Le Jeu de la Reine

Les affres d'Henry VIII et de Catherine

7 avril 2024. Le Jeu de la Reine, comme son titre ne l'indique pas, raconte l'union orageuse du roi d'Angleterre Henry VIII Tudor et de sa sixième et dernière épouse, Catherine Parr. Disons-le d'emblée, le film est passionnant et il se regarde sans ennui pendant deux heures (malgré l'absence de scènes de bataille ou de sexe)...

Le Jeu de la Reine (Firebrand, 2023), film de Karim Aïnouz Le Jeu de la Reine est sorti en 2023 sosu le titre originel Firebrand (« Brandon »). Difficile de dire s'il est hollywoodien, britannique comme son acteur-phare Jude Law ou brésilien comme son réalisateur Karim Aïnouz, né en 1966 à Fortalesa d'une mère brésilienne et d'un père algérien. C'est en tout cas un authentique film d'Histoire.

Il nous transporte dans la réalité sensible de l'Angleterre des Tudor, il y a un demi-millénaire. Il nous sort de notre confort pour nous faire pénétrer dans un monde totalement étranger, bien qu'il soit celui de nos aïeux.

Nous découvrons un souverain au pouvoir quasi-absolu et d'une violence maladive, entouré de conseillers, courtisans et familiers qui complotent et s'entre-déchirent. Nous découvrons un rapport franc et brutal à la chair et à la mort ainsi que des angoisses théologiques aujourd'hui hors de saison.

Nous découvrons enfin un milieu viril dans lequel s'imposent envers et contre tout des femmes de caractère :
• Catherine Parr (1512-1548), jeune femme passionnée qui a sacrifié dans le mariage sa liberté et son bonheur avec l'espoir de ramener le roi dans le droit chemin et d'instaurer en Angleterre la vraie foi, celle de Luther.
• Anne Askew (1520-1546), poétesse et prédicatrice rebelle, honnie de la cour et vouée au bûcher.

Au prix de quelques libertés cinématographiques, le réalisateur a habilement reconstitué les derniers mois du roi Henri VIII, contemporain du roi de France François Ier mais ô combien différent de celui-ci. En 38 ans de règne, Henri VIII n'a laissé le souvenir d'aucun palais féerique ; aucun poète n'est venu illuminer son règne et tout ce qu'en retiennent les historiens tient à sa manière incomparable d'emmêler pour le pire le mariage et la religion.

Toute l'action se déroule dans un sombre château du nord de l'Angleterre, entouré de landes et de brumes, où la cour s'est réfugiée pour fuir la peste qui, une nouvelle fois, a frappé Londres. Dans le scénario s'est glissée aussi une intrigue qui rappelle les Trois Mousquetaires et l'histoire des ferrets : la reine a secrètement donné à la rebelle Anne Askew un collier que lui avait offert son mari, afin de la sortir d'embarras. Un ami de coeur va tout mettre en oeuvre pour récupérer le collier et épargner à la reine le courroux du roi.

Ces arrangements mis à part, Le Jeu de la Reine retranscrit de façon très plausible et précise l'Histoire comme la racontent les historiens. Les personnages et tout particulièrement le roi Henri VIII, remarquablement interprété par Jude Law, paraissent tout à fait conformes à l'image qu'en ont transmis les chroniqueurs. Sont bien restituées en particulier les relations quasi-filiales entre la reine et les enfants du roi : Marie Tudor, fille de la première épouse ; Elisabeth, fille d'Anne Boleyn, à laquelle Catherine Parr va communiquer son esprit volontaire ; le petit Édouard, fils de Jeanne Seymour.    

Si ces personnages sont familiers aux Anglais instruits, bercés depuis la petite école par les récits de cette époque, il n'en va pas de même des Français et autres francophones. Je recommande aux personnes qui envisagent d'aller voir le Jeu de la Reine de prendre connaissance du contexte historique. Elles n'en savoureront que mieux le film.

André Larané
Publié ou mis à jour le : 2024-04-27 23:33:29

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