Le monde retiendra la date du 15 avril 2019 comme le jour où il a failli perdre l'un de ses plus beaux chefs-d'oeuvre, Notre-Dame de Paris, défigurée par les flammes. Une tragédie comme l'Histoire en a malheureusement déjà connu des milliers.
Construits pour l’éternité, les grands monuments qui émaillent la vie des nations et des civilisations n’échappent pas aux aléas du temps : guerres, accidents, cataclysmes…
Les plus robustes franchissent les millénaires, à preuve les pyramides d’Égypte et la Grande Muraille de Chine. Certains survivent par miracle comme le tombeau de Toutânkhamon. Mais d’autres, beaucoup d’autres, n’ont pas cette chance.
La guerre, premier destructeur de chefs-d’œuvre
S’ils sont capables de d’édifier des merveilles, les hommes rayonnent également dans l’art de les anéantir, souvent volontairement lorsqu’il s’agit de conflit. Piller, démolir le patrimoine d’un ennemi politique ou religieux est souvent un moyen de le frapper en son cœur.
Les Français gardent en mémoire le bombardement de la cathédrale de Reims par les Allemands le 19 septembre 1914. Voici également trois destructions dues à la guerre dans le reste du monde.
• Le Mur des Lamentations, seul vestige du Temple de Jérusalem (VIe siècle av. J.-C. – 70 après J.-C.)
Aux alentours de 540 avant J.C., Cyrus le Grand, roi des Perses et des Mèdes, s’empare de Babylone. Il autorise les Juifs à rentrer chez eux et reconstruire le temple de Salomon. Celui-ci sera agrandi cinq siècles plus tard, à l’orée de notre ère, par le roi Hérode le Grand.
Mais le 8 septembre 70, Jérusalem, qui s’est rebellée contre l’occupant romain, est mise à sac après un siège atroce de deux ans. Les habitants sont déportés et le Temple à nouveau détruit. Seul subsiste un pan du mur d’enceinte, le Mur Ouest, connu en Occident sous le nom de « Mur des Lamentations ». Il se trouve aujourd’hui en Israël des extrémistes pour songer à une deuxième reconstruction du Temple.
• Le Palais d’Eté de Pékin, brûlé par les Occidentaux (1860)
Le 18 octobre 1860, à la faveur d’une deuxième « guerre de l’Opium », les Français et les Anglais brûlent le Palais d'Eté des empereurs chinois, près de Pékin, le Yuanming yuan, après l'avoir méthodiquement pillé.
Le pillage a débuté avec la découverte par les soldats français des innombrables collections d'œuvres d'art, accumulées depuis 150 ans dans le palais : pierreries et perles, soieries, vases, objets d'art en argent, or ou jade, ainsi que des livres de grande valeur. Quand arrivent à leur tour les Anglais, les officiers s'entendent pour inventorier le contenu du palais et se le partager. Il est convenu que les pièces les plus précieuses seront offertes à leurs souverains ou aux musées européens.
Mais très vite, les soldats perdent la tête et entreprennent de piller aussi les bâtiments pour leur propre compte. Avant de quitter les lieux, les soldats britanniques mettent le feu aux bâtiments, majoritairement construits en bois de cèdre, sur ordre de l'ambassadeur de la Couronne à Pékin, Lord Elgin. Celui-ci a appris qu'une quarantaine de soldats et de civils européens, partis en avant-garde quelques semaines plus tôt, avaient été capturés, torturés et exécutés par les Chinois. Il prétend de la sorte les venger. C'est ainsi que, pour ouvrir la Chine au commerce international, les Occidentaux n'ont pas hésité à détruire un des joyaux culturels de l'Empire du Milieu.
Le site archéologique de Palmyre, détruit par l'Etat islamique(2015)
En 2015, le groupe terroriste État islamique en Irak et au Levant (Daech en arabe) s’empare au cœur de la Syrie du prestigieux site antique de Palmyre. Les destructions déjà pratiquées par Daech en Irak, notamment à Nimroud et Hatra, font alors craindre le pire pour le site syrien. Rapidement, les islamistes mettent en scène le saccage des monuments antiques. Ils ravagent les villes et ses trésors inestimables, tels la statue du Lion d’Athéna, le temple de Baalshamin, le temple de Bêl, l’Arc triomphal et de nombreux autres vestiges historiques.
Les accidents de l’Histoire
Même les plus grands monuments sont fragiles, et une erreur humaine suffit parfois à les défigurer. L’incendie involontaire est le coupable le plus récurrent mais ce n’est pas le seul.
En France, plusieurs hauts lieux du patrimoine ont été dans les dernières décennies victimes d’accidents, de négligences ou de failles de sécurité. Ainsi la cathédrale de Nantes en 1972, le Parlement de Bretagne à Rennes, en 1994, le château de Lunéville en 2003 et, pire que tout, Notre-Dame de Paris en 2019… Au siècle précédent, d’autres cathédrales ont été victimes de graves incendies, toujours pour la même raison, une étincelle dans la charpente : la cathédrale de Chartres en 1836, celle de Rouen en 1822, celle de Metz, alors allemande, en 1877 (comme le Parlement de Bretagne, la cathédrale lorraine a été victime d’une fusée lumineuse lancée par des badauds ou des manifestants).
À défaut de tout citer, voici quelques monuments qui ont été rattrapés par la négligence des hommes……
La statue de Zeus à Olympie, perdue à tout jamais (461)
La grande statue chryséléphantine (« or et ivoire ») de Zeus à Olympie fut l’œuvre du sculpteur athénien Phydias en vers 436 avant J.-C. Haute d’environ 12 mètres, elle était considérée comme l’une des Sept Merveilles du monde antique. Au Ve siècle de notre ère, la statue fut transférée à Constantinople pour rejoindre la collection de Lausos, chambellan de l’empereur Théodose II. Malheureusement, elle disparut dans un incendie en 461 et aucune copie en bronze ou en marbre ne parvint jusqu’à nous.
Le château Windsor s’embrase (1992)
Le 20 novembre 1992, un incendie se déclenche dans le château de Windsor, célèbre forteresse médiévale britannique et résidence de la famille royale, alors en rénovation. Pendant quinze heures, les flammes se propagent dans les bâtiments de la partie haute. Neuf des principales salles sont détruites et une centaine sont endommagées.
Un temple maya détruit par erreur… à coups de pelleteuse (2013)
En 2013 au Belize, en Amérique centrale, des ouvriers peu consciencieux ont démoli une pyramide maya vielle de 2 300 ans et haute de 30 mètres. En manque de matériaux pour reconstruire une route, ils n’ont rien trouvé de mieux que de défoncer le plus grand site maya du pays, pourtant protégé par la loi et plutôt reconnaissable, pour récupérer des gravats.
Les catastrophes et l’usure
Les constructions humaines ne sont pas éternelles. Elles résistent rarement au temps, à l’usure et, plus grave que tout, à l’indifférence des hommes.
• Le colosse de Rhodes tombe de son piedestal (226 av. J.-C.)
Le colosse de Rhodes, l'une des sept Merveilles du monde antique, était une statue en bronze de 31 mètres de haut construite par les Rhodiens pour honorer le dieu Hélios (dieu du soleil) suite à leur victoire de 308 av. J.-C. sur le Syrien Démétrios, l'un des épigones (successeurs) d'Alexandre le Grand. Mais le colosse ne vécut que 66 ans, brisé par un tremblement de terre en 226 av. J.-C. Les habitants, croyant à un courroux divin, n'ont alors pas osé le restaurer.
• Le Mausolée d’Halicarnasse, tombé dans l’oubli
Egalement classé parmi les sept merveilles du monde, le mausolée d’Halicarnasse fut construit en 350 avant JC, et mesurait 43 mètres de haut. Il s’agissait d’un monument funéraire, tombeau de Mausole, satrape de Carie à cette époque. Le Mausolée n’impressionnait pas par ses dimensions, mais par sa beauté et ses décorations. Mais peu à peu il tomba dans l’oubli, à tel point qu’au XVeme siècle, on se servit de ses ruines comme carrière pour extraire des pierres et construire le château St Pierre.
• Le Grand Incendie de Londres
Dans la nuit du 2 septembre 1666, un feu se déclenche dans l'arrière-boutique d'un boulanger londonien du nom de Faryner. L'incendie s'étend très vite dans la rue Pudding Lane, près du pont de Londres. Les maisons en bois enduites de poix favorisent sa propagation.
La plus grande partie de la capitale est à reconstruire. Le chantier est confié à l’architecte Sir Christopher Wren qui va d’abord s’atteler à la reconstruction de la cathédrale Saint-Paul en style baroque. propose une reconstruction ambitieuse avec une refonte complète de l'urbanisme et du tracé des rues. Il érige également à Pudding Lane une très haute colonne de soixante mètres qui commémore le Grand Incendie. Les Londoniens l'appellent tout simplement « The Monument ».
• 20 mai 2015 : les derniers jours de Palmyre ?
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