Ingmar Bergman est le principal cinéaste suédois connu aujourd’hui hors de son pays.
Il a imprimé sa marque sur le cinéma universel, avec des portraits fascinants par leur complexité psychologique et l'intensité de leur regard.
Ses films ont assuré le rayonnement culturel de la Suède social-démocrate, prospère, pacifique et rigoureuse du Premier ministre Olof Palme, son contemporain.
Des débuts difficiles
Né le 14 juillet 1918 d’un père pasteur dans la ville d’Uppsala en Suède, Ingmar Bergman grandit dans le presbytère familial suivant une éducation très rigoureuse…
Le jeune homme s’intéresse très tôt au cinéma et au théâtre. Au lycée, il est acteur, scénariste et metteur en scène. Son oeuvre ultérieure restera marquée par le cinéma français de l’entre-deux-guerres (Jean Renoir, René Clair…).
À 16 ans, en 1934, il fait un voyage en Allemagne où il assiste à un discours du chancelier Hitler qui le fascine. Mais quand il apprend l’existence des camps de concentration, il est horrifié et renonce à toute forme d’engagement politique, même à travers son art. Celui-ci plongera plutôt le spectateur au tréfond des personnages pour explorer les questions existentielles de la mort ou de la religion.
Réformé pendant la Seconde Guerre mondiale, il profite de son temps pour se consacrer au cinéma et au théâtre. Il est scénariste dans un premier film en 1944 (Tourments) puis réalise Crise en 1946. Ce premier film est un échec : la critique le trouve immature et subversif.
Un réalisateur qui révolutionne son art
Ingmar Bergman revient sur le devant de la scène avec son film Monika en 1953. Celui-ci marque l’histoire du cinéma avec le procédé nouveau du « regard-caméra » : le personnage incarné par Harriet Andersson fixe le spectateur, brisant ainsi le « quatrième mur » que la caméra instaure généralement entre la fiction et la réalité.
Avec Sourires d’une nuit d’été (1955) et Le Septième Sceau (1957), tous deux récompensés à Cannes, les années 1950 ouvrent sa carrière à l’international. Mais Bergman préfère rester en Suède et profiter de la liberté acquise face aux producteurs.
En 1965, alors qu’il est au sommet de sa gloire, Bergman doute : que peut faire le cinéma dans un monde marqué par la violence de la guerre du Vietnam ? « Que puis-je dire moi, avec mes tours de clown quand le monde brûle ? »
C’est alors qu’il revoit Bibi Anderson, une actrice et ancienne amante avec qui il avait tourné, en compagnie de Liv Ullmann, qui deviendra sa femme. Frappé par leur ressemblance, il décide de tourner le film Persona où les deux actrices forment les seuls personnages, qui se fondent finalement en un unique visage.
Bergman continue sa carrière avec des projets de plus en plus ambitieux : Cris et Chuchotements (1972), filmé uniquement à la lumière naturelle, montre la mort intime et le deuil ; Scènes de la vie conjugale (1973) laisse transparaître les tourments amoureux et conjugaux du cinéaste, lequel s'est marié au total cinq fois...
L'oeuvre cinématographique de Bergman s'achève avec Fanny et Alexandre (1983). Cette réalisation de cinq heures raconte une famille puritaine du début du siècle qui aurait pu être la sienne (la version courte de trois heures est désavouée par le réalisateur) avec une soixantaine d’acteurs et un millier de figurants.
La carrière de Bergman demeure exceptionnelle par son ampleur (il participe à plus d’un film par an pendant cinquante ans) et sa diversité : il écrit, il réalise, il fait des adaptations radiophoniques de pièces de Strindberg, dirige des théâtres, monte des pièces... il adapte à l’écran La Flûte enchantée (1975) avec toute la gaieté requise !
Son travail hors-normes est reconnu le 7 mai 1997 à l’ouverture du Festival de Cannes par la communauté de ses confrères qui lui décernent une « Palme des Palmes », récompense qu’il n’ira pas chercher affirmant quelques années plus tard : « Tout ce qui m'a jamais intéressé, c'est d'accomplir un vrai bon travail d'artisan. »
La mort surprend Ingmar Bergman le 30 juillet 2007 sur l’île de Fårö, un lieu sauvage qu’il appréciait particulièrement. Après y avoir tourné cinq films, dont Persona, c’est là qu’il avait choisi de prendre sa retraite.
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