Le dictionnaire de l'Histoire

aérostat, avion, aviation

Le mot aérostat fut créé en 1783 à partir du grec statos (« qui se tient ») pour désigner les premiers engins plus légers que l'air : les montgolfières.

Le mot aviation, dérivé du latin avis, qui désigne un oiseau et du suffixe -tion (comme dans locomotion), fut quant à lui inventé par le journaliste Gabriel de La Landelle, en 1863, dans un compte-rendu des tentatives d'envol de la « barque ailée » de Jean-Marie Le Bris.

Le mot avion apparaît enfin en 1890 dans le brevet déposé par Clément Ader qui, le premier, réussit à voler sur un engin « plus lourd que l'air ». Mais jusqu'à la Grande Guerre, on ne parle encore que d'aéroplane ou d'aéronef.

En 1910, l'aviation commence à se développer de façon spectaculaire grâce aux frères Wright, ses véritables inventeurs.

C'est alors que le poète Guillaume Apollinaire sort de l'oubli l'ingénieur Clément Ader dans un poème intitulé L'Avion (voir ci-dessous). Le néologisme va dès lors conquérir la faveur du public, des militaires et des médias. Les mots avion et aviation se sont depuis lors imposés dans toutes les langues.

L'Avion (1910)

Français, qu’avez-vous fait d’Ader l’aérien ?
Il lui restait un mot, il n’en reste plus rien.

Quand il eut assemblé les membres de l’ascèse
Comme ils étaient sans nom dans la langue française
Ader devint poète et nomma l’avion.

Ô peuple de Paris, vous, Marseille et Lyon,
Vous tous, fleuves français, vous françaises montagnes,
Habitants des cités et vous, gens des campagnes,
L’instrument à voler se nomme l’avion.

Cette douce parole eût enchanté Villon,
Les poètes prochains la mettront dans leurs rimes.

Non, tes ailes, Ader, n’étaient pas anonymes.
Lorsque pour les nommer vint le grammairien
Forger un mot savant sans rien d’aérien,
Où le sourd hiatus, l’âne qui l’accompagne
Font ensemble un mot long comme un mot d’Allemagne.

Il fallait un murmure et la voie d’Ariel
Pour nommer l’instrument qui nous emporte au ciel.
La plainte de la brise, un oiseau dans l’espace
Et c’est un mot français qui dans nos bouches passe.

L’avion ! L’avion ! qu’il monte dans les airs,
Qu’il plane sur les monts, qu’il traverse les mers,
Qu’il aille regarder le soleil comme Icare
Et que plus loin encore un avion s’égare
Et trace dans l’éther un éternel sillon
Mais gardons-lui le nom suave d’avion
Car du magique mot les cinq lettres habiles
Eurent cette vertu d’ouvrir les ciels mobiles.

Français, qu’avez-vous fait d’Ader l’aérien ?
Il lui restait un mot, il n’en reste plus rien.

Guillaume Apollinaire

Voir : Et Clément Ader inventa l'avion...

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