Jour de la Terre 2023

Le changement de climat est-il inéluctable ?

Ce samedi 22 avril 2023, comme tous les 22 avril depuis 1970, nous avons célébré le Jour de la Terre. Cette manifestation est destinée à sensibiliser les citoyens et les gouvernants de tous les pays aux enjeux environnementaux : pollution et climat. Depuis qu’elle existe, l’espèce humaine imprime sa marque sur le milieu naturel mais ses succès mettent aujourd’hui en péril sa propre survie dans un milieu devenu irrespirable. Herodote.net revient sur cette Histoire environnementale et vous propose de débattre du diagnostic et des remèdes…

Le dérèglement climatique est une réalité sensible depuis la fin du XXe siècle. Les années les plus récentes (2014-2019) ont été les plus chaudes jamais observées dans l’Histoire. Même l’optimum climatique du « beau Moyen Âge » (XIe-XIIIe siècles), qui a permis un léger verdissement du Groenland, était en-deçà des températures actuelles. Il faut remonter à 120000 ans en arrière, au Paléolithique, pour des températures comparables.

Nul ne nie aujourd’hui ces réalités. Mais il se trouve des « climatosceptiques » pour penser que l’Homme n’a pas de responsabilité dans le dérèglement climatique actuel, lequel pourrait être dû à des phénomènes cosmiques. Même si l'on envisage cette hypothèse, il est permis de s'interroger sur notre notre mode de vie consumériste car, dérèglement climatique mis à part, il est aussi à l'origine d'autres crises tout aussi menaçantes pour notre civilisation. Ces crises sont générées par la pollution et par la sous-fécondité des populations des pays riches...

Des énergies trop peu chères

En dépit des apparences, le monde actuel bénéficie d’énergies très bon marché. Elles sont même deux fois moins chères qu’il y a cinquante ans par rapport à nos revenus ! C'est pourquoi notre demande en produits et consommations énergivores n'en finit pas de croître. Chaque année qui passe, de nouveaux besoins viennent ainsi annuler nos efforts de sobriété : climatiseurs, vacances aux antipodes, croisières, mais aussi drones, cinéma domestique et écrans géants, publicités lumineuses, SUV, etc., sans oublier l’internet 5G et le metaverse (mondes virtuels), plus énergivores que tout ce qu’on a connu.

La « transition énergétique » prônée par la classe politique européenne semble de ce fait vouée à l’échec malgré les subventions élevées destinées à suppléer à l’absence d’attractivité des énergies renouvelables et à l’insolvabilité du marché. Rien qu’en France, nous dépensons au bas mot 80 milliards d’euros par an pour financer éoliennes, isolation thermique de logements, véhicules électriques, etc. C’est un effort colossal qui représente plus de mille euros par an et par habitant, enfants compris.

Malgré cela, les « nouvelles énergies renouvelables » (NER) n’arrivent pas à suivre la croissance de notre demande en énergies de tous ordres. Quant à remplacer par les NER les centrales nucléaires et les centrales au gaz ou au charbon, n’y pensons pas. De fait, la consommation de charbon, de pétrole et de gaz continue de croître dans le monde. Cette consommation est même accélérée par la « transition énergétique » car, pour nous fournir en batteries, éoliennes et panneaux photovoltaïques, les industriels chinois sont amenés à ouvrir de nouvelles centrales au charbon et de nouvelles mines. Ce mouvement n’est pas près de s’arrêter.

Si même à coup de véhicules électriques, de piles à hydrogène et de parc éoliens géants, nous arrivions à contenir le dérèglement climatique, ce qui n’est pas le moins du monde assuré, aurions-nous motif de nous réjouir ? Nullement car, comme chez Molière, nous pourrions « mourir guéris ».

Le mode de vie dans lequel sont engagés l’Occident et les pays de la mer de Chine est néfaste en effet à double titre :
• La course aux minerais et terres rares laisse entrevoir une pollution hors contrôle et un effondrement à terme des conditions sanitaires et de l’espérance de vie.
• Le consumérisme nous conduit à un refus de la vie avec à peine plus d’un enfant par femme en moyenne, soit une division par deux des naissances de génération en génération et une extinction à brève échéance de nos populations.

Après avoir goûté aux « délices » de la vie moderne, les « milleniums » en arrivent à considérer qu'ils n'ont plus les moyens d'élever plusieurs enfants ou même un enfant ! Mais à quoi rime une société « riche » si elle dissuade ses bénéficiaires de tout simplement fonder une famille (note ) ?

Un diagnostic partagé par la communauté des économistes

L’objectif convenu est d’engager toutes les sociétés « avancées » (pas seulement la France et l’Europe) vers des économies d’énergie massives et rapides car le dérèglement climatique n'attendra pas encore plusieurs décennies pour se manifester dans toute son ampleur. Il s’agit de ramener d’ici 2050 nos émissions de gaz à effet de serre (GES) en-dessous du niveau que peuvent absorber les « puits de carbone » (forêts, océans, etc.). Cela revient à les diviser par quatre, de 40 milliards de tonnes par an à environ 10 milliards !

J’ai publié sur Herodote.net, en 2018, sous le titre : Quel avenir pour la planète ?, un essai dans lequel j’incriminais le trop faible coût des énergies qui encourage leur surconsommation et ne prend pas en compte leurs « externalités négatives » (pollution et émissions de gaz à effet de serre).

Une fois posé le diagnostic, le remède en découlait de lui-même :
• Établir une taxe sur les énergies primaires de façon à relever fortement le prix de toutes les énergies finales.
• Dans le même temps, redistribuer entièrement cette taxe à l'ensemble des citoyens sous la forme d’une allocation forfaitaire mensuelle.
Ainsi chacun pourra librement arbitrer en faveur de consommations plus sobres sans altérer son bien-être. Quant aux investissements dans les énergies renouvelables, ils viendront en complément de cette sobriété librement choisie !

Quelques mois plus tard, le 17 janvier 2019, le Wall Street Journal publia une tribune qui allait dans le même sens. Elle était signée par 27 lauréats du prix Nobel d'économie, quatre présidents de la FED et deux anciens secrétaires d'État au trésor. Mais elle n’eut pas plus de résultat. Depuis lors, l’appel en faveur d’une taxe carbone redistribuée a été relayé par des économistes comme Christian Gollier (Le climat après la fin du mois, PUF, 2019) et même par le GIEC (Groupe intergouvernemental d'experts sur l'évolution du climat) dans son sixième rapport de synthèse, le 20 mars 2023.

Force est de constater que ces propositions sont restées lettre morte. C’est sans doute en raison des réticences des opinions publiques à un effort immédiat en vue d'un profit lointain. Sans doute aussi en raison du caractère complexe de la taxe carbone et de la difficulté de l'appliquer dans un cadre seulement national.

Une sortie par le haut de la crise climatique

Le coronavirus et la guerre d’Ukraine nous offrent l’opportunité involontaire de refonder notre société et rendre du sens à nos existences. Tant qu’à ignorer les règles comptables inscrites dans le traité de Maastricht comme nous l’avons fait pendant l’épidémie de Covid-19, faisons preuve d’imagination. Ouvrons des pistes dont les effets seront immédiats et que les autres pays développés ne manqueront pas de suivre à leur tour.

Le moment paraît propice pour mettre en place une « contribution énergies » obligatoire sur toutes les énergies primaires à la source (charbon, pétrole, gaz mais aussi électricité nucléaire et énergies dites « renouvelables »). Il s’agit d’augmenter de façon régulière le prix de tous les produits à forte teneur énergétique de façon à en détourner les particuliers au profit d’alternatives moins énergivores. Ces augmentations de prix doivent être suffisantes pour entraîner une baisse immédiate de notre demande en énergie et, donc, de nos émissions de gaz à effet de serre.

Mais le plus important est de ne pas pénaliser les ménages par ces augmentations de prix. Aussi cette « contribution énergies » doit-elle être intégralement redistribuée sous la forme d’une « allocation climat » forfaitaire mensuelle : au commencement, 50 centimes sur un litre de super, un litre de fioul ou 10 kWh électriques se traduiraient d’après nos calculs par une allocation d’environ 150 euros/mois pour chaque adulte et de 80 euros/mois pour chaque enfant. De cette façon sera préservé le pouvoir d’achat de tous les Français (à l’exception des plus riches).

Cet « anti-impôt » (un prélèvement sur des produits bruts redistribué à tous les foyers) nous orientera vers des consommations et un mode de vie sobres en énergie conformément à l’intérêt personnel de chacun au lieu qu’aujourd’hui, il faut beaucoup de motivation éthique pour accepter de payer plus cher afin de manger bio, se chauffer sain, etc.

Cette démarche est beaucoup moins coûteuse à mettre en place que l’actuelle « transition énergétique », avec des résultats bien plus probants. Rendus inutiles par la « contribution énergies », les impôts et taxes assujettis à la « transition énergétique » pourront être restitués aux contribuables ou réemployés par les pouvoirs publics pour revitaliser les centres des bourgs et des villes, faciliter les rapprochements entre domicile et travail, etc. avec des bénéfices importants sur les émissions de gaz à effet de serre et sur notre qualité de vie.

Dans les deux prochaines décennies, en France et dans le reste du monde développé, « contribution énergies » et « allocation climat » pourraient ainsi agir telle une « main invisible » pour enclencher la baisse de la demande d’énergie mais aussi nous libérer du « tout-automobile » et privilégier les contacts humains et la proximité :
• Par souci d’économie, les entreprises concevront des produits plus sobres en énergie.
• Les pouvoirs publics aménageront des villes et des villages plus resserrés dans lesquels on n’aura plus besoin de prendre une voiture pour les emplettes ou le travail.
• Les particuliers réévalueront leurs priorités en se détournant de la consommation à tout va de produits futiles, fabriqués à l’autre bout du monde et devenus plus chers.

Aux antipodes d’une écologie coûteuse et rabat-joie, tissée de contraintes et d'obligations (source), cette révolution fiscale nous ouvre un horizon attractif et souriant, une vraie ambition politique dans le cadre d’une société libérale, conviviale et sereine, en bref plus humaine.

André Larané
Publié ou mis à jour le : 2023-08-04 17:37:46

Voir les 10 commentaires sur cet article

Marsaudon (23-07-2023 10:08:14)

Quand je suis nè, la population humaine était TROIS FOIS moindre qu’ aujourd’hui : si l’Homme est responsable du dérèglement climatique, il faudrait peut-être en tenir compte ? bizarres s... Lire la suite

Pierre M (09-05-2023 16:14:57)

Pour le climat on peut parler de changement ou d'évolution mais pas de dérèglement. En effet si il y a dérèglement c'est qu'il y a des règles. Qui les a fixés ? Où sont elles écrites ? Qui... Lire la suite

PierreB (27-04-2023 17:20:51)

Je suis sidéré et effrayé par le refus de regarder la réalité du plus grand nombre des commentateurs, comme des chevaux rétifs devant l'obstacle. Le drame est que contourner l'obstacle ne le sup... Lire la suite

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