Élisabeth Vigée-Lebrun (1755 - 1842)

Le bonheur dans la peinture

Élisabeth Louise Vigée-Lebrun (1755-1842) est la première Française qui se soit illustrée dans la peinture avec une renommée internationale.  

Élisabeth Vigée-Lebrun (on écrit aussi Vigée Le Brun) a réalisé l'Autoportrait au chapeau de paille ci-dessous en 1782, à 27 ans, en s'inspirant d'une peinture célèbre de Rubens : Le chapeau de paille. Cette toile reflète tout le talent de la jeune artiste qui a su se représenter avec naturel, soulignant la beauté de ses traits et mettant en scène la lumière du jour d'une remarquable façon.

Séduites par le tableau, plusieurs dames de la cour, comme la princesse de Polignac, la comtesse du Barry et la reine Marie-Antoinette elle-même, ont tenu à se faire représenter avec le même chapeau. Et vêtues d'une robe-chemise en mousseline, dite « en gaulle », pour paraître encore plus naturelles !

L'artiste s'est aussi beaucoup représentée avec sa fille Julie. On les voit l'une et l'autre souriant de bonne grâce dans ces tableaux d'une infinie tendresse. C'est ainsi la première fois dans l'art occidental qu'un(e) artiste figue le sourire et non plus des visages sévères, bouche fermée ! 

Autoportrait au chapeau de paille, par Elisabeth Vigée-Lebrun (1755-1842), National Gallery (Londres)
 

Portraitiste de l'âme

Portrait du peintre Hubert Robert par Élisabeth Vigée-Lebrun (1782)Fille d'un pastelliste modeste, Louis Vigée, elle montre un don précoce et dès l'âge de 11 ans dessine des journées entières dans l'atelier de son père. « Tu seras peintre, mon enfant, ou jamais il n'en sera », lui aurait dit celui-ci peu avant de mourir.

Après des cours auprès de Joseph Vernet, grand-père du peintre d'histoire Horace Vernet, elle s'établit dès quinze ans comme portraitiste de la société aristocratique.

Elle est reçue et honorée en particulier par Mme Geoffrin dont le salon est fréquenté par tous les gens d'esprit.

Elle noue aussi une amitié durable avec le peintre Hubert Robert, dont elle fait ci-dessus un admirable portrait plein de vitalité et de malice.

« Peindre à regard perdu »

Jeune, belle et d'une agréable conversation, Élisabeth Vigée ne doit pas seulement son succès auprès des grands aristocrates à ses talents picturaux... Quand ses modèles masculins se font entreprenants, l'artiste s'en défend en leur disant qu'elle est en train de peindre les yeux et elle leur demande de regarder ailleurs, dans le lointain. C'est ce qu'elle raconte dans ses Souvenirs. De là la multiplication de portraits « à regard perdu », dont l'école romantique fera sa marque de fabrique !

Élisabeth Louise Vigée Le Brun, Jeanne Julie Louise Le Brun se regardant dans un miroir (1787) ; agrandissement : Autoportrait avec sa fille (1789, musée du Louvre) Pour consolider sa situation, l'artiste épouse le 11 janvier 1776 Jean-Baptiste Le Brun, un lointain neveu de Charles Le Brun, premier peintre de Louis XIV.

Le couple s'établit dans un bel hôtel de la rue de Cléry (Paris) et une fille, Louise, leur naît le 12 février 1780.

Elle offrira à sa mère l'opportunité de quelques portraits pleins de tendresse comme ci-contre.

À défaut de se montrer bon mari, Le Brun encourage sa femme dans sa carrière et l'assiste par ses activités de marchand de tableaux.

Par ses portraits pleins de finesse et de psychologie qui annoncent le romantisme, Élisabeth  ne tarde pas à attirer l'attention de la reine Marie-Antoinette elle-même.

La Reine Marie-Antoinette en grand costume de cour, une rose à la main (1778, Elisabeth Vigée Le Brun, château de Versailles)

Amie de la reine

La reine pose pour elle en 1778 et, pour la première fois, se montre ravie du résultat bien qu'Élisabeth Vigée Le Brun n'ait pas dissimulé sur ce portrait, à la différence des suivants, les petites imperfections du visage de son modèle. 

Les deux femmes, qui sont nées la même année, vont dès lors entretenir une amitié sans nuages qui va servir la notoriété de l'artiste.

Les nombreux portraits de la reine par Élisabeth Vigée-Lebrun reflètent le souci de la famille royale de séduire l'opinion. Ainsi, Marie-Antoinette apparaît d'abord en femme du monde, en toilette affriolante ou au contraire très légère puis en mère de famille mélancolique et en bonne épouse simple...

On la voit ci-dessous en 1786, entourée de ses enfants. La petite dernière, Sophie, étant morte avant l'achèvement de l'oeuvre, son frère le Dauphin montre le berceau vide.

Marie-Antoinette et ses enfants (1786, Élisabeth Vigée-Lebrun, château de Versailles)

Coqueluche de l'Europe aristocratique

Le 7 juin 1783, Élisabeth entre à l’Académie Royale de peinture et de sculpture grâce au soutien de Marie-Antoinette et sur ordre du roi Louis XVI. 

Elle devient ainsi l’une des quatre femmes membres de l’Académie et entre en concurrence avec Adélaïde Labille-Guiard (1749-1803), aussi habile qu'elle dans l'art du portrait mais qui ne met pas le même soin à atténuer les imperfections de ses modèles.

Tandis que cette dernière va demeurer en France pendant la Révolution et plus ou moins tomber dans l'oubli, Élisabeth Vigée-Lebrun quitte le pays dès le 8 août 1789 avec sa fille et gagne l'Italie, Florence, Rome, Naples puis Venise.

Élisabeth Vigée-Lebrun, Autoportrait, 1800, Saint-Pétersbourg, musée de l'Hermitage Inscrite sur la liste des émigrés, elle est empêchée de rentrer en France et se résout à gagner Vienne puis Saint-Pétersbourg, où elle est reçue avec beaucoup d'égards, du fait de son talent et de son ancienne amitié avec Marie-Antoinette.

Entre temps, son mari demande et obtient le divorce pour préserver ses biens et sa vie.

Le 8 janvier 1802, sous le Consulat, elle retrouve Paris, son hôtel et son ex-mari mais c'est pour repartir presque aussitôt à Londres, puis en Suisse et dans diverses cours européennes.

Elle s'établit enfin à Louveciennes, près de Paris, en 1809 et commence la rédaction de ses Souvenirs.

Femme et fière de l'être  

À sa mort, le 30 mars 1842, Élisabeth Vigée-Lebrun est inhumée au cimetière de Louveciennes, sous l'épitaphe : « Ici enfin, je repose ».

L'artiste a illustré de la plus belle façon qui soit le raffinement aristocratique de la France du XVIIIe siècle et la part faite aux femmes. C'est un trait qu'elle souligne avec nostalgie dans ses Souvenirs : « Les Femmes régnaient alors, la Révolution les a détrônées »

Derrière la finesse du trait et la luminosité des couleurs, ses portraits de femmes, y compris ses autoportraits, témoignent aussi d'une nouvelle perception de la condition féminine : différente de son vis-à-vis masculin mais toute aussi fière, confiante et droite. 

Mais Élisabeth Vigée-Lebrun va longtemps faire figure d'exception dans le monde de l'art. Jusqu'au XXe siècle, peu de femmes ont pu comme elle s'épanouir à travers l'art et voir leur talent reconnu. 


Publié ou mis à jour le : 2024-07-13 10:32:45

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