1er avril 2018

Pâque(s) au service de la paix

Cette année, les juifs et les chrétiens de toutes les confessions célèbrent Pessah et Pâques à peu près au même moment, par une heureuse coïncidence des calendriers liturgiques.

Jusqu'ici, les dates de ces fêtes majeures des religions juive et chrétiennes changeaient d'une année sur l'autre selon des règles obscures. Cette curiosité chargée de menus inconvénients pourrait bientôt prendre fin grâce au travail prometteur d'une commission oecuménique...

La Pâque juive (au singulier) célèbre la fuite d'Égypte et la sortie de l'esclavage. Le mot vient de l'hébreu Pessah qui signifie « passage ». Pour les chrétiens de toutes confessions, Pâques (au pluriel) commémore la résurrection du Christ, autrement dit l'événement fondateur du christianisme. Cette résurrection serait advenue le jour même de la Pâque juive.

Depuis le concile de Nicée (325), les chrétiens célèbrent Pâques le dimanche après la pleine lune qui suit l'équinoxe de printemps ! Mais les orthodoxes n'ayant pas adopté le calendrier grégorien, leur Pâques est souvent décalée de quelques jours par rapport à celle des catholiques et des protestants.

Quant à la Pâque juive, elle survient de façon encore plus mystérieuse, selon un calendrier mi-lunaire mi-solaire... En cette année 2018, protestants et catholiques célèbrent Pâques le dimanche 1er avril et les orthodoxes le dimanche 8 avril. Les juifs ont commencé à célébrer Pessah le vendredi 30 mars, au coucher du soleil, et les festivités prendront fin le samedi 7 avril au soir.

Tout cela étant inutilement compliqué, les autorités chrétiennes et juives envisagent de coordonner leur calendrier de Pâque(s) afin que cette fête majeure ne divague plus en fonction des cycles lunaires et tombe le même jour chaque année et dans chaque confession.

Pour les promoteurs de la réforme, fêter Pâque(s) le même jour aiderait les fidèles de toutes les confessions à mieux se comprendre et, par-delà leur altérité, à partager leur besoin commun de spiritualité et de sens. D'un point de vue plus prosaïque, il deviendrait possible de faire coïncider Pâques et Pessah avec les vacances scolaires de printemps !

Une commission mixte (catholiques, protestants, orthodoxes et juifs) a été constituée à cet effet par le pape Benoît XVI en janvier 2013, un mois avant sa renonciation. Elle compte cinq théologiens catholiques dont deux représentants de la Congrégation de la Foi, un prêtre de l'archevêché de Chicago, un jésuite espagnol et un moine de Jérusalem connu pour ses exégèses.

Notons l'absence de Français, ce qui explique le mutisme des médias hexagonaux, y compris du quotidien La Croix, sur cette réforme emblématique. Les confessions réformées et évangéliques ont trois représentants (Allemagne, États-Unis, Congo). Les orthodoxes ont quatre représentants, un Phanariote (Istamboul), un moine du mont Athos, un envoyé du patriarche de Moscou et un autre de Kiev. Les juifs ont trois représentants mais restent muets sur leur identité et leur origine pour ne pas attiser la zizanie au sein de leur communauté.

Ces théologiens se sont déjà réunis à une douzaine de reprises, en secret, sous les auspices de la communauté de Sant'Egidio, à Rome. Une première information a filtré dans les colonnes de L'Osservatore romano le 21 mars 2018. Elle indique que « la Commission œcuménique pascale rendra ses conclusions sitôt qu'un consensus aura été trouvé entre ses membres ».

Sauf incident ou contestation de source extérieure, ce consensus serait imminent et le journaliste du quotidien pontifical laisse entendre que le rapport pourrait être présenté au pape François et aux autres autorités religieuses le 15 août prochain, à la faveur d'une rencontre œcuménique.

En attendant, dans la communauté de Sant'Egidio, certains esprits plus œcuméniques que d'autres plaident pour associer l'islam à la démarche. Avec l'accord du pape François, en décembre 2016, ils ont déjà invité des observateurs musulmans de l'université du Caire Al-Azhar et de la grande mosquée de Rome à suivre les travaux de la commission et pourquoi pas ? s'y associer.

Il s'agirait que le Mouloud (naissance du prophète Mahomet) soit célébré le même jour que Pâque(s). Problème : du fait d'un calendrier lunaire, cette fête est mobile par rapport à notre calendrier solaire (elle tombe cette année le 20 novembre). Il ne faut donc pas trop se faire d’illusion : même avec la meilleure volonté du monde, il sera difficile de réunir tous les fidèles des religions monothéistes autour d’une prière commune, si ce n’est peut-être une fois tous les deux ou trois siècles, quand coïncident Mouloud et Pâque(s) !

André Larané

PS : ne nous emballons pas trop vite toutefois ; la date de publication de cet article devrait nous ramener à de plus communes réalités.

Publié ou mis à jour le : 2018-11-27 10:50:14

Voir les 12 commentaires sur cet article

Anonyme (14-04-2018 06:49:41)

Israël commémore un point de l'histoire de son peuple : la sortie d'esclavage égyptien. Les Chrétiens célèbrent un fait religieux créateur : la Résurrection du Christ-Dieu . Le seul lien est q... Lire la suite

Thomas (08-04-2018 23:25:49)

Vacances de Pâques en France ou plutôt de printemps six semaines avant ou après les autres, Noël ou ete. En Belgique à l'autre bout du monde, les vacances scolaires de Pâques sont toujours à PÃ... Lire la suite

mdessurô (05-04-2018 01:23:50)

Je regarde la date de publication et je me demande si ce n'est pas un poisson d'avril...

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