses héritiers directs et sensible à l'intelligence de son fils adultérin, a envisagé un moment qu'il puisse lui succéder !
• Le frère cadet de Maine, Louis-Alexandre, comte de Toulouse, est autrement plus séduisant. Amiral de France à... cinq ans, il brille à la guerre comme en amour. Il attendra toutefois ses 42 printemps pour commettre un mariage d'amour avec Marie-Victoire, fille du maréchal de Noailles.
• Louise-Françoise, dite Mademoiselle de Nantes, épouse à 12 ans le duc de Bourbon à qui elle donnera neuf enfants. S'étant enrichie grâce au système Law, elle va faire construire sur les bords de la Seine, par l'architecte Jacques Gabriel, un somptueux hôtel particulier qui gardera son nom, le Palais-Bourbon. C'est aujourd'hui le siège de l'Assemblée nationale.
• Sa soeur cadette Françoise-Marie, dite Mademoiselle de Blois, épouse quant à elle Philippe d'Orléans, le futur Régent ! Aussi débauchée que son mari, elle multiplie les liaisons en son palais du Luxembourg, siège actuel du Sénat.
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Doc7401 (27-05-2024 17:50:24)
Et LE Montespan? Passé à la trappe! Dommage... Il faut lire toute la truculence de Jean Teulé pour rehausser davantage encore "les couleurs" d'Athénaïs...