Étonnant destin que celui d'Édouard VIII, plus connu aujourd'hui sous le nom de duc de Windsor. De son arrière-grand-mère Victoria à sa nièce Elizabeth II, en passant par son grand-père Édouard VII, son père George V, lui-même et son frère George VI, il aura connu pas moins de six souverains anglais.
Fils aîné de George V, il connaît comme ses autres frères une éducation rigide et sans guère d'affection puis il s'engage dans l'armée pendant la Grande Guerre, mais on ne lui permet pas d'aller sur le front.
Comme il signale à Lord Kitchener que sa mort éventuelle serait sans conséquence du fait de quatre frères susceptibles de le remplacer, le ministre de la Guerre lui répond que ce n'est pas sa mort qui l'inquiète mais le risque qu'il soit capturé...
Beau et charmant, le prince de Galles fait rêver les jeunes filles. Mais lui-même, en réaction à son éducation, est rebuté par le milieu de la Cour et dédaigne les jeunes aristocrates qui lui sont présentées. Il leur préfère des fréquentations moins convenues, y compris des femmes mariées ou divorcées comme Lady Furness.
En 1931, il rencontre Mrs Wallis Simpson, une Américaine deux fois mariée à la réputation sulfureuse. Elle a eu entre autres amants le gendre de Mussolini, Ciano, et ne cache pas sa sympathie pour les nazis.
En 1935, Édouard veut s'ouvrir de son intention d'épouser Wallis mais la maladie de son père l'en dissuade. Et quand il monte sur le trône, le 20 janvier 1936, dans une période de grande tension internationale, il sait qu'il lui sera difficile de concilier son amour et les devoirs de sa charge, devoirs auxquels d'ailleurs il n'a aucune intention de se plier.
Le Premier ministre Stanley Baldwin obtient son abdication le 10 décembre 1936. Le lendemain, redevenu simple Altesse royale, Édouard lit à la radio un émouvant message :
« You all know the reasons which have impelled me to renounce the throne. But I want you to understand that in making up my mind I did not forget the country or the empire, which, as Prince of Wales and lately as King, I have for twenty-five years tried to serve.
But you must believe me when I tell you that I have found it impossible to carry the heavy burden of responsibility and to discharge my duties as King as I would wish to do without the help and support of the woman I love.
And I want you to know that the decision I have made has been mine and mine alone. This was a thing I had to judge entirely for myself . The other person most nearly concerned has tried up to the last to persuade me to take a different course. »
« Vous connaissez tous les raisons qui m'obligent à renoncer au trône. Comprenez qu'en agissant ainsi, je n'oublie pas mon pays et l'Empire, que j'ai servi de mon mieux pendant 25 ans comme Prince de Galles et Roi.
Mais vous devez me croire quand je vous dis que j'ai trouvé impossible de supporter le lourd fardeau de ma responsabilité et mes fonctions royales comme je l'aurais souhaité sans l'aide et le soutien de la femme que j'aime.
Et sachez bien que la décision que j'ai prise revient à moi et moi seul. J'en ai jugé entièrement par moi-même. L'autre personne concernée au plus près a essayé jusqu'au bout de me persuader de faire un choix différent. »
L'ex-roi a composé ce message d'adieu avec l'aide de son ami indéfectible, Winston Churchill. Celui-ci perd dans l'affaire le crédit qu'il avait péniblement regagné dans les mois précédents par ses diatribes prophétiques contre Hitler.
Les souverains anglais
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