Jacques Cartier (1491 - 1557)

Le découvreur du Saint-Laurent

Le futur découvreur du Canada est né à Saint-Malo, au nord de la Bretagne.

Un riche mariage l'élève parmi les notables de la ville et l'abbé du mont Saint-Michel, Jean le Veneur, le présente au roi François Ier. Celui-ci lui demande de découvrir le mythique passage du Nord-Ouest entre Atlantique et Pacifique et finance son expédition.

Il quitte Saint-Malo le 20 avril 1534, avec deux navires et 61 hommes, et prend la direction de la Nouvelle-France. Cette région a été explorée dix ans plus tôt par Verrazano, pour le compte de l'armateur Jean Ango et du roi de France.

Jacques Cartier atteint l'île de Terre-Neuve le 10 mai, après seulement vingt jours de traversée, et poursuit vers l'ouest. Il arrive à l'entrée de ce qu'il croit être un détroit (le fameux passage du Nord-Ouest) mais il s'aperçoit bientôt qu'il ne s'agit que d'un golfe, aussitôt baptisé baie des Chaleurs en raison du climat ambiant.

Remontant vers le nord, il découvre une nouvelle baie et débarque au fond de celle-ci, près d'un village appelé Gaspé, d'un nom indien qui désigne la fin des terres (la Gaspésie est une région magnifique aujourd'hui très prisée des amateurs de nature sauvage).

L'explorateur fait connaissance à Gaspé avec les Indiens du cru, des Iroquois micmacs. Devant leur chef Donnacona, il prend possession de la terre environnante au nom du roi de France ! Là-dessus, il rentre en France avec deux fils du chef auxquels il va enseigner le français afin qu'il lui servent d'interprètes pour les voyages suivants.

Jacques Cartier remonte le Saint-Laurent (peinture d'imagination de Théodore Gudin, XIXe siècle, musée de Versailles)

Un fleuve au destin prestigieux

Le voyage du retour, rapide, ne dure que 21 jours. Le 5 septembre 1534, Jacques Cartier repose le pied à Saint-Malo et prépare aussitôt une deuxième expédition. C'est ainsi qu'il repart le 19 mai 1535 avec trois navires : la Petite Hermine, l'Émerillon et la Grande Hermine, et les deux fils du chef Iroquois : Taignoagny et Damagaya.

Il atteint le 9 août 1535 l'embouchure du Saint-Laurent, au nord de la baie de Gaspésie. Bercé d'illusions, il croit une nouvelle fois avoir découvert le passage du Nord-Ouest mais se rend compte de son erreur en constatant que l'eau s'adoucit à mesure qu'il remonte vers l'ouest. Il baptise le fleuve d'après le saint du... lendemain, Saint-Laurent. Il baptise aussi le pays du nom de Canada, d'après un mot indien qui désigne un village.

Là-dessus, l'explorateur fait escale au village indien de Stadaconé, où il retrouve le chef Donnacona. À cet emplacement, Samuel de Champlain fondera beaucoup plus tard la ville de Québec.

Enfin, le 2 octobre 1535, il découvre au confluent du fleuve Saint Laurent et de la rivière des Outaouais une grande île qu'il baptise « Monsrealis ». Sur l'île est implanté le village huron d'Hochelaga, entouré de champs de maïs (ou « blé d'Inde »). À proximité sera fondée un siècle plus tard la ville de Montréal.

Jacques Cartier s'en revient hiverner à Stadaconé et convainc le chef Donnacona de le suivre en France avec ses deux fils et sept autres compagnons.

Jacques Cartier représenté sur une carte réalisée à Dieppe sur la base de ses indications, vers 1540
Grosse déception

Comme tout son entourage, le roi François Ier est déçu par la maigre moisson de l'explorateur. Mais il savoure la rencontre des dix Indiens. Donnacona lui parle d'un mystérieux royaume de « Saguenay », plein d'or et d'épices.

Le roi presse alors Cartier de repartir pour une troisième expépition et, pour s'assurer de son succès, place à sa tête un courtisan, le sieur Jean-François de La Rocque de Roberval, nommé lieutenant général.

Mais la préparation de l'expédition piétine et Jacques Cartier part finalement sans attendre son supérieur à l'été 1541. Aucun Indien ne l'accompagne, le chef étant mort pendant son séjour en France et les autres ayant fait souche sur place !

À Stadaconé, les Iroquois apprécient modérément l'absence de leurs compatriotes. Toutefois, ils ont bien compris ce qu'attendent les Français et les approvisionnent en beaux minerais que Cartier pense être de l'or et des diamants ! Il revient dès l'année suivante en France, après avoir fait édifier le fort de Charlesbourg-Royal, au confluent du Saint-Laurent et de la rivière du Cap-Rouge. Sur le chemin du retour, il croise à Terre-Neuve Roberval, qui lui intime l'ordre de rester avec lui. Le Malouin n'en a cure et poursuit sa route.

Quel n'est pas son désappointement, en France, quand on lui révèle que ses diamants ne sont rien que de la pyrite de fer (« l'or des fous ») et du quartz ! Sa mésaventure donne naissance à une expression populaire : « faux comme des diamants du Canada ».

NB : le promontoire où s'est établie la ville de Québec, sur le Saint-Laurent, a pris vers 1660 le nom de « cap des diamants » du fait de l'abondance de quartz à cet endroit.

Déçus par les résultats des trois expéditions, l'absence de métaux précieux et l'impossibilité de cultures spéculatives, le roi et la Cour vont dès lors se détourner des aventures coloniales.

Jacques Cartier se retire quant à lui dans son manoir de Limoëlon, près de Saint-Malo. Le sieur de Roberval est rappelé au bout de quelques mois et il faudra attendre Samuel de Champlain pour que soit relancée la colonisation de la Nouvelle-France.


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Les expéditions polaires
Publié ou mis à jour le : 2023-06-19 15:58:59
Magrou (13-08-2016 12:49:53)

Nos rois de France et successeurs (Napoléon) ont eu une vision maritime obtuse alors que nous avions une pépinière remarquable d'aventuriers de valeur. Villegagnon a Rio Cartier Surcouf etc... La ... Lire la suite

Yves Petit (07-08-2016 23:23:16)

Quel dommage que les rois de France qui ont succédé à François 1er n'aient pas eu plus de vision. Les Espagnols étaient déjà très actifs en Amérique du Sud. Il me semble que la conquête de n... Lire la suite

Suzanne Descoteaux (07-08-2016 15:39:21)

Bonjour, J'ai beaucoup apprécié votre article. J'y ai trouvé des informations que je ne connaissais pas, moi qui prétend connaître l'histoire de mon coin de pays! Merci. Par contre, ça me ti... Lire la suite

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