Fière Bretagne

Le temps des mégalithes (4800 à 2500 av. J.-C.)

Connue des Anciens sous le nom d'Armorique (on reconnaît dans ce nom la racine celtique armor, qui désigne la mer), la Bretagne (dico) est une péninsule indissociable de la physionomie de l'Hexagone. Elle fait partie du massif granitique armoricain qui forme une coupure nette par rapport au reste du territoire et s’avance pratiquement jusqu’à Caen, Le Mans et Angers.

Ses frontières historiques dépassent celles de la région administrative actuelle et incluent notamment Nantes et le département de Loire-Atlantique. Mais la langue bretonne proprement dite, qui appartient au groupe des langues celtiques, est cantonnée à l'extrémité occidentale de la péninsule. 

Du fait de son Histoire, de sa géographie, de son peuplement et de sa langue, la Bretagne est de toutes les provinces françaises l'une des plus attachées à ses particularismes et à son Histoire, même si, depuis un demi-millénaire, son attachement à la monarchie et à la République n'a jamais été pris en défaut.

Vincent Boqueho et André Larané

Les mystères de Carnac

Cette région au sous-sol granitique s'est montrée très accueillante aux civilisations des mégalithes (« grandes pierres »). Elle en est devenue sans conteste le principal conservatoire européen. Les vestiges de ces civilisations préhistoriques sont particulièrement denses autour du golfe de Vannes (Locmariaquer, Carnac, etc.). D'après le peu que l'on en sait, ces civilisations se seraient épanouies à partir de 4800 av. J.-C. jusqu'en 2500 av. J.-C. et même au-delà, à l'époque néolithique (dico). 

Tout commence vers 5000 av. J.-C.. La région est encore habitée par des chasseurs-collecteurs-pêcheurs qui n’ont aucun lien génétique avec les Bretons actuels. L’agriculture et l’élevage apparus au Proche-Orient commencent à se diffuser dans l'actuelle France après avoir emprunté la route du nord des Alpes.

Menhirs de l'alignement de mégalithes de Kerlescan, à Carnac (Morbihan, Bretagne).

Ce phénomène qui s’étend sur plus de cent générations est associé à la migration de populations originaires du Croissant fertile : elles profitent de leur avantage démographique lié à l’agriculture (sevrage plus rapide des nourrissons) pour fonder de nouveaux villages toujours plus loin aux dépens des autochtones. En parallèle, ces derniers adoptent l’agriculture à leur contact. C'est le cas dans la péninsule armoricaine où l'agriculture s'introduit sans migration majeure.

C'est alors que sont érigés les premiers monuments mégalithiques :
• D'abord les grands et mystérieux alignements de pierres dressées, comme ceux de Carnac, près de la presqu'île de Quiberon (Morbihan), connus de longue date et d'abord attribués aux druides gaulois ! Leur nom, menhir, est un néologisme forgé en 1790 à partir de deux mots bretons, « pierre longue ». Leur destination, cultuelle ou funéraire, demeure incertaine.
• Ensuite les dolmens,  d'après un mot breton qui signifie « table en pierre ». Il s'agit de salles souterraines sans doute à vocation très certainement funéraire, avec des parois de pierres plates, couvertes de dalles en pierre, le tout dissimulé sous un amas de terre ou de pierres sèches (cairns).

Jules Coignet, Dolmen dit Table des Marchant, musée des Beaux-Arts de Brest.

Le premier de ces dolmens a été identifié à Locmariaquer, à l’ouest du golfe du Morbihan, en 1796. Il est connu sous le nom de Table des Marchant (d'après le propriétaire du terrain). Mais les plus anciens dolmens ont été révélé par l'archéologie à Barnenez, non loin de l’actuelle Morlaix (nord-est du Finistère). Ce sont cinq couloirs bordés et recouverts de larges pierres de granit qui mènent à autant de chambres funéraires. L'ensemble a été ultérieurement recouvert d'un grand cairn de pierres sèches. Il remonte aux environs de 4800 av. J.-C. et constitue le plus ancien mausolée d'Europe.

On a aussi découvert à Locmariaquer un site encore plus monumental . Il remonte aux environs de 4500 av. J.-C. et présente une gigantesque allée de pierres dressées qui donne accès à un ensemble de cairns funéraires. Parmi ces pierres figure le plus grand menhir jamais dressé dans le monde, haut d’une vingtaine de mètres et aujourd’hui brisé en quatre morceaux, le menhir d'Er Grah. 

Chambres notées C, B et A du cairn de Barnenez, Plouezoc'h. Agrandissement : l'entrée de la troisième chambre du cairn de Barnenez.

Généralement situés près des côtes, ces ensembles monumentaux servaient de tombes collectives et témoignent de sociétés très structurées. Ce qui est remarquable, c’est qu’on se trouve 1200 ans avant les débuts de l’Égypte des pharaons et de la Mésopotamie.

Le Grand menhir brisé d'Er Grah, vu du tumulus d'Er Grah. Agrandissement : Trois des morceaux du Grand menhir brisé et, à l'arrière-plan, le cairn d'Er Grah.La civilisation des mégalithes a conservé une longue vitalité, au moins à l’ouest du golfe du Morbihan, comme l’attestent le cairn de l'îlot de Gavrinis, dans le golfe de Vannes, construit vers 4100 av. J.-C., et les alignements de Carnac qui constituent la plus grande concentration de mégalithes du monde. Leur érection s'est étendue sur une période de plus d’un millénaire.

Jules Coignet, Le chêne au dolmen dans la forêt de Brocéliande, 1836; musée des Beaux-Arts de Quimper.La concentration en mégalithes est particulièrement élevée dans le Finistère et sur toute la côte sud de la Bretagne mais elle s’est aussi étendue beaucoup plus loin jusqu’à couvrir toute la bordure de l'océan Atlantique et même au-delà, de la Scandinavie à l'Afrique du nord en passant par la Corse. Les réalisations y sont toutefois plus récentes, ce qui pourrait correspondre à une diffusion depuis l’aire armoricaine.

L’Âge d'or des civilisations des mégalithes s'est poursuivie jusqu’au IIIe millénaire av. J.-C., époque qui a vu une réduction sensible du nombre de nouveaux édifices. Ce passage à vide a laissé place à de nouveaux-venus, les Indo-Européens, qui ont entraîné la disparition pure et simple des anciens Armoricains.

Face sud du cairn de Gavrinis (Morbihan). Agrandissement : Reconstitution partielle de la chambre à couloir de Gavrinis, musée des tumulus de Bougon (Deux-Sèvres).

Publié ou mis à jour le : 2024-07-22 19:49:08

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