Henri le Navigateur (1394 - 1460)

Le conquérant immobile

Henri le NavigateurL'Infant Henri est le troisième fils du roi du Portugal Jean Ier (João I, de la dynastie d'Aviz), et par sa mère le petit-fils d'un Anglais, Jean de Gand, fils cadet du roi Édouard III. Comme tous les nobles européens, il a à vrai dire des aïeux de toutes les nations du continent. 

À défaut d’un trône, il rêve d’horizons nouveaux. Célibataire sociable mais très pieux, indifférent au vin et aux femmes, son objectif est moins le commerce que la croisade contre les Turcs ! Fidèle à cet idéal médiéval, il imagine de prendre à revers ces derniers en contournant l'Afrique et en nouant une alliance avec le mythique « prêtre Jean ». Pour cela, il lance des expéditions navales le long des côtes occidentales de l'Afrique. Comme il est grand-maître du puissant Ordre du Christ, un ordre hérité de l'Ordre du Temple et voué à la lutte contre les Infidèles, il orne les voiles de ses navires de la grande croix rouge de son Ordre.

L'infant songe aussi à bâtir un complexe maritime et portuaire dans une forteresse située à la pointe sud du royaume, à Sagres (Algarve). Mais son projet ne verra jamais le jour et c'est du port voisin de Lagos ainsi que de Lisbonne que partiront les navires d'exploration portugais. C'est également dans ces ports - et non à Sagres - que se rencontrent les marins, cartographes et autres spécialistes de la navigation.

Au début du XIVe siècle, les Portugais, forts de leur expérience de pêcheurs et assistés par des marins et armateurs génois, ont commencé à exploré l'Atlantique sud. Ceuta est prise en 1415, l’île de Madère est occupée quatre ans plus tard, tout comme l’archipel des Açores en 1427. Les îles Canaries sont à leur tour explorées dans les années 1430. Mais les navigateurs hésitent à dépasser le cap Bojador (aujourd'hui cap Boujdour), à la pointe de l'actuelle Mauritanie. Ils craignent des maléfices divers.

Le prince Henri brûle d'en finir avec cet interdit. Il suspecte la présence du « prêtre Jean » au-delà de ce cap et l'associe à un royaume riche en or, ce qui ne gâche rien. D'ailleurs, ses cartographes ont cru pouvoir identifier sur le littoral africain l'embouchure d'une grande rivière aurifère, le Rio de Oro. Il est susceptible de venir des mines d'or africaines qui alimentent une bonne partie du commerce transsaharien. Ces mines, on le saura plus tard, se situent dans la région du haut Sénégal et dans la boucle du Niger, autrement dit à l'intérieur des terres, hors de portée des navigateurs portugais. Quant au Rio de Oro, qui a donné son nom à la région, il ne s'agit que d'une crique. De rivière point.

Quoi qu'il en soit, en 1434, Gil Eanes, l'un des meilleurs marins du Portugal, est chargé d'explorer le littoral au-delà du cap tant craint. Il part avec une simple barca  à mât unique et une quinzaine d'hommes et, plus important, va revenir au bercail sain et sauf, attestant de ce que la côte africaine peut être longée sans péril. Dix ans plus tard, Gil Eanes repartira avec Lançarote de Freitas pour une expédition commerciale. Il reviendra de cette expédition deux centaines de malheureux captifs razziés sur la côté mauritanienne...

De façon quelque peu exagérée, l'historiographie officielle et les historiens postérieurs ont fait de l'infant Henri l'initiateur des explorations maritimes. En 1842, l'historien allemand J.-E. Wappaus lui même attribué le surnom de « Navigateur » sous lequel on le connaît aujourd'hui, bien qu'il n'ait jamais navigué.

Publié ou mis à jour le : 2022-05-11 10:39:59

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