Dans la nuit du 11 au 12 septembre 1919, le poète nationaliste italien Gabriele D'Annunzio (56 ans) fait une entrée triomphale à Fiume à la tête de 287 arditi (« hardis » en italien, un corps spécial de l’armée italienne) et de quelques centaines de carabinieri. Fiume (aujourd'hui Rijeka, en Croatie) est alors une ville yougoslave à majorité italonophone que les Alliés réunis en congrès à Paris ont refusé de rattacher à l'Italie en dépit des promesses faites secrètement à celle-ci en 1915 en contrepartie de son entrée dans la Grande Guerre.
« Mieux vaut vivre un jour comme un lion que cent ans comme un mouton, » clame le poète. Faute d'être soutenu par le gouvernement italien, il proclame l'indépendance de la ville et la dirige en dictateur quelque peu ubuesque. Seule l'URSS va reconnaître le nouvel État. En septembre 1920, à l'instigation de son entourage, d'Annunzio publie la charte du Carnaro, un énoncé de principes sociaux plutôt très progressistes (égalité des sexes, assurances sociales, retraite, etc.). Désireux de mettre un terme à ce désordre, l'Italie et la Yougoslavie en viennent à signer le traité de Rapallo quatorze mois plus tard, le 12 novembre 1920.
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