James Cook (1728 - 1779)

Capitaine au grand coeur

L'Anglais James Cook figure avec Louis-Antoine de Bougainville parmi les grands découvreurs des mers du Sud.

Après dix longues années d'un travail d'exploration admirable, il trouva une fin dramatique sur une île perdue en plein cœur du Pacifique, tué et mangé par des indigènes qui le considéraient encore, quelques heures auparavant, comme un demi-dieu.

Isabelle Grégor, docteur ès-lettres modernes.

James Cook (27 octobre 1728 Marton - 14 février 1779, Hawaï), par Nathaniel Dance-Holland (1776)

Un ancien mousse chef d'expédition

Né en 1728 dans le Yorkshire, ce fils d'ouvrier agricole avait su s'élever dans la hiérarchie de la Marine grâce à une obstination sans faille et un courage moral exemplaire que dissimulait une grande modestie.

Hydrographe de talent, il savait en toutes circonstances faire preuve d'une retenue (d'austérité, dirent certains) qui lui valut toujours la confiance et la fidélité de ses équipages. Il fut également un fin observateur des populations indigènes, toujours attentif à entretenir de bons rapports avec les « sauvages », même si certaines situations dangereuses le contraignirent à plusieurs reprises à employer la force.

À la poursuite de Vénus

Lorsque la Royal Society décide, en 1768, d'envoyer une expédition sur l'île du Roi George (Tahiti) pour y observer le passage de Vénus devant le soleil, Amirauté et savants tombent vite d'accord sur le nom de Cook pour en assurer le commandement.

Celui-ci s'entoure de plusieurs scientifiques dont deux naturalistes, Banks et Parkinson. Il quitte le port de Plymouth le 26 août 1768 à bord d'un modeste navire charbonnier, l'Endeavour, qu'il rendra mondialement célèbre.

Portrait de la princesse Poedua ; elle avait été retenue en otage par James Cook en attendant la restitution de deux marins déserteurs (John Webber, 1777, National maritime museum, Londres)L'équipe arrive juste à temps à Tahiti pour accomplir ses travaux d'astronomie avant de se lancer dans la partie officieuse du voyage : la recherche de l'introuvable continent austral.

La chance semble sourire aux explorateurs lorsqu'ils aperçoivent une terre immense et fertile qu'ils cartographient en détail. Mais ils finissent par en faire le tour.

À leur grand désappointement, il font ainsi la preuve que les contrées reconnues par Tasman et baptisées Nouvelle-Zélande ne sont nullement la partie avancée d'un continent mais seulement deux grandes îles.

Il était cependant temps de rentrer en Europe, non sans avoir exploré les côtes de la Nouvelle-Hollande (Australie) avec une escale mémorable à Botany Bay (Sydney), point de départ de la future colonisation anglaise.

Comment en effet ne pas sacrifier quelques jours pour observer kangourous, opossums et autres richesses naturelles qui feront la joie des savants européens ?

Les récits de voyage de Cook, textes et images

On dit que le père de Cook apprit à lire pour avoir la joie de découvrir lui-même les exploits de son fils.

S'il n'avait pas le talent d'écriture d'un Bougainville, le navigateur rencontra cependant un succès d'édition considérable grâce à la précision de ses descriptions.

Il faut également mentionner le travail des jeunes artistes qui accompagnèrent l'expédition : la vitalité ressortant des scènes croquées par Parkinson, la beauté des paysages peints par Hodges et la finesse des portraits de Webber ont en effet largement participé à la notoriété de ces voyages.

À la recherche d'un continent inexistant

Cette première expédition est donc un succès scientifique et humain, puisque les pertes en mer ont été minimes grâce aux précautions alimentaires prises contre le scorbut, le capitaine ayant pris soin de nourrir l'équipage avec force citrons.

Cependant le mystère du continent austral n'est pas totalement levé : et s'il était situé plus au Sud ?

Voici donc Cook reparti à la tête du Resolution et de l'Adventure mais cette fois en sens inverse : il s'agit de sillonner de long en large les latitudes les plus hautes possibles, c'est-à-dire de descendre le plus au Sud de l'océan Pacifique à partir du cap de Bonne-Espérance.

Pour cette mission à risque il peut encore compter sur l'appui de la société scientifique puisque l'équipe de savants qui l'accompagne dispose des tout premiers chronomètres de marine.

Pendant près de deux années, les tentatives pour franchir les murs de glace, aux portes de l'Antarctique, s'enchaînent entre deux escales sous des cieux plus cléments.

À Noël 1772 les navires s'approchent même du cercle polaire à une centaine de kilomètres du continent mais les conditions climatiques sont trop extrêmes pour s'entêter à chercher une terre qui de toutes façons ne serait pas habitable.

« Si j'ai échoué dans la découverte d'un continent, c'est tout simplement parce qu'il n'existe pas », conclut-il.

Omaï, a noble savage in London

Comme son compatriote Aotourou qui suivit Bougainville à Paris, le Tahitien Omaï choisit de venir avec Cook à Londres où il est présenté dès son arrivée à la famille royale.

Devenu vite le pôle d'attraction de la capitale, il enchante la bonne société et devient même le personnage principal de pièces à succès. Cook le rapatrie lui-même à Tahiti en 1777 et lui fait construire une maison à l'européenne dans laquelle il s'entoure des cadeaux offerts par les Londoniens. Il meurt deux ou trois ans après son retour, ne suscitant plus que haine ou indifférence de la part des insulaires.

Un dieu dévoré aux îles Sandwich (ou Hawaï)

Le retour à Plymouth, après trois ans de voyage, est triomphal. Cook est connu dans toute l'Europe, les marines étrangères ont reçu l'ordre non seulement de ne pas contrarier ses expéditions mais de lui porter assistance au besoin.

Les avancées dans le domaine géographique sont immenses, mais il reste une énigme qui intrigue encore la Royal Society : l'existence supposée du passage du Nord-Ouest, censé relier l'Atlantique au Pacifique par le Nord. On remet donc le Resolution en état et on lui adjoint un nouveau charbonnier, le Discovery.

Élevé au grade de capitaine de vaisseau (captain), Cook repart vers la Nouvelle-Zélande et Tahiti avant de se diriger vers un archipel inconnu qu'il baptise du nom du premier lord de l'Amirauté, Sandwich. Il y prépare son incursion vers le détroit de Béring où, bloqué par les glaces, il doit faire demi-tour.

Il se voit donc contraint de rejoindre sa base hawaïenne où, après de longs mois d'absence, il est fêté comme un dieu. Mais parce qu'il multiplie sans le savoir les atteintes aux tabous, il est finalement sacrifié lors d'un meurtre rituel, le 14 février 1779...

Les 3 voyages de Cook :

1er voyage (1768-1771) : observation du passage de Vénus à Tahiti, recherche du continent austral
2ème voyage (1772-1775) : recherche du continent austral, passage aux abords de l'Antarctique
3ème voyage (1776-1779) : recherche du passage du Nord-Ouest

L'aventure continue dans les étoiles

Les plus récentes entreprises d'exploration restent placées sous l'égide de Cook puisque les navettes spatiales Endeavour (1984) puis Discovery (1992) tirent leur nom des navires qui ont conduit le navigateur dans le Pacifique lors de son premier et troisième voyage. À noter également qu'une réplique de l'Endeavour a été construite par le Musée national maritime d'Australie.

Publié ou mis à jour le : 2021-08-30 23:50:53
Yves Petit (26-08-2021 20:41:31)

Très instructifs ces petites nouvelles. Cependant, le récit ne dit pas si la capitaine Cook a été mangé cru ou s'il a été "cooké"?

siska (23-02-2016 14:20:05)

Passionnant et instructif comme toujours. Admiration pour ces "capitaines courageux" qui ne disposaient pas, loin s'en faut, des matériels perfectionnés de nos actuels navigateurs. Merci pour cet ... Lire la suite

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