Mme de La Fayette

Introduction à La Princesse de Clèves

La Princesse de Clèves est un roman aux belles sonorités musicales sur un sujet toujours d’actualité : les conflits entre l’amour, le devoir et le mariage. C’est aussi le premier roman qui mêle des personnages ayant existé et des personnages imaginaires.

Rien de plus naturel que d'inscrire cette oeuvre au programme des lycées. La vidéo ci-après offre aux lycéens et à leurs enseignants les clés pour aborder le roman avec aisance, le replacer dans son époque et en saisir la trame...

Amours, intrigues et guerres, hier et aujourd'hui

La Princesse de Clèves a été publié sans nom d'auteur par madame de La Fayette en 1678, sous le règne de Louis XIV à son apogée (traité de Nimègue). L'intrigue reflète avec pudeur ses émois de jeunesse et sa relation amoureuse avec le duc de La Rochefoucauld, l'auteur des Maximes, mais se situe 120 ans plus tôt, en 1558 et 1559, soit il y a près de 500 ans.

Nous sommes en pleine Renaissance. Copernic vient de prouver que la Terre n’est pas au centre de l’univers comme on le croyait mais tourne autour du Soleil. Les Espagnols conquièrent le Mexique et le Pérou. Les Portugais s’installent aux Indes. Les Européens découvrent le tabac mais aussi l’or et l’argent du Nouveau Monde. Luther et Calvin se scandalisent de l’excès de luxe et établissent le protestantisme, une nouvelle religion en rupture avec le catholicisme.

Le roi de France est Henri II, qui a succédé à son père François Ier. À 40 ans, il a déjà eu dix enfants de sa femme Catherine de Médicis mais son amour va tout entier à sa maîtresse Diane de Poitiers, duchesse de Valentinois, de vingt ans plus âgée que lui. Madame de La Fayette s’en étonne : « La duchesse de Valentinois était de toutes les parties de plaisir, et le roi avait pour elle la même vivacité et les mêmes soins que dans les commencements de sa passion. Madame de Clèves, qui était dans cet âge où l'on ne croit pas qu'une femme puisse être aimée quand elle a passé vingt-cinq ans, regardait avec un extrême étonnement l'attachement que le roi avait pour cette duchesse, qui était grand-mère, et qui venait de marier sa petite-fille ».

Notre romancière décrit très joliment la cour du roi : « La magnificence et la galanterie n'ont jamais paru en France avec tant d'éclat que dans les dernières années du règne de Henri second. Ce prince était galant, bien fait et amoureux… » La cour se déplace de fête en fête, entre Paris et les châteaux de la Loire, dont Chambord. « Jamais cour n'a eu tant de belles personnes et d'hommes admirablement bien faits ; et il semblait que la nature eût pris plaisir à placer ce qu'elle donne de plus beau, dans les plus grandes princesses et dans les plus grands princes », souligne madame de La Fayette.

Nous croisons au fil du roman la jeune reine d’Écosse Marie Stuart, mariée à l’héritier du trône, le dauphin François, et à ce titre appelée « madame la dauphine ». Elle aura un destin tourmenté et finira décapitée mais en attendant, elle fait tourner la tête à beaucoup de jeunes nobles.

Les intrigues et la guerre sont omniprésentes… Le vieux connétable Anne de Montmorency s’est fait capturer à Saint-Quentin par les Espagnols que commande le fougueux duc de Savoie Emmanuel-Philibert. Pour faire libérer son chef des armées, le roi se dispose à donner en mariage au duc sa sœur Marguerite de Valois, qui ne demande pas mieux ! Par la même occasion, il prévoit de marier sa fille aînée Élisabeth avec le roi d’Espagne Philippe II.

Henri II ne sait pas encore que ce double mariage lui sera fatal. Pendant les festivités, le 10 juillet 1559, il sera horriblement blessé d’un éclat de lance dans l’œil. Le jeune François II lui succèdera sur le trône avec à ses côtés Marie Stuart. Vingt ans l’un et l’autre.

Dans ce monde tourbillonnant, le roman met en scène une jeune femme parée de tous les dons, mademoiselle de Chartres. Elle  est interprétée par Marina Vlady dans le film qui a été tiré du roman par Jean Delannoy en 1961.

Mademoiselle de Chartres repousse plusieurs prétendants tel le chevalier de Guise dont la famille s’illustrera plus tard dans les guerres de religion entre catholiques et protestants. Finalement, elle se marie par convenance mais sans amour au prince de Clèves, tombé follement amoureux d'elle (Jean Marais dans le film de 1961).

Elle se serait accommodée de cette situation si la passion n'était brusquement entrée dans son cœur avec la rencontre d'un homme plus séduisant qu'aucun autre, monsieur de Nemours (Jean-François Poron dans le film de 1961). La princesse de Clèves et le duc de Nemours se lient d’amour à la faveur d’un grand bal organisé au Louvre pour les fiançailles du duc de Lorraine et de la seconde fille du roi, madame Claude de France.

La jeune femme va-t-elle céder à sa passion ? Ou bien s’en tenir aux dernières volontés de sa mère : « Vous avez de l'inclination pour monsieur de Nemours… Vous êtes sur le bord du précipice. Songez ce que vous devez à votre mari ; songez ce que vous vous devez à vous-même, et pensez que vous allez perdre cette réputation que vous vous êtes acquise, et que je vous ai tant souhaitée. Ayez de la force et du courage, ma fille, retirez-vous de la cour, obligez votre mari de vous emmener ; ne craignez point de prendre des partis trop rudes et trop difficiles, quelque affreux qu'ils vous paraissent d'abord ; ils seront plus doux dans les suites que les malheurs d'une galanterie. » ? C’est tout l’enjeu du roman...

En introduisant des personnages historiques dans son récit, madame de La Fayette s'est amusée à brouiller les frontières entre réalité et fiction. À sa suite, de grands romanciers se sont engouffrés dans cette voie, le plus connu étant Alexandre Dumas.

Isabelle Grégor et André Larané
Publié ou mis à jour le : 2019-08-31 16:46:49

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