Félix Tournachon, dit Nadar, a révolutionné l’histoire de la photographie en élevant la pratique du portrait au rang d’art.
Il n’a pourtant consacré qu’une courte partie de sa vie à ce médium. Curieux de tout, l’entrepreneur a mené une carrière des plus polyvalentes : romancier, patron de presse, journaliste, caricaturiste, photographe, chef d’entreprise mais aussi homme de science et aérostier.
Son pseudonyme, repris par son frère Adrien et son fils Paul, est associé à son atelier photographique, l’un des plus célèbres du XIXème siècle.
La bohème de Nadar
Le jeune Félix intègre à Paris la bohème étudiante du Quartier Latin. Ses amis Gérard de Nerval, Charles Baudelaire ou encore Théodore Bainville le surnomment « Tournadar ». Pour abréger, dès 1838, ce sera « Nadar ».
Nadar dessine des caricatures et écrit des romans. À 19 ans, il fonde une revue, Le Livre d’or, mais l’aventure s’arrête dès le troisième numéro.
Nadar reprend du service en tant que caricaturiste et publie des nouvelles et billets fantaisistes. Baudelaire décèle chez lui « la plus étonnante expression de vitalité ». Son premier succès arrive à la veille de la révolution de 1848 lorsqu'il publie l'une des premières bandes dessinées française dans La Revue comique à l'usage des gens sérieux, un journal de satire politique fondé par Pierre-Jules Hetzel qui s'en prend à Louis-Napoléon Bonaparte et concurrence le Charivari de Philippon.
Nadar met en pause sa carrière et rejoint le régiment franco-polonais avec son frère Adrien pour « délivrer la Pologne ». Le 30 mars, ils quittent Paris et entament une marche vers la Pologne. Fait prisonnier en Saxe, il est rapidement libéré et rejoint Paris pour reprendre sa carrière de caricaturiste et en commencer une nouvelle : photographe.
Les premières pellicules
Dans les années 1850, Nadar se lance le défi d'éditer des lithographies de caricatures de personnalités.. La plus connue, le Panthéon Nadar, paraît en 1854 et rencontre un succès immédiat en librairie et chez les marchands d'images. La fresque réunit 249 hommes de lettres de son temps. Parmi les plus en vue : Hugo, Balzac, Dumas, Lamartine ou encore Baudelaire.
En 1854, alors que la photographie n’a que quinze ans d’existence, Nadar s’en empare de manière frénétique et inlassable.
Toutes les personnalités en vue viennent se faire photographier dans son atelier : hommes politiques (Guizot, Proudhon), acteurs (Sarah Bernhardt), peintres (Corot, Delacroix, Millet), écrivains (Dumas, Hugo, Baudelaire, Nerval, Sand, Gautier) ou encore musiciens (Liszt, Rossini, Offenbach, Berlioz).
À la fin des années 1850, Nadar se passionne pour la navigation en ballon et prend les tout premiers clichés aériens.
En 1863, un atterrissage très brutal le laisse gravement blessé. Son épouse Ernestine, qui l’accompagnait, restera hémiplégique. C’est la fin d’une aventure mais sa passion pour l’aéronautique l’amène à créer la Compagnie d’aérostiers. C’est à bord de l’un de ses ballons que Gambetta quittera Paris en 1870.
Mais la Commune marque la fin de son activité et Nadar se retrouve sans le sou dans les années 1870. Il tente de se refaire à Marseille. La ville est fière de le compter parmi ses habitants et le « doyen des photographes français » se lie d’amitié avec Frédéric Mistral.
En 1900, au crépuscule de sa vie, Nadar est célébré à l’Exposition universelle de Paris à travers une rétrospective de son œuvre organisée par son fils, qui va prolonger la marque Nadar...
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Pierre Nalin (25-09-2024 15:05:53)
Nadar fut pas un entrepreneur aussi dynamique qu'innovant, mais c'est sans grande importance : il y en eut d'autres. Il fut surtout un très grand photographe qui donna à ses portraits une intensité... Lire la suite