Tamerlan et la renaissance timouride
Dans cette vidéo, on s’intéresse à l’épopée du Turco-Mongol Tamerlan et à la renaissance timouride qui va en découler.
Pour ça, on va démarrer en 1271 : c’est l’année où l’empereur mongol Kubilai Khan devient empereur de Chine, ce qui accélère la perte de son autorité sur le reste de l’empire mongol. Celui-ci éclate en 4 parties : outre l’empire sino-mongol de la dynastie Yuan, on trouve la Horde d’Or centrée sur le nord de la Caspienne, l’Ilkhanat centré sur l’Iran et l’Irak, et le khanat de Djaghataï en Asie Centrale.
L’Histoire de la Horde d’Or est marquée par des conflits répétés avec les Génois installés en Crimée et par des raids réguliers vers les principautés russes. Son khan Özbeg se convertit à l’islam au début du XIVe siècle, mais sans complètement remplacer les religions préexistantes telles que le christianisme et l’ancien animisme mongol.
L’Histoire de l’Ilkhanat est plus éphémère : après de vaines tentatives de conquérir la Syrie aux dépens du sultanat des Mamelouks, il finit par imploser en 1335 sous l’effet de nombreuses poussées féodales qui forment de petits états mongols ou persans. Le khanat de Djaghatai se divise en deux au même moment sur fond de rivalités religieuses : à l’est le Mogholistan adopte le bouddhisme tandis qu’au sud-ouest, le khanat de Transoxiane adopte l’islam.
C’est dans ce dernier que naît Timur en 1336, qui sera surnommé Timur Lang signifiant Timur le Boîteux, ce qui donnera le nom de Tamerlan. Bien qu’il ait une ascendance mongole, sa langue maternelle est la langue turque locale apparentée au futur ouzbek.
En 1360, l’invasion de la Transoxiane par le Mogholistan finit par provoquer la rébellion de Tamerlan et de son beau-frère Husayn. Ils remportent tous deux une victoire contre l’armée du Mogholistan, puis Tamerlan retourne ses armes contre son beau-frère. En 1370, il se fait proclamer émir de Transoxiane et installe sa capitale à Samarcande.
Il entame une guerre contre la Horde d’Or qui est alors accaparée par l’expansion de la Lituanie, et soumet le Khwarezm en 1379. Puis il s’attaque aux petits états issus de la décomposition de l’Ilkhanat : il s’empare successivement d’Herat, Kandahar, Asterabad, puis de Tabriz en 1386. Il n’hésite pas à massacrer la population de toutes les villes qui lui résistent, se forgeant une réputation effroyable. Il pénètre ensuite en Géorgie, s’empare de Kars et de Tbilissi, repousse une tentative d’invasion de la Horde d’Or, puis s’empare d’Erzurum et de Van en pays arménien. Il se tourne ensuite vers Ispahan dont il extermine la population, puis s’empare de Chiraz et de Bagdad en 1393.
Ses conquêtes sont interrompues par une nouvelle attaque de la Horde d’Or. Tamerlan finit par lui porter un coup décisif en 1395, ce qui favorisera le renouveau de la Russie au siècle suivant. Trois ans plus tard, il s’attaque au sultanat de Delhi dans le nord de l’Inde qu’il ravage jusqu’à la capitale. Son but est avant tout d’en ramener un immense butin et pas de contrôler le pays. Il procède de même en Syrie qu’il ravage en 1400 aux dépens des Mamelouks, puis envahit l’Anatolie en 1402 où il parvient à capturer le sultan ottoman Bayezid. Cette victoire aura pour effet de donner un sursis de 50 ans à l’empire byzantin qui s’identifie alors à la ville de Constantinople.
Tamerlan meurt de maladie au début de l’année 1405. Ses 35 années au pouvoir auront provoqué plus de 10 millions de morts et d’innombrables destructions, mais la déportation de nombreux artisans à Samarcande aura au moins eu pour effet d’embellir considérablement cette ville.
Après sa mort, l’empire de Tamerlan sombre dans les luttes entre ses différents héritiers. Dès 1410, l’Azerbaïdjan et l’Irak tombent sous l’autorité de Turcomans centrés sur Tabriz, les Kara Koyunlu. L’empire timouride est finalement repris en main par le fils de Tamerlan Chahrok qui installe sa capitale à Hérat. Avec son fils Ulugh Beg, il favorise un brillant renouveau dans les domaines artistique, culturel et scientifique qui va se prolonger pendant tout le XVe siècle. C’est ce qu’on appelle la Renaissance timouride.
A partir de 1447, les Qara Koyunlu reprennent leur expansion aux dépens des Timourides. Puis en 1469, ils sont remplacés par d’autres Turcomans venus du sud de l’Anatolie, les Aq Koyunlu. Cette même année, l’avènement de Husayn Bayqara à Hérat marque la dernière phase du renouveau timouride marquée par le développement de la poésie.
La situation va se maintenir jusqu’au début du XVIe siècle qui marquera l’ascension des Séfévides aux dépens des Aq Qoyunlu, et des Chaybanides aux dépens des Timourides : c’est ce qu’on verra dans une autre série. En attendant, on va terminer notre tour d’horizon de cette époque en allant voir les grandes civilisations précolombiennes en Amérique, en commençant par les Mayas et en terminant par les Incas.
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