Pierre Ier le Grand (1672 - 1725)

Un géant visionnaire

D'une taille hors du commun (2,04 mètres) et d'une énergie à toute épreuve, Pierre le Grand est le quatrième souverain de la dynastie des Romanov et sans doute le plus grand (dans tous les sens du terme).

Sans ménagement, avec brutalité et à coup d'oukazes (décrets), il tente de faire entrer son pays dans la modernité et de le raccrocher à l'Occident européen...

Pierre 1er (Jean-Marc Nattier, 1717, Saint-Pétersbourg, musée de l’Ermitage)

Une succession trouble

Le 7 mai 1682 meurt le tsar Fédor III (ou Théodore III), fils d'Alexis Ier et petit-fils de Michel Romanov, le fondateur de la dynastie.

Le frère cadet de Fédor est proclamé tsar de Moscovie sous le nom d'Ivan V. Mais comme il est simple d'esprit, aveugle et muet, il partage le trône avec son demi-frère Pierre (10 ans), né de Natalia Narychkina.

Abandonné à lui-même, le jeune Pierre grandit à l'écart, sous la houlette d'un précepteur allemand. Il fréquente assidûment les étrangers qui résident à Moscou et s'initie auprès d'eux aux sciences et aux techniques modernes. Enfin, à la mort d'Ivan V, en janvier 1696, Pierre 1er peut se présenter comme le seul maître de toutes les Russies. Il a 24 ans.

Le grand large

Sans attendre, en juillet 1696, Pierre enlève aux Turcs ottomans la cidadelle d'Azov, avec l'aide de techniciens européens. Ainsi donne-t-il aux Russes un accès à la mer Noire. C'est une première fenêtre sur l'Occident.

Après ce premier succès, le tsar désire compléter sa formation. Il part incognito en mars 1697 pour une « Grande Ambassade » de 18 mois et se rend aux Provinces-Unies, à Venise et en Angleterre. Il apprend le métier de charpentier naval à Amsterdam et recrute 500 marins hollandais.

Obligé d'interrompre son périple et de revenir à Moscou en raison d'une révolte militaire, Pierre réprime celle-ci sans concession et enferme sa femme complice dans un couvent.

Par un oukaze, il ordonne aux courtisans de se raser la barbe comme lui et de se vêtir à l'occidentale et non plus à la façon byzantine ou tartare. Puis il légalise l'usage du tabac et impose le calendrier occidental.

La Russie devient une puissance européenne

En 1699, le souverain déclenche une guerre contre la Suède, qui domine la mer Baltique, en s'alliant avec le Danemark et la Pologne.

Prématurée, cette « deuxième guerre du Nord » se solde par une sévère défaite à Narva, le 30 novembre 1700, face aux Suédois de Charles XII.

Pierre Ier ne se décourage pas... Profitant d'un répit sur le front extérieur, il déporte sa capitale à l'embouchure de la Neva, sur la mer Baltique, au plus près de l'Occident tant admiré. Ce sera Saint-Pétersbourg.

Dans le même temps, il instaure la conscription en astreignant un paysan sur 75 à servir dans l'armée pendant 25 ans ! C'est ainsi que le 8 juillet 1709, il peut enfin prendre une revanche sur Charles XII en le défaisant à Poltava, en Ukraine.

Cette victoire marque un tournant dans l'histoire européenne avec la fin de la suprématie militaire sudéoise et l'émergence de la Russie comme grande puissance...  Mais elle est payée au prix fort par les paysans russes car Pierre 1er pratique devant son adversaire la tactique de la « terre brûlée », comme après lui Alexandre 1er face à Napoléon et Staline face à Hitler.

Une brute inflexible

En 1717, Pierre 1er effectue un voyage semi-officiel en Occident, y compris cette fois en France. Ses extravagances font les délices du duc de Saint-Simon qui les racontera dans ses Mémoires.

Inspiré par ses voyages et ses contacts avec les Occidentaux, le tsar se montre aussi actif en politique intérieure qu'à la guerre. En 1708, il centralise l'administration en créant douze gouvernements  provinciaux. En 1711, il remplace l'ancien conseil des boyards par un sénat de neuf membres nommés par le tsar, chargé d'élaborer les lois ainsi que  de gouverner en son absence. Au-dessous du sénat sont mis en place des ministères ou collèges.

Tous les fonctionnaires sont d'office anoblis et les nobles astreints au service de l'État en échange de privilèges accrus. En 1722, le tsar promulgue la Table des rangs, qui met en forme les obligations des nobles selon une hiérarchie très codifiée.

Mais ses réformes autoritaires et quelque peu brouillonnes obtiennent un succès très relatif tant elles sont pétries de contradictions. Qui plus est, elles dressent contre le tsar un large front d'opposants, des religieux aux streltsi. Vingt ans après la répudiation de sa première épouse Eudoxie, le tsar s'en prend à leur fils Alexis. Reconnu coupable d'animer le clan conservateur, il est déchu de ses droits et emprisonné dans la forteresse Pierre-et-Paul où il meurt le 7 juillet 1718, à 28 ans, peut-être suite à des tortures ordonnées.

À sa mort, le 8 février 1725, c'est sa veuve qui lui succède sous le nom de Catherine 1ère. Paysanne polonaise née en Livonie (Lettonie) en 1684, elle a été la maîtresse de soldats et de nobles russes avant de devenir celle du tsar qui l'a épousée en secret en 1707 !...


Publié ou mis à jour le : 2019-07-19 21:40:55
Rémy (10-01-2012 19:29:32)

Pierre le Grand fait l'objet, tant en Russie qu'à l'étranger, et notamment en France, d'une immense vénération. Je ne la partage pas. Pour occidentaliser un pays culturellement marqué du sceau de... Lire la suite

Respectez l'orthographe et la bienséance. Les commentaires sont affichés après validation mais n'engagent que leurs auteurs.

Actualités de l'Histoire
Revue de presse et anniversaires

Histoire & multimédia
vidéos, podcasts, animations

Galerie d'images
un régal pour les yeux

Rétrospectives
2005, 2008, 2011, 2015...

L'Antiquité classique
en 36 cartes animées

Frise des personnages
Une exclusivité Herodote.net