De la fin des années 1960 à la fin des années 1990, le chlordécone a été utilisé aux Antilles pour lutter contre le charançon de bananier. Interdit aux États-Unis dès 1976 du fait de sa toxicité, cet insecticide a ainsi gravement contaminé les sols en Martinique et Guadeloupe, mais aussi au Cameroun et dans une moindre mesure au Panama, au Honduras et au Nicaragua.
Dans l'article ci-dessous (Le Monde, 20 juin 2018), Jean-Baptiste Fressoz, historien des sciences, montre que ce scandale n’a rien d’une crise qui ne serait que temporaire. La contamination au chlordécone définit pour lui un nouvel état, toxique, comparable à l’Ukraine ou la Biélorussie d’après Tchernobyl.
La contamination au chlordécone doit se comprendre dans la logique de l’économie de plantation bananière. Celle-ci s'est développée au début du XXe siècle en vue de diversifier les productions antillaises. Les planteurs se sont orientés vers une variété standard pour faciliter l'exportation à grande échelle. Mais les bananes étant devenues d’autant plus vulnérables, il a fallu faire appel à de puissants insecticides...
La « solution » vint de... la Première Guerre mondiale : quand le savant allemand Fritz Haber mit au point en 1915 les redoutables gaz de combat, il trouva par la même occasion le moyen de combattre les insectes !
La tragédie sanitaire qui frappe aujourd'hui les Antilles puise ainsi son origine dans la combinaison de l'économie de plantation bananière et des gaz de combat (toujours employés en dépit des conventions internationales)...
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