Le mot « intellectuels », indissociable de la culture politique française depuis le XIXe siècle, apparaît pour la première fois - de façon péjorative - sous la plume de l'écrivain Maurice Barrès, trois semaines après la publication de « J'Accuse » d'Émile Zola dans L'Aurore.
Dans Le Journal du 1er février 1898, dans une chronique intitulée « Le manifeste des intellectuels », le polémiste de la droite nationaliste s'en prend aux « pétitionnaires » qui ont fait irruption dans la vie publique en considérant qu’il était de leur devoir de prendre parti contre l'injustice faite à Dreyfus : « Rien n’est pire que ces bandes de demi-intellectuels (…) Tous ces aristocrates de la pensée tiennent à affirmer qu’ils ne pensent pas comme la vile foule (…). Ces prétendus intellectuels sont un déchet fatal dans l’effort tenté par la société pour créer une élite (…). Au résumé, les juifs et les protestants mis à part, la liste dite des intellectuels est faite d’une majorité de nigauds et puis d’étrangers et enfin de quelques bons Français comme Anatole France et comme certains jeunes socialistes que le régime parlementaire irrite et qui cherchent la plus courte voie révolutionnaire. »
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