Gamal Abd el-Nasser (1918 - 1970)

Un héros pour l'Égypte

Né dans la famille d'un modeste fonctionnaire égyptien, Gamal Abd el-Nasser est le premier dirigeant issu du peuple qu'ait eu l'Égypte depuis... plus de deux mille ans.

Ayant renversé le roi Farouk Ier et dirigé le pays en maître absolu, il a joui jusqu'à sa mort d'une immense popularité dans son pays comme dans le monde arabe.

Mais ses échecs ont conduit le pays au désastre. Ils ont consacré la faillite du panarabisme laïc et ouvert un boulevard aux idéologies islamistes promues par les Séoudiens...

Gamal Abdel Nasser a Mansoura, en 1960 (15 janvier 1918 - 28 septembre 1970)

La conquête du pouvoir

Jeune colonel, Nasser est indigné par la corruption du gouvernement monarchique et son allégeance aux Britanniques. Il fonde le mouvement progressiste des « Officiers libres » et  renverse le roi Farouk Ier dans la nuit du 22 au 23 juillet 1952.  

Comme il est encore trop jeune et trop peu connu pour apparaître à l'avant-scène, il confie au général Mohamed Naguib (41 ans), un aîné plus connu et plus prestigieux que lui, la présidence du Conseil de la Révolution (les Officiers libres) et le commandement en chef des armées.

Nasser et l'ambassadeur britannique Ralph Stevenson, 20 octobre 1954 (DR)Après quelques mois, la République est proclamée, Naguib en devient le président et bientôt aussi le Premier ministre. Attaché à la démocratie parlementaire, il se montre incapable de faire le tri entre les factions qui se disputent le pouvoir.

Dans son ombre, Nasser entreprend une grande réforme agraire et négocie le départ des Anglais. Il n'a aussi de cesse de combattre son aîné. Fort de la popularité que lui a valu un accord sur le départ des troupes britanniques, il évince finalement Naguib le 14 novembre 1954.  

Il prend le titre de « raïs » (président ou chef, d'après un mot arabe qui désignait autrefois un dignitaire ottoman) et installe une dictature de salut public selon ses vues, avec un parti unique, des militaires à tous les rouages de l'État et une police politique redoutable.

Le champion des opprimés

Le nouveau chef de l'Égypte s'attire très vite une immense popularité parmi ses concitoyens les plus humbles. Musulman à la piété discrète, il tient la religion en lisière et jamais n'invoque l'islam.

Il est accueilli en leader du monde arabe à la conférence des non-alignés de Bandoeng et offre une base arrière aux chefs du FLN en lutte pour l'indépendance de l'Algérie

Comprenant que son aura est liée au poids économique de son pays, il projette la construction d'un grand barrage à Assouan, en vue d'étendre l'irrigation et produire de l'électricité. 

Mais les États-Unis dédaignent de l'aider. Décontenancé, le raïs a l'idée de financer son barrage avec les redevances du canal de Suez et décide de le nationaliser

Britanniques et Français prennent la mouche. Ils encouragent Israël à attaquer l'Égypte le 29 octobre 1956. Eux-mêmes larguent des parachutistes sur le canal une semaine plus tard. Mais sur injonction de leur allié américain, pourtant à l'origine du drame, ils se replient piteusement et transforment de ce fait la défaite militaire de Nasser en éclatante victoire politique.

Le raïs se rapproche des Soviétiques en dépit de son aversion pour le communisme, impose un parti unique, l'Union socialiste arabe, et traque les Frères musulmans jusqu'à faire pendre leur chef.

Échecs de la renaissance arabe

Nasser, premier leader égyptien issu du peuple, juge dès lors que la vallée du Nil n'est pas à la hauteur de ses ambitions. Il veut dès lors incarner la renaissance du nationalisme arabe. C'est ainsi que le 1er février 1958, l'Égypte et la Syrie annoncent leur fusion au sein d'une République Arabe Unie (RAU). Mais elle ne dure guère. Dès octobre 1961, les Syriens, exacerbés par l'arrogance de leurs partenaires, dissolvent la fédération.

Pour ne rien arranger, le raïs envoie des troupes au Yémen, où se déroule une guerre civile. Elles vont s'y enliser en combattant les troupes du roi Fayçal d'Arabie. En 1967, nouvel échec avec la guerre des Six Jours entre Israël et ses voisins, qui débouche sur une victoire écrasante d'Israël.

Le raïs meurt d'une crise cardiaque dans la nuit du 28 septembre 1970, à 52 ans. Sa disparition soulève une émotion considérable en Égypte et dans l'ensemble du monde arabe. Cinq millions de personnes accompagnent sa dépouille vers sa dernière demeure...

Publié ou mis à jour le : 2020-10-13 09:33:47

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