La cordillère des Andes, imposante chaîne de montagnes et de hauts plateaux, s'étire en Amérique du Sud de la Terre de Feu à l'isthme de Panama, le long de l'océan Pacifique. Ses pics culminent à plus de 7 000 mètres et ses cols à 4 000 ou 5 000 mètres (plus haut que le Mont Blanc !).
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Dans les vallées littorales et les hauts plateaux du Pérou, se sont épanouies les plus grandes civilisations d'Amérique du Sud, jusqu'à l'arrivée des Espagnols, et de Pizarre en particulier, en 1532.
Ces civilisations dites « précolombiennes », car nées avant l'arrivée de Christophe Colomb, se sont développées, soulignons-le, en l'absence de tout contact avec les autres civilisations !
Les autres régions du continent, qu'il s'agisse de la forêt amazonienne ou de la steppe (la « Pampa ») argentine, sont restées le domaine de la chasse et de la cueillette ainsi que de l'agriculture itinérante sur brûlis.
Horizons et périodes
Les civilisations andines ne le cèdent en rien à leurs homologues d'Europe ou d'Asie en matière d'organisation sociale ou d'ingéniosité artistique et technique. Elles sont aussi très férues en astronomie.
Pourtant, elles ignorent :
• La monnaie,
• La métallurgie du fer,
• Le cheval,
• La roue,
• Et surtout, aussi surprenant que cela paraisse, l'écriture.
De ce fait, les seuls témoignages dont nous disposons à leur propos sont les traditions orales très floues recueillies par les Espagnols et surtout les découvertes archéologiques : vestiges de temples et de cités, tombes et mausolées.
Les archéologues ont ainsi pu identifier de nombreuses civilisations souvent très différentes les unes des autres, limitées qui à une vallée côtière, qui à un plateau ou une vallée andine.
Les Andes péruviennes n'ont pu être unifiées qu'en de rares périodes, trois au total, baptisées « horizons » par les archéologues :
• L'Horizon ancien ou civilisation de Chavín (vers 1800 à 300 environ av. J.-C.),
• L'Horizon moyen ou empire de Wari (ou Huari),
• L'Horizon récent ou empire inca, apparu vers 1350 et brutalement détruit en 1533.
Premières floraisons culturelles
Venus d'Asie par le détroit de Béring, les premiers groupes de nomades atteignent les Andes vers 10 000 av. J.-C.. Ils se sédentarisent 2000 ans plus tard et, à peu près au même moment que les hommes du Moyen-Orient, du Sahara et de la Chine, commencent à cultiver les céréales, en l'occurrence le maïs... Surprenante concomitance si l'on se rappelle que les habitants des Andes n'ont aucun contact avec le reste de l'humanité !
La révolution néolithique débouche vers 1800 av. J.-C. sur une première grande civilisation andine, dite « Horizon formatif ». Elle s'épanouit surtout autour de Chavín de Huantar, une vallée située au milieu de la Cordillère blanche, au coeur du Pérou actuel, où ont été découverts les plus anciens témoignages de la céramique et de la métallurgie dans les Andes.
Dès cette époque, les habitants des Andes maîtrisent la métallurgie de l'or, de l'argent et du cuivre, trois métaux abondants dans le sous-sol des Andes. Ils pratiquent avec talent la technique de la fonte à la cire perdue (note). Mais ils ignorent la métallurgie du fer (autrement plus utile pour ce qui est de labourer la terre ou de repousser ses ennemis !).
L'or est principalement collecté dans les rivières sous forme de paillettes et de pépites.
Comme l'argent et le cuivre, il est employé dans l'orfèvrerie... mais ne convient pas à des usages utilitaires (outils, armes). Il participe au culte des divinités et au prestige des souverains. Il est, dans l'imaginaire précolombien, la « sueur du Soleil ». L'argent, lui, représente les « larmes de la Lune ».
La période classique
De 300 av. J.-C. à 600 après J.-C., autrement dit à l'époque où s'épanouit Rome en Occident, les Andes sont le lieu de plusieurs civilisations originales.
Cette période dite « classique » est en particulier celle des Mochicas, de Nazca (ou Nasca) et de Tiwanaku.
Les Moche ou Mochicas du nord du Pérou hissent à des sommets inégalés l'art de la céramique.
Le vase-portrait ci-dessus est un bel exemple de leur art naturaliste d'une remarquable technicité. Mais les Mochicas se signalent aussi par de grandes pyramides en briques.
Leur culture a fait la Une des journaux en 1987 avec la découverte de la tombe dite du Seigneur de Sipân, que d'aucuns comparent par sa richesse et son intérêt archéologique à celle de Toutankhamon.
On peut admirer à Lambayeque (musée des tombes royales) les nombreuses pièces de cette tombe, comme ci-contre cette boucle d'oreilles.
Sur la côte sud du Pérou actuel, d'une exceptionnelle aridité, les Paracas se signalent par leur maîtrise du tissage et de la broderie. Ils nous ont laissé beaucoup de beaux tissus polychromes en coton.
À la période suivante, au même endroit, les Nazcas ont développé une agriculture savante, irriguée par des aqueducs souterrains.
Les Nazcas sont surtout célèbres pour d'étranges figures artistiques sans équivalent dans le monde : les « géoglyphes ». Il s'agit de dessins géants gravés dans le sol rocailleux et dont l'aspect d'ensemble ne peut être apprécié que du ciel !
Rien de tel sur les hauts plateaux andins (l'Altiplano) qui entourent le lac Titicaca. Nous avons là de vastes pâturages (la « puna ») propices à l'élevage.
Il s'y développe une société orientée vers le culte du Soleil comme le montre le plus célèbre vestige qu'elle nous ait laissé : la Porte du Soleil, à Tiwanaku (aujourd'hui en Bolivie) : on peut voir au-dessus du linteau la personnification de l'astre entouré de ses rayons.
Les religions andines précolombiennes sont avant tout animistes. Elles attribuent une âme à tout ce qui vit (comme le shintoïsme japonais). Certains lieux, les « huacas », bénéficient d'une attention particulière. Le Soleil mais aussi la Lune jouissent dans la cosmogonie andine d'une place plus ou moins grande selon les périodes.
Signalons que les habitants du Pérou pratiquent peu, sinon pas du tout, les sacrifices humains (à la grande différence des Aztèques du Mexique).
L'intermède wari
Vers 600 après J.-C., le Pérou connaît un deuxième horizon avec la réunion d'une grande partie de son territoire au sein de l'empire Wari (ou Huari), lequel a laissé peu de souvenirs.
Notons toutefois l'épanouissement de la grande et belle culture Lambayeque sur la côte nord du Pérou, entre 800 et 1350 (notre Moyen Âge). Ñaymlap, le premier des dix souverains de ce pays, serait venu par la mer selon une légende rapportée au XVIe siècle par un chroniqueur espagnol. Ce personnage, aussi appelé Seigneur de Sicán, se retrouve dans de nombreuses représentations artistiques de cette période.
Vers l'An Mil, la disparition de l'empire wari laisse la place à des royaumes indépendants comme celui de Chimú, au nord du Pérou.
Ses habitants ont bâti la cité de Chanchan (ou Chan Chan), dans la vallée de Moche, remarquable témoignage de l'architecture locale, avec murs d'adobe (brique cuite au soleil) sur fondations en grosses pierres.
Ils nous ont aussi laissé quelques-uns des plus beaux témoignages de l'orfèvrerie précolombienne.
La région andine est brièvement unifiée une troisième et dernière fois par les Incas, une dynastie issue de la région de Cuzco (l'Inca désigne le souverain de cet empire mais le mot a fini aussi par désigner l'ensemble de ses sujets).
La dynastie inca aurait, selon la légende, été fondée par un certain Manco Capac vers 1350. Elle aurait compté au total une douzaine de souverains.
Pour l'administration d'un si vaste empire, l'Inca, qui réside à Cuzco, dispose d'un réseau de messagers à pied (rappelons-nous que les Indiens, avant l'arrivée des Espagnols, ne disposent pas de chevaux). Le réseau routier (les « chemins de l'Inca ») est, il est vrai, bien entretenu.
L'Inca est réputé propriétaire de toutes les terres. Il dispose pour les besoins de sa cour, de son administration et de son armée d'un tiers des revenus, un autre tiers est dévolu aux prêtres et le reste aux travailleurs, avec une répartition en fonction de la taille des familles ! À défaut d'écriture, les fonctionnaires de l'Inca disposent pour leur comptabilité d'un ingénieux système de calcul à base de cordelettes de différentes couleurs, le « qipu ».
L'empire inca est abattu en 1532, au bout de moins de deux siècles d'existence, par une troupe de 183 Espagnols guidés par Pizarre, un ancien gardien de porcs illettré originaire d'Estrémadure et vieux de plus de 50 ans.
Les Incas, dans leur brève existence, ont laissé peu de témoignages artistiques mais des vestiges architecturaux impressionnants. La cité-forteresse du Machu Picchu, à 2300 mètres d'altitude, au-dessus de Cuzco, illustre leur art de la construction à base de gros blocs de pierre jointifs et non scellés. Cette cité a dû servir d'ultime refuge aux derniers Incas, après la conquête espagnole. Elle n'a été redécouverte qu'en 1911...
Les Amériques
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Voir les 5 commentaires sur cet article
Hans Kalimero (19-07-2015 12:04:18)
Vous ne citez pas les Chachapoyas qui étaient insoumis au règne Inca. Les Chachapoyas étaient carthago/guanches donc berbères dont les ancêtres se nommaient eux-mêmes "maxyes" et se prétendaie... Lire la suite
dinardais (19-07-2015 11:41:18)
Les historiens s'accordent pour dire que le cheval était inconnu des Indiens d'Amérique .Les conquistadores n'en ont importé qu'un petit nombre et les autres Européens guère plus.Or au XVIII°si... Lire la suite
Erik de Bruxelles (17-07-2015 13:49:16)
Samson Laval : Bien vu ^^