Omar Tall, dit El-Hadj Omar (1796 - 1864)

Le fondateur de l'éphémère empire Toucouleur

Omar Tall, dit El-Hadj Omar, est le fondateur d’un empire éphémère, l’empire Toucouleur (ou Torodbe), sur les ruines des royaumes animistes de l’actuel Mali, dont ceux des Bambara.

Les Toucouleur, branche métissée des Peul, se désignent sous le nom Haalpulaaren (« ceux qui parlent le pulaar », la langue des Peul).

Omar Tall naquit vers 1796 dans la région de Podor, au Fouta Toro, dans l’actuel Sénégal, au sein d’une famille peul (fulbé) convertie à l’islam et membre de la confrérie kadiriya.

Photo officielle de Cheikh Oumar Tall.Il adhéra ensuite à la confrérie tijaniya, sa grande rivale, qui avait une interprétation différente de l’islam, avant de partir pour vingt années de voyages qui le menèrent en Arabie et en Afrique du Nord. Ayant fait son pèlerinage à La Mecque (d’où son surnom el-Hadj), il s’attira une grande popularité à son retour dans le Sahel musulman.

De 1830 à 1838, il vécut dans l’empire peul de Sokoto où il se forma militairement. Revenu dans l’actuel Sénégal, il fut nommé grand calife de la confrérie tijaniya et il s’installa à Dinguiraye, près de Diourbel.

Vers 1852, il lança son jihad (guerre sainte) en s’attaquant aux peuples animistes de la vallée du Niger.

La principale résistance à ce jihad fut le fait des Bambara des royaumes de Segou et du Kaarta dans l’actuel Mali qui avaient réussi à échapper au précédent jihad peul, celui de Seku Ahmadou. Étant demeurés animistes, ils allaient donc pouvoir être vendus comme esclaves, but  économique abrité derrière le paravent de l’islamisation.

En 1856, El-Hadj Omar prit Nioro, la capitale du Kaarta. En juillet 1857, il tenta d’enlever Médine, poste français très avancé situé sur le haut Sénégal, afin de s’ouvrir une voie vers le sud, mais, au grand soulagement des populations du bas-Sénégal, il fut défait par les troupes françaises commandées par le colonel Louis Faidherbe.

Il se replia alors vers le bassin du Niger et s’attaqua à Ségou, la principale cité bambara, qui fut prise et pillée en 1861.

Suivi d’une partie de son armée, le souverain bambara trouva refuge au Macina où régnait le chef peul Ahmadou-Ahmadou, le petit-fils de Seku Ahmadou.

La rivalité religieuse confrérique (kadirya-tijanya) et économique, opposant les deux Haalpulaaren se transforma en guerre ouverte. El-Hadj Omar l’emporta et conquit le Macina. En 1862, Hamdallahi, la capitale d’Ahmadou-Ahmadou fut prise.

Tout l’actuel Mali n’était cependant pas conquis. C’est ainsi qu’à Tombouctou, ville contrôlée par le clan arabe des Kunta, et dont le chef, El Bekay, était un notable de la confrérie kadiriya rivale de la tijaniya, la résistance s’organisa. Craignant la conquête d’El-Hadj Omar, El Bekay avait ainsi soutenu les Bambara avant d’entrer lui-même en guerre. Ce fut d’ailleurs en le combattant que le 12 février 1864, à près de 70 ans, El-Hadj Omar trouva la mort sur les plateaux de Bandiagara, en pays dogon.

Bernard Lugan
Publié ou mis à jour le : 2021-03-12 14:58:41
Freddy (12-02-2024 08:24:02)

Excellent article, sur une Afrique si mystérieuse et complexe. Je recommande l'ouvrage "Esclavage: l'Histoire à l'endroit" du même auteur, qui présente ce sujet sous un angle différent, des parti... Lire la suite

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