De 1837 à 1847, Alexis de Tocqueville a été en tant que député l’un des principaux intervenants sur la question de la colonisation de l’Algérie. Ses positions ont évolué d'année en année en fonction de la conjoncture, ainsi qu'on le voit à travers ses lettres et ses rapports. Fut-il pour autant le foudre de guerre et le criminel de bureau que d'aucuns se plaisent à dénoncer aujourd'hui ? Rien de moins certain...
Réflexions et critiques sur la colonisation algérienne
Tocqueville a pu penser au départ qu’il aurait été possible de « coloniser quelques points de la côte et de dominer l’intérieur à la manière des Turcs [comme] le seul point praticable » (Oeuvres Complètes, III, 1, p. 173, Notes prises avant le voyage en Algérie, dans le courant 1840). Le gouvernement français aurait dû s’inspirer du système mis en place par les Turcs, qui : « s’étaient établis sur les côtes d’Afrique en étrangers, mais avaient résolu ce difficile problème d’habiter pendant près de trois cents ans un pays où ils étaient toujours étrangers et où ils paraissaient sans cesse comme des nouveaux venus qui arrivaient dans le but de faire leurs affaires particulières et non point pour administrer le peuple conquis. » (Notes prises avant le voyage en Algérie, dans le courant 1840.)
C'est aussi ce que semble penser le comte Mathieu Molé, président du Conseil, qui donne au général Damrémont les instructions suivantes en février 1837 : « Le but que le gouvernement se propose n'est pas la domination absolue de la Régence. Ce que la France a surtout en vue, c'est son établissement maritime […], la sécurité de son commerce […], l'accroissement de son influence dans la Méditerranée. La France a surtout intérêt à être maîtresse du littoral. Le reste doit être abandonné à des chefs indigènes. » Mais, jouant déjà sa carte personnelle, le général Thomas Bugeaud signe le 30 mai 1837 le traité de la Tafna avec Abd el-Kader, reconnaissant de facto son autorité sur les deux tiers de l’Algérie, un accord à la fois ambigu et lourd de menaces pour l’avenir.
En juin et août 1837, Alexis de Tocqueville publie dans La Presse de Seine et Oise deux lettres remarquables sur cette question : que convenait-il de faire en Algérie, ou que faire de l’Algérie ? S’appuyant sur les textes officiels du Tableau de la situation des établissements français dans l’Algérie, il relève et dénonce les erreurs faites par les autorités françaises depuis 1830, détruisant les registres publics hérités de l'administration ottomane, dispersant les administrations existantes et déportant tous les anciens fonctionnaires. Au lieu de reprendre à leur compte les structures mises en place par les Turcs, les Français ont installé le désordre et l’anarchie.
Il faut désormais, au contraire, selon lui, « recréer un gouvernement chez ces peuples et il n'est peut-être pas impossible d'arriver à ce que ce gouvernement dépende en partie de nous… Mais si nous avons intérêt à […] ne point y laisser établir un seul gouvernant. Car alors le péril serait fort supérieur à l'avantage. Il nous importe (…) de ne pas laisser les Arabes livrés à l'anarchie, mais il nous importe encore plus de ne pas nous exposer à les voir rangés tous en même temps contre nous. C'est sous ce point de vue que le dernier traité avec Abd-el-Kader et l'expédition projetée à Constantine sont de nature à exciter quelques craintes » (Oeuvres Complètes, III, 1, p. 148).
Tocqueville juge possible d’envisager une colonisation à la condition expresse de ne pas « soumettre nos nouveaux sujets de l’Algérie aux formes de l’administration française ». Il reprend ici une idée développée en 1833 dans Quelques idées sur les raisons qui s’opposent à ce que les Français aient de bonnes colonies. Cette idée concerne aussi bien les indigènes que les colons. Les indigènes parce qu’il faut respecter leur identité, leurs lois et coutumes, les colons parce que les lois et pratiques de la métropole n’ont pas à être appliquées à la lettre par l’administration sauf à les condamner à échouer. Il ajoute : « Mais ce n'est point assez pour les Français de se placer à côté des Arabes, s'ils ne parviennent pas à établir avec eux un lien durable et à former enfin des deux races un seul peuple. […] Il n'y a donc point de raisons de croire que le temps ne puisse parvenir à amalgamer les deux races. Dieu ne l'empêche point ; les fautes seules des hommes pourraient y mettre obstacle » (Oeuvres Complètes, III, 1, Seconde lettre sur l’Algérie, p. 151-153).
Tocqueville pensait donc en 1837 qu’un mélange des deux populations, un métissage comparable à celui qu’il avait vu en bordure des Grands lacs, était possible. Mais, en 1841, après son premier voyage il écrit : « La fusion de ces deux populations est une chimère qu'on ne rêve que quand on n'a pas été sur les lieux. Il peut donc et il doit donc y avoir deux législations très distinctes en Afrique parce qu'il s'y trouve deux sociétés très séparées. » (Travail sur l’Algérie, 1841, Oeuvres Complètes, III, 1, p. 275).
Pour lui, le traité de la Tafna est une erreur très grave ; c’est une faute que de donner ou reconnaître un pouvoir politique à un chef religieux , ce que les Turcs n’ont jamais fait : « [Les Turcs] avaient éloigné l'aristocratie religieuse des Arabes de l'usage des armes et de la direction des affaires publiques. détruits, [… ceux-ci détruits], ils reprirent le cimeterre de Mahomet pour combattre les infidèles et ils ne tardèrent pas à s'en servir pour gouverner leurs concitoyens… » (Oeuvres Complètes, III, 1, Seconde lettre sur l’Algérie, p. 143).
Le traité de la Tafna est dès l’origine un accord de dupes dont les deux textes, en arabe et en français, ne sont pas identiques. Chacun entend bien ne pas le respecter et en tirer avantage. Les Français poursuivent leurs actions militaires. De son côté, Abd el-Kader considère que la chevauchée reliant Constantine à Alger et le franchissement du défilé des Portes de Fer, en octobre 1839, par la colonne armée du duc d’Orléans, constitue une rupture de fait de l’accord. Il relance les hostilités dès novembre 1839.
Dès lors, l’alternative est simple, il faut soit mettre un terme à la présence française soit engager une guerre totale pour vaincre Abd el-Kader en conquérant tout le pays et Tocqueville reconnaît alors que, sur le plan militaire, Bugeaud a su mettre au point la stratégie qui convient à la situation, aux données du temps et du lieu en réponse aux actions menées par Abd el-Kader. L’armée française mène une guerre de mouvement, de coups de main, de razzias, avec leur part de destruction de villages, de troupeaux et de récoltes. Les actions relèvent donc, pour partie, de la terre brûlée mais le gouvernement français ayant décidé de rester, il faut se donner les moyens de vaincre et mener ces opérations militaires
La victoire est à ce prix, d’où le texte de Tocqueville qui nous est insupportable, justifiant les atrocités de la guerre ; nous y reviendrons dans l’analyse et la polémique qui a suivi : « J’ai souvent entendu en France des hommes que je respecte, mais que je n’approuve pas, trouver mauvais qu’on brûlât les moissons, qu’on vidât les silos et enfin qu’on s’emparât des hommes sans armes, des femmes et des enfants. Ce sont là, suivant moi, des nécessités fâcheuses, mais auxquelles tout peuple qui voudra faire la guerre aux Arabes sera obligé de se soumettre, écrit Alexis de Tocqueville, avant d’ajouter : Je crois que le droit de la guerre nous autorise à ravager le pays et que nous devons le faire soit en détruisant les moissons à l’époque de la récolte, soit dans tous les temps en faisant de ces incursions rapides qu’on nomme razzias et qui ont pour objet de s’emparer des hommes ou des troupeaux » (Oeuvres Complètes, III, 1, pp. 220-221).
Mais si Tocqueville est partisan de la colonisation et par conséquent de la conquête militaire, avec son prix exorbitant pour les populations, il entend aussi que soient épargnées les populations et affirme comme un leitmotiv : « Ne recommençons pas, en plein XIXe siècle, l'histoire de la conquête de l'Amérique. N'imitons pas de sanglants exemples que l'opinion du genre humain a flétris. » Il faut respecter les mœurs et habitudes des indigènes et non les heurter par des brimades imbéciles et contre-productives : « L'administration française, avec sa rage réglementaire ordinaire, s'est épuisée en efforts pour soumettre les indigènes à ces règles, règles excellentes en elles-mêmes, mais qui ne valent pas la peine de nous aliéner les indigènes. Deux fois la visite du médecin a été imposée aux Musulmans et deux fois retranchée sur leurs plaintes ; des Arabes disaient que la liberté de conscience leur avait été assurée et que cette liberté était violée par les visites en question). Enfin, dit avec une joie fort imbécile le compte rendu, tes maisons murées des Maures s'ouvrent devant le médecin. Voilà un beau triomphe ! »
Aux yeux de Tocqueville, l’armée est donc incapable de mener à bien une véritable colonisation. Il en acquiert la certitude dès son premier voyage en Algérie, en mai-juin 1841, en compagnie de Beaumont. À Philippeville, le 30 mai 1841, ils rencontrent le colonel d’Alphonse qui leur affirme : « Il n’y a, Messieurs, que la force et la terreur qui réussissent avec ces gens-ci » ; après quoi, il détaille quelques-unes des horreurs commises contre les indigènes. Et Tocqueville de conclure : « Et moi, écoutant tristement toutes ces choses, je me demandais quel pouvait être l’avenir d’un pays livré à de pareils hommes et où aboutirait enfin cette cascade de violences et d’injustices, sinon à la révolte des indigènes et à la ruine des Européens ? » (Oeuvres Complètes, III, 1, p. 175, Notes sur l’Algérie, 1840).
Dans le texte de son intervention à la Chambre, le 6 juin 1846, Tocqueville affirme que les violences doivent cesser, qu’il faut mettre un terme aux actions militaires et aux souffrances des populations misérables et affamées. Avec une ironie non dissimulée, il attaque très vivement la personne et l’action du prestigieux Bugeaud qu’il considère comme directement responsable de l’échec de la colonisation : « M. le maréchal Bugeaud a rendu sur la terre d’Afrique un grand service à son pays , et ce service le voici. Il est le premier qui ait su appliquer partout en même temps le genre de guerre qui est, à mes yeux comme aux siens, le seul genre de guerre praticable en Afrique. Ainsi donc, je reconnais pleinement les grandes qualités militaires de M. le maréchal Bugeaud ; mais ceci dit, il me sera permis d’ajouter que M. le maréchal Bugeaud n’a rien fait, rien, il a nui ; [...] il n’a donc rien fait, et souvent il a empêché de faire. »
De la fin octobre à la fin décembre 1846, soucieux de se renseigner sur la situation en Algérie, un an après les « enfumades » du général Pélissier qui ont fait scandale en France, il obtient de faire partie de la commission chargée de choisir entre la colonisation militaire de Bugeaud et la colonisation civile soutenue par des capitaux privés, proposée par Lamoricière.
L'année suivante, en mai 1847, complétant la conquête du territoire, Bugeaud lance une expédition en petite Kabylie malgré l’opposition de la Chambre et en premier lieu celle de Tocqueville, mais avec l’assentiment du roi Louis-Philippe qui considère que la question fait partie de ce qu’on appellera plus tard le domaine réservé. Bugeaud lui-même avait convenu devant la Chambre : « Les populations de la Kabylie ne sont ni envahissantes ni hostiles ; elles se défendent vigoureusement quand on va chez elles, mais elles n’attaquent pas. »
Tocqueville donne alors un avertissement qui constitue une de ses anticipations remarquables : « Nous allons vaincre les Kabyles ; mais comment les gouvernerons-nous après les avoir vaincus? » et il rappelle comment l’intervention de Bugeaud a rompu, sciemment, une paix en train de se faire : « La commission des crédits extraordinaires disait l’an dernier : « Nous croyons que des relations pacifiques sont le meilleur, et peut-être le plus prompt moyen d’assurer la soumission des Kabyles. » Jamais prévision des Chambres ne s’était mieux et plus rapidement réalisée ; déjà un grand nombre de tribus kabyles, attirées par notre industrie, entraient d’elles-mêmes en relations avec nous et s’offraient de reconnaître notre suprématie. Ce mouvement pacifique agitait celles mêmes qui n’y cédaient point encore. N’était-il pas permis de croire, Messieurs, qu’au moment où la paix réussissait si bien, on ne prendrait pas les armes ? Vous ne trouverez donc rien d’étrange à ce que votre commission se soit émue comme vous-mêmes, en apprenant l’expédition qu’on exécute. »
La France ayant globalement établi sa domination militaire, Tocqueville donne cet avertissement ultime : « La commission est convaincue que de notre manière de traiter les indigènes dépend surtout l'avenir de notre domination en Afrique. […] Elle croit qu'à la longue un bon gouvernement peut amener la pacification réelle du pays et une diminution très notable dans notre armée. Que si, au contraire, sans le dire, car ces choses se sont quelquefois faites, mais ne se sont jamais avouées, nous agissions de manière à montrer qu'à nos yeux les anciens habitants de l'Algérie ne sont qu'un obstacle qu'il faut écarter ou fouler aux pieds ; si nous enveloppions leurs populations, non pour les élever dans nos bras vers le bien-être et la lumière, mais pour les y étreindre et les y étouffer, la question de vie ou de mort se poserait entre les deux races. L'Algérie deviendrait, tôt ou tard, croyez-le, un champ clos, une arène murée, où, les deux peuples devraient combattre sans merci, et où l'un des deux devrait mourir. Dieu écarte de nous, Messieurs, une telle destinée ! »
Dans son rapport présenté à la Chambre des députés le 24 mai 1847, Tocqueville suggère une division en quatre parties du territoire algérien. Les Algériens doivent conserver la totalité du territoire et du pouvoir sur la Kabylie et le sud algérien, à partir des Aurès. La Mitidja, une ancienne zone marécageuse proche d'Alger, étant déjà aux mains des colons, il n’est pas question d’y revenir mais simplement de régulariser les titres de propriété et le cadastre. Pour le reste de l’Algérie « utile », il importe d’organiser la cohabitation de deux populations par l’achat à des conditions considérées comme justes les terres nécessaire à l’installation des colons. Cette cohabitation devant être, affirme Tocqueville, bénéfique aux deux populations, les autochtones trouvant à s’employer temporairement pour des travaux agricoles sur la terre des colons, chacun aurait eu à y gagner...
Il s’agit cependant bien là d’une spoliation vécue comme telle : « Vous nous aviez solennellement promis de respecter nos propriétés et nos usages, et voilà que déjà votre gouvernement dispose du territoire de nos tribus en faveur d’agriculteurs français, territoire dont nos ancêtres jouissaient de temps immémorial. Pouvons-nous, du reste, nous méprendre sur vos intentions ? Vos journaux ne disent-ils pas hautement que vous voulez donner aux chrétiens les terres occupées aujourd’hui par les musulmans ? » affirme un chef de tribu à Beaumont et Corcelle venus en mission d’information en Algérie en avril 1844. Tocqueville se place bien, lui aussi, dans une perspective coloniale, notamment en changeant pour partie la nature de la propriété, par exemple en donnant des titres de propriété individuelle sur des terres qui étaient collectives, ceci notamment pour se créer des obligés. Quand il présente cette approche dans son rapport à la Chambre, en avril 1847, il estime que l’affaire est encore jouable, qu’elle mérite au moins d’être tentée.
Le 21 septembre 1847, Bugeaud est rappelé en France et remplacé par le duc d’Aumale qui demande que Tocqueville, dont il a apprécié les prises de position, soit nommé Intendant Général de l’Algérie, ce que le ministère refuse (note). Le rapport de 1847 doit être considéré comme le testament politique de Tocqueville sur l’Algérie (note), ses rares interventions ultérieures n’étant désormais que marginales.
Une question polémique
Au début de notre siècle, l'essayiste et universitaire Olivier Le Cour Grandmaison accusa Tocqueville de tous les maux dans Le Monde diplomatique (juin 2001) et dans la revue La Mazarine (D’Alexis de Tocqueville aux massacres d’Algériens en octobre 1961, hiver 2001). Dans ce dernier article, il met en exergue une phrase qui constitue un véritable appel à la violence extrême et au meurtre : « Qui veut la fin veut les moyens. Selon moi, toutes les populations [d’Algérie] qui n’acceptent pas nos conditions doivent être rasées, tout doit être pris, saccagé, sans distinction d’âge ni de sexe ; l’herbe ne doit plus pousser où l’armée française a mis le pied ». Le problème, mais il est de taille, est que la phrase n’est pas de Tocqueville. Elle est extraite de la correspondance d'un militaire, un certain L-F. de Montagnac !
De même, Grandmaison et ses émules, parmi lesquels Michel Onfray, ont repris le paragraphe cité plus haut, sur le droit de détruire les moissons et s’emparer des hommes et des troupeaux mais en occultant le paragraphe qui précède : « Pour ma part, j’ai rapporté d’Afrique la notion affligeante qu’en ce moment nous faisons la guerre d’une manière beaucoup plus barbare que les Arabes eux-mêmes. C’est, quant à présent, de leur côté que la civilisation se rencontre. Cette manière de mener la guerre me paraît aussi inintelligente qu’elle est cruelle. Elle ne peut entrer que dans l’esprit grossier et brutal d’un soldat. Ce n’était pas la peine en effet de nous mettre à la place des Turcs pour reproduire ce qui en eux méritait la détestation du monde. Cela, même au point de vue de l’intérêt, est beaucoup plus nuisible qu’utile ; car, ainsi que me le disait un autre officier, si nous ne visons qu’à égaler les Turcs nous serons par le fait dans une position bien inférieure à eux : barbares pour barbares, les Turcs auront toujours sur nous l’avantage d’être des barbares musulmans ».
Tocqueville est, on le voit, beaucoup plus complexe qu’il n’apparaît dans le texte de Grandmaison ou, plus récemment, dans les propos de Tavoillot, « grand lecteur de Tocqueville » (!), qui, le vendredi 18 juin 2021 à 8h44, dans l’émission Le Grand Entretien, lui règle son compte en affirmant de façon péremptoire, dernière phrase de l’émission, que Tocqueville aurait écrit « des passage abominables, incitant l’armée à massacrer sans état d’âme les populations indigènes ! Nous éviterions ce genre de sottise si chacun se faisait une règle de ne pas tronquer les citations et de les replacer dans leur contexte ; après quoi toute lecture critique, quelle que soit sa vigueur, peut prendre sens (note).
Vos réactions à cet article
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maroy (05-09-2021 19:03:05)
Très intéressant. A rapprocher de l'échec des américains gagner la paix après avoir gagné des guerres. Les militaires sont toujours pour la force (et c'est leur rôle) alors que celle ci fait fi... Lire la suite