Préhistoire et haute Antiquité en cartes animées

Vincent raconte l'Égypte à l'aube de l'Histoire

Troisième épisode :

Égypte - Du néolithique à la période thinite (de 6000 à 2650 av. J.-C.)

On présente ici les débuts de l’Histoire de l’Égypte jusqu’à l’avènement de l’Ancien Empire. C’est le 3e épisode de notre série sur la haute Antiquité dans le monde.

Avec la Mésopotamie, l’Égypte constitue la 2e héritière du Croissant Fertile. Les contacts de proche en proche expliquent sans doute le développement synchrone de ces 2 civilisations.

Géographiquement, l’Égypte s’identifie à la basse vallée du Nil et à son delta, seules terres irriguées en plein désert. Au sud, le pays trouve une frontière naturelle au niveau de la 1ère cataracte : ces rapides atténuent les contacts avec la Nubie dont la vallée plus étroite est moins favorable à l’agriculture. Je précise que le lac visible sur la carte n’existait pas à l’époque antique.

La navigation sur le Nil, favorisée par l’invention de la voile vers 5000 av. J.-C., contribue peu à peu à unifier la langue égyptienne au nord de la cataracte. Il subsiste pourtant une différence culturelle entre le delta au nord qui correspond à la Basse Égypte, et la vallée au sud correspondant à la Haute Égypte.

Comme en Mésopotamie, la croissance démographique due à l’agriculture intensive entraîne l’apparition des premières cités-états vers 3800 avant notre ère. La mythologie gardera un souvenir de ces premiers âges : en effet, c’est Osiris qui enseigne l’agriculture et l’élevage aux hommes tandis qu’Isis leur enseigne le tissage et la fabrication du pain. Cette prospérité prend fin avec le démembrement d’Osiris par Seth, qui reflète sans doute la généralisation des guerres entre cités-états.

Vers 3500 av. J.-C., deux villes finissent par obtenir leur hégémonie sur les autres cités : Bouto en Basse Égypte, et Nagada en Haute Égypte. Le pays se structure ainsi plus ou moins en deux royaumes, qui marqueront durablement la région : Au sud, des conflits finissent par affaiblir la puissance de Nagada au profit de Hiérakonpolis, située plus en amont. Dans la mythologie, cette bascule est sans doute exprimée par la victoire d’Horus, fils d’Isis et d’Osiris, contre Seth. La ville de Thinis commence également à prendre de l’importance : c’est là que beaucoup de rois se font enterrer, en un endroit qui deviendra Abydos.

Telle est la situation en 3300 av. J.-C., date d’apparition de l’écriture. Celle-ci est sans doute créée à des fins magiques puisqu’elle permet au défunt d’accéder à l’immortalité en conservant une trace matérielle de son identité.

La situation bascule en 3150 av. J.-C. lorsque le roi Narmer de Haute Égypte se lance à la conquête de la Basse Égypte. Il parvient à s’en emparer et à unifier le pays, faisant de Thinis sa capitale.

De toute évidence, la conquête du delta ne se fait pas sans heurts : un certain roi Ménès, qui s’identifie peut-être à Narmer, fonde Memphis à la frontière de la Haute et Basse Égypte, pour mieux contrôler le delta.

À l’avenir, le pschent, union des couronnes de haute et de basse Égypte, gardera en mémoire l’existence des 2 royaumes originels. La situation finit par se stabiliser vers 3100 av. J.-C. et il s’ouvre pour l’Égypte une remarquable période de prospérité. Des expéditions militaires sont menées en Nubie, en Libye, et dans le Sinaï, pour repousser les menaces aux frontières. Le cuivre et la turquoise du Sinaï sont particulièrement convoités. D’autre part, des expéditions commerciales sont entreprises à destination du Liban, dont les forêts de cèdre font la richesse : l’Égypte doit en effet importer tout son bois de construction. En particulier, le port de Byblos devient un véritable comptoir égyptien.

Dès le règne de Ménès, un travail remarquable est fait pour pérenniser l’unité de l’Égypte : mise en place d’un véritable système d’écriture, qui sera utilisé pendant plusieurs millénaires, réformes fiscales, mise en place d’un calendrier, fusion de toutes les croyances locales au sein d’une religion riche et complexe, mise en place des conventions artistiques.

Avec l’augmentation du rayonnement de l’Égypte, les pharaons mènent des campagnes de plus en plus loin, jusqu’en Palestine.

Cet essor exceptionnel perdure jusqu’au règne de Sémerkhet, vers 2900 av. J.-C. À cette époque, les rivalités entre Basse et Haute Égypte réapparaissent. Une dynastie de Memphis revendique le contrôle sur le delta, et l’Égypte se retrouve coupée en 2. A Thinis, ces luttes finissent par provoquer un changement de dynastie, vers -2850. Le nouveau roi Hotepsekhemoui reprend les choses en main et parvient finalement à réunifier le pays. Cependant, la 2e dynastie semble avoir plus de mal à conserver son autorité sur toute l’Égypte. Le rôle croissant de Memphis par rapport à Thinis se manifeste dans la localisation des tombeaux des pharaons : peu à peu, Saqqarah tend à remplacer Abydos. L’Égypte poursuit un temps son rayonnement à l’extérieur, vers la Palestine, l’Arabie, ou la Nubie. Mais l’instabilité latente ne tarde pas à réapparaître au grand jour, et le pays replonge dans la guerre civile vers -2750.

Face à la progression des nordistes, les pharaons doivent même se replier plus au sud, à Hiérakonpolis. C’est là que le roi Khasekhemoui organise la riposte : au prix d’une guerre sanglante, il parvient peu à peu à regagner le contrôle sur tout le pays. Vers 2690 av. J.-C., l’Égypte est à nouveau unifiée, et le règne de Khasekhemoui s’achève dans la paix retrouvée. Ce pharaon ouvre ainsi la voie à la période la plus célèbre de l’Égypte, celle des pyramides.

C’est ce que vous verrons dans le prochain épisode qui traite de l’Ancien Empire égyptien.

Vincent Boqueho

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Publié ou mis à jour le : 2021-11-30 18:17:17

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