Le Conseil National de la Résistance (CNR), qui réunit des représentants de la Résistance, des partis de la France libre et des syndicats (CGT et CFTC), publie le 15 mars 1944 un programme d'action qui va devenir la référence commune à tous les partis et syndicats français jusqu'à l'avènement de la monnaie unique, au début du XXIe siècle. Intitulé « Les Jours heureux », ce texte court préconise un rôle accru de l'État et des syndicats dans la vie économique. Ce n'est pas pour autant un texte révolutionnaire. Il reprend les anciennes revendications de la gauche sociale, comme « une retraite permettant aux vieux travailleurs de finir dignement leurs jours ». Sur les colonies, il reprend les propositions du général de Gaulle dans son discours de Brazzaville du 30 janvier 1944. Et curieusement, il n'évoque pas le droit de vote des femmes qui sera pourtant adopté par l'assemblée d'Alger dix jours plus tard, le 25 mars 1944.
En avril 2020, pour faire face à l'arrivée du Covid-19, Emmanuel Macron a dû annoncer le confinement général de la population et, en guise de consolation, a promis le retour des « jours heureux » en référence au programme du CNR. Mais tandis que les résistants de 1944 se projetaient dans le futur sans aucune envie de retrouver la IIIe République, le président de la République regardait en arrière, vers un hypothétique Âge d'Or dont on peut penser que, né en 1977, il le situait dans les années 1980-1990, tant il est vrai que chacun de nous tend à idéaliser les années de sa jeunesse...
Vos réactions à cet article
Recommander cet article
Aucune réaction disponible