Netflix se dispose à diffuser une série documentaire sur les reines d'Égypte avec une actrice métisse dans le rôle de Cléopâtre, Christian-Georges Schwentzel, professeur d'histoire ancienne (Université de Lorraine), réagit à cette nouvelle liberté prise avec l'Histoire. Il s'interroge sur cette volonté d'appropriation de l'Égypte par les représentants des communautés afro-occidentales.
Ce courant de pensée émerge chez l'universitaire sénégalais Cheikh Anta Diop (1923-1986). Dans son ouvrage Nations nègres et culture (1955), le jeune intellectuel a accumulé les indices de ce que la population de l'Égypte pharaonique aurait été complètement « nègre ». Sa thèse repose sur une interprétation très libre des textes anciens et de l'iconographie, en contradiction avec les enseignements de la génétique moderne et de l'Histoire.
Cléopâtre, par exemple, est l'héritière de la dynastie gréco-macédonienne des Ptolémée ; il est hasardeux de la représenter sous les traits d'une métisse afro-britannique, fut-elle belle et talentueuse. Mais après tout, en 2021, les Britanniques ont aussi réalisé un biopic sur Ann Boleyn, maîtresse du roi Henry VIII et mère de la reine Elizabeth Ière, avec l'actrice noire d'origine jamaïcaine Jodie Turner-Smith dans le rôle-titre ! Alors, au diable la vraisemblance et le respect de la réalité. Vive le monde des réalités parallèles. À chacun d'inventer une Histoire à son goût et dispensons-nous de vilipender les conspirateurs et complotistes qui diffusent de prétendues fausses informations sur les réseaux virtuels...
En savoir plus avec The Conversation
Vos réactions à cet article
Recommander cet article
Aucune réaction disponible