Il n'aurait pas aimé cette platitude mais osons-la néanmoins : conduire Rimbaud au Panthéon, c'est mettre un fauve en cage. Rimbaud, c'est LA « liberté libre ». Il n'a que faire d'une cage... Et puis, lui comme Verlaine n'ont pas été que poètes ; ils ont été aussi des humains et pas de la meilleure espèce. Violences conjugales, alcoolisme, racisme, esclavage : avec eux, nous sommes servis.
Reprenons l'affaire au début : que lui vaut cet effroyable honneur ? Un voyage, mais pas un de ceux qu'il aimait tant. En 2019, à l'occasion d'une réédition de sa biographie de référence (note), un trio d'amateurs éclairés se rend sur sa tombe à Charleville-Mézières. Ils y découvrent, horreur ! qu'elle n'est guère entretenue. Ni une, ni deux, est aussitôt lancée une pétition (c'est la grande mode) pour réparer cet outrage en ouvrant grand les portes du Panthéon au petit poète. Et tant qu'à faire, autant que notre pauvre écrivain délaissé soit accompagné dans son dernier périple par son acolyte et amant, Paul Verlaine.