Le 25 avril 1792, à Strasbourg, le jeune officier Joseph Rouget de Lisle compose un chant de guerre pour soutenir le moral des soldats de la Révolution. Rebaptisé La Marseillaise, ce Chant de guerre de l'Armée du Rhin deviendra le premier hymne national du monde.
Dans les faits, seuls le premier couplet et le refrain sont ordinairement repris lors des cérémonies publiques ; rarement aussi le dernier couplet ; jamais les autres couplets qui sont d'une inanité absolue...
Des esprits chagrins s'émeuvent aujourd'hui des deux vers du refrain de La Marseillaise : « Qu'un sang impur / Abreuve nos sillons ». Ce sang, bien entendu, désigne celui des ennemis, mais c'est un un anachronisme que d'y voir du racisme.
Les acteurs de la Révolution, dans tous les camps, étaient en effet exempts de racisme (dico) au sens que ce mot a pu prendre au temps de Jules Ferry et plus tard. Ils pouvaient envisager que les Noirs des Antilles deviennent des citoyens français à part entière, tout comme les habitants des autres pays d'Europe dès lors que ceux-ci rejetaient leur allégeance à leur souverain ordinaire.
Le « sang impur » est en l'occurence une simple figure de style, qui a pu être d'autant mieux acceptée par les premiers auditeurs de la Marseillaise qu'elle ne réveillait aucun passif chez eux. Depuis lors, hélas, beaucoup de drames nous ont rendu allergiques à certains mots. Nous nous devons de surmonter cette allergie en honorant notre héritage comme il se doit.
La Marseillaise (Chant de guerre de l'Armée du Rhin)
Allons enfants de la Patrie
Le jour de gloire est arrivé !
Contre nous de la tyrannie
L'étendard sanglant est levé
Entendez-vous dans nos campagnes
Mugir ces féroces soldats ?
Ils viennent jusque dans nos bras.
Égorger nos fils et nos compagnes !
Refrain :
Aux armes citoyens
Formez vos bataillons
Marchons, marchons
Qu'un sang impur
Abreuve nos sillons
Que veut cette horde d'esclaves
De traîtres, de rois conjurés ?
Pour qui ces ignobles entraves
Ces fers dès longtemps préparés ?
Français, pour nous, ah! quel outrage
Quels transports il doit exciter ?
C'est nous qu'on ose méditer
De rendre à l'antique esclavage !
Quoi ces cohortes étrangères !
Feraient la loi dans nos foyers !
Quoi! ces phalanges mercenaires
Terrasseraient nos fils guerriers !
Grand Dieu ! par des mains enchaînées
Nos fronts sous le joug se ploieraient
De vils despotes deviendraient
Les maîtres des destinées.
Tremblez, tyrans et vous perfides
L'opprobre de tous les partis
Tremblez ! vos projets parricides
Vont enfin recevoir leurs prix !
Tout est soldat pour vous combattre
S'ils tombent, nos jeunes héros
La France en produit de nouveaux,
Contre vous tout prêts à se battre.
Français, en guerriers magnanimes
Portez ou retenez vos coups !
Épargnez ces tristes victimes
À regret s'armant contre nous
Mais ces despotes sanguinaires
Mais ces complices de Bouillé
Tous ces tigres qui, sans pitié
Déchirent le sein de leur mère !
Nous entrerons dans la carrière
Quand nos aînés n'y seront plus
Nous y trouverons leur poussière
Et la trace de leurs vertus
Bien moins jaloux de leur survivre
Que de partager leur cercueil
Nous aurons le sublime orgueil
De les venger ou de les suivre !
Amour sacré de la Patrie
Conduis, soutiens nos bras vengeurs
Liberté, Liberté chérie
Combats avec tes défenseurs !
Sous nos drapeaux, que la victoire
Accoure à tes mâles accents
Que tes ennemis expirants
Voient ton triomphe et notre gloire !
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Voir les 4 commentaires sur cet article
Rapentat (25-04-2016 18:03:14)
Et pourquoi ne pas comprendre " le sang impur " à, contrario du soi-disant " sang bleu " de l'aristocratie ? Donc se serait le sang des patriotes qui abreuverait les sillons, pour défendre la Patrie... Lire la suite
boutté (25-04-2016 11:20:01)
C'est nôtre hymne . Dommage, car au plan musical le Chant du Départ est autrement plus enthousiasmant; pour les paroles itou . Je le dis d'autant plus volontiers que je ne suis pas attaché au régi... Lire la suite
Jean Haas (24-04-2016 22:14:11)
On entend aussi la Marseillaise dans un lied de Schumann, Les deux grenadiers.