En 300, le sud de la mer Rouge entre dans une période particulièrement florissante. La région est alors contrôlée par deux royaumes puissants : l’empire d’Himyar centré sur l’actuel Yémen, et l’empire d’Axoum (ou Aksoum)centré sur l’actuelle Éthiopie.
Chacun d’eux bat sa propre monnaie, signe de leur prospérité économique. Celle-ci repose notamment sur le contrôle du commerce maritime entre l’empire romain et l’Inde. La région a aussi ses propres ressources, notamment l’encens, très prisé dans l’empire romain. Enfin le royaume d’Axoum exporte beaucoup d’ivoire de l’intérieur de l’Afrique : dès le IIIe siècle, cela a poussé les Himyarites à fonder des comptoirs sur la côte d’Afrique Orientale.
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Les rivalités entre juifs et chrétiens troublées par les musulmans
À cette époque, la civilisation égyptienne perdure dans le royaume de Méroé, mais celui-ci est de plus en plus affaibli par le détournement du commerce africain vers la mer Rouge. Vers 320, le souverain d’Aksoum Ousanas en profite pour étendre son influence : il lance un raid contre Méroé, ce qui provoque l’éclatement du royaume en trois parties : Nobatie, Makurie et Alodie. Ousanas étend aussi son emprise le long de la côte aux dépens de Himyar, qui doit payer tribut.
Les deux rives de la mer Rouge, majoritairement polythéistes, étaient depuis longtemps déjà imprégnées de monothéisme, du fait d'une importante diaspora juive ; parallèlement, suite à son adoption par l’empereur romain Constantin, le christianisme commence à arriver depuis l’Égypte.
Vers 345, l’empereur d’Aksoum Ezana, qui a succédé à Ousanas, se convertit au christianisme, faisant de l’Éthiopie la pointe avancée de la chrétienté sur le continent africain. Ezana affermit aussi les possessions acquises par son père : l’empire d’Axoum est alors florissant. Il exporte de nombreux produits, notamment de l’encens, de l’ivoire et de l’or. Aksoum est alors une ville très cosmopolite qui mêle les cultures éthiopienne, égyptienne, gréco-romaine et indienne. De grands obélisques sont construits à la gloire des empereurs d’Aksoum. L’alphabet guèze est mis en place, remplaçant l’alphabet sudarabique déjà très ancien.
En 380, l’empereur d’Himyar se convertit quant à lui au judaïsme, peut-être en réaction au christianisme d’Aksoum qui est alors en pleine expansion. Peu après, l’empire himyarite retrouve une certaine vigueur et étend son emprise vers l’intérieur de l’Arabie.
La rivalité entre Himyar et Aksoum entraîne des tensions croissantes entre juifs et chrétiens. En 519, Aksoum soutient le coup d’état d’un chrétien sur le trône d’Himyar. Cela déchaîne les représailles contre les chrétiens dans tout le royaume. Aksoum finit par intervenir militairement, avec le soutien de Byzance.
Le général éthiopien Abraha s’empare du trône d’Himyar, mais il trahit son empereur en le conservant pour son propre compte. L’empereur d’Aksoum est contraint d’accepter cet état de fait et les deux royaumes deviennent alliés. Abraha transfère la capitale de Zafar à Sanaa. Il mène une campagne contre les juifs et les païens et effectue même un raid jusqu’à La Mecque pour y combattre le paganisme.
Après sa mort en 570, ses fils lui succèdent et règnent de façon tyrannique. Un prince juif demande l’aide des Perses, qui envoient une expédition : malgré l’intervention de l’empereur d’Aksoum, les Perses s’emparent du royaume et en font une satrapie. C’est la fin de l’indépendance d’Himyar.
En 632, la région est conquise par le premier calife arabe. Le royaume d’Aksoum, quant à lui, parvient à résister à l’expansion du califat. Les royaumes du Soudan, qui viennent de se convertir au christianisme, résistent également.
La Nobatie, affaiblie par ces incursions, se fait annexer peu après par la Makurie, donnant naissance au royaume de Nubie. Mais la mainmise du califat sur la mer Rouge va entraîner un isolement économique du royaume d’Aksoum et une perte de rayonnement : le pays cesse de battre monnaie et retourne dans l’ombre. Plusieurs siècles s’écouleront avant le renouveau de l’Éthiopie.
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