Le réalisateur Philippe Lioret est connu pour Welcome (2011), une fiction sensible et réaliste sur le drame des migrants qui traversent la Manche. Rien d’étonnant donc à ce qu’il ait fait le pari d’adapter Roméo et Juliette ou plutôt West Side Story au contexte français contemporain. Il en est résulté le film 16 Ans, une tragédie qui illustre magnifiquement les tensions et aussi la chaleur humaine de nos banlieues.
Le film nous fait pénétrer dans un lycée public de l’Île-de-France, un lycée ordinaire avec des élèves plutôt studieux et des enseignants soucieux de bien faire. Voilà deux jeunes lycéens attirés l’un vers l’autre. Léo est un fils de bourgeois mal à l’aise dans son milieu et qui a choisi le public plutôt que le privé, contre le souhait de ses parents. Nora appartient à une famille modeste et laborieuse issue de l’immigration algérienne.
Pendant ce temps, Tarek, le frère de Nora, travaille dans l’hypermarché local. Plutôt consciencieux, il se voit accusé de vol par sa hiérarchie suite à la disparition d’une bouteille de vin de grand prix. Le voilà qui proteste et élève la voix. Il est de ce fait congédié sur le champ. Et son sang ne fait qu’un tour quand il découvre sa sœur cheminant avec Léo, le fils du directeur qui a validé son licenciement.
La suite, on vous la laisse découvrir. Mais tout, dans ce film, se tient et reste dans le champ de la vraisemblance, de l’ordre de la « docufiction », ce qui n’est évidemment pas le cas avec la pièce de Shakespeare.
Du malentendu initial, une suspicion de vol hélas très vraisemblable, découle une suite de dérapages jusqu’au drame final que personne n’a souhaité. Car il n’y a pas dans le film de bons et de méchants, de victimes et de bourreaux. Tous les personnages centraux sont bien intentionnés mais prisonniers d’un destin qui les oblige.
Rendons grâce au réalisateur pour cette actualisation du mythe de Roméo et Juliette. Avec 16 Ans, il nous apporte la preuve qu’il dépasse le cadre des grandes familles de Vérone et s’inscrit dans notre quotidien.
Last but not least, il nous a épargné le pathos et le risque d’une pesante démonstration autour du racisme, des discriminations, des inégalités et que sais-je encore ? 16 Ans reste simplement une histoire humaine et universelle comme le mythe qui l’a inspiré.
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