Histoire de l'eau (1/4)

Là où tout commence et tout finit

Elle fait tellement partie de nos vies d'Occidentaux qu'on ne se rend plus compte de sa présence à nos côtés. Pourtant l'eau fait plus que nous accompagner dans nos vies pour combler nos besoins quotidiens, elle est aussi au cœur de notre culture. À la fois rassurante et énigmatique, recherchée et redoutée, elle porte en elle nos croyances, nos espoirs et nos peurs.

Isabelle Grégor

Charles Le Brun, La déification d'Énée, XVIIe siècle, musée des Beaux-Arts de Montréal. Agrandissement : Attribué à Bon Boullogne, Neptune amenant Amphitrite dans un char marin, XVIIIe siècle, musée des Beaux-Arts de Tours.

Au cœur du tohu-bohu

Ce n'est plus un secret pour personne : l'eau est à l'origine de la vie, et c'est donc sans surprise qu'on la croise en bonne place dans la majorité des récits cosmogoniques s'attachant à expliquer la naissance du monde.

Création de l'homme par Prométhée (Athéna se tient à gauche), bas-relief en marbre, Italie, IIIe siècle, musée du Louvre. Agrandissement : Constantin Hansen, Prométhée créant l'homme à partir de l'argile, vers 1845, Copenhague, Hirschsprung Collection.Sans forme fixe, mouvant, à la fois doux et violent, cet élément difficile à définir est idéal comme berceau de toutes sortes de légendes. Dans certains mythes, il est même présent avant toute autre création ! C'est du moins la théorie des anciens Mésopotamiens qui expliquaient qu'une étendue d'eau douce baptisée Apsu s'était mêlée à l'océan Tiamat pour créer les dieux.

Appelée Noun en Égypte, cette masse liquide devient chez les Hébreux un des composants du chaos originel (« tohu-bohu »), des eaux sur lesquelles « le souffle de Dieu planait ». Comme il fallait bien mettre un peu d'ordre dans ce désordre aqueux, Dieu a séparé les eaux d'en haut de celles d'en bas, avant de faire apparaître au milieu d'elles la terre ferme parcourue par quatre grands fleuves. Les premiers habitants purent alors s'y installer !

C'est la même image de l'eau créatrice de vie que l'on retrouve dans la légende de Prométhée, modelant l'Homme à partir d'argile humide, et dans le Coran pour lequel « Dieu a créé tous les êtres humains à partir de l'eau ». Rien d'étonnant à cela : le fœtus ne flotte-t-il pas lui aussi dans du liquide ?

William Daniell, Vue de la rive droite du Gange, près de Currah, 1788. Agrandissement : Cérémonie sur le Gange à Haridwar (2023), l'une des sept villes sacrées de l'hindouisme.

Ça coule de source !

Pour les peuples de l'Antiquité, vivant en majorité éloignés de la mer, c'est bien à partir de l'eau douce que la vie prend forme. Parce qu'ils procurent la boisson et permettent les cultures, grands fleuves et petites rivières sont vus comme des bénédictions offertes aux hommes. Leurs ondulations, semblables à celles d'un corps, sont admirées, leurs colères redoutées.

Figurine représentant le dieu Nil, Égypte, 30-395 ap. J.-C. Paris, musée du Louvre. Le dieu tient une corne d'abondance symbolisant la prospérité apportée par la crue. Agrandissement : Statue du dieu Nil, Ier siècle, Rome, musée Chiaramonti, Vatican Le Nil, bien sûr, était dans l'Antiquité adoré à l'égal d'un dieu mais d'autres cours d'eau n'étaient pas en reste, comme ceux de Grèce dans lesquels on noyait des chevaux en offrandes. Aujourd'hui encore, d'innombrables pèlerins se pressent sur les berges du « fleuve mère » Gange, point de croisement entre la Terre et le Ciel.

Tout aussi respectées parce que liées au mystère du jaillissement, les sources sont depuis longtemps l'objet d'un culte si l'on en croit le monticule daté de 40 000 ans retrouvé à proximité de celle d'El Guettar, en Tunisie.

Instruments du divin, seul capable de maîtriser ce sang de la Terre, elles peuvent apparaître à la suite d'un efficace coup de bâton, comme celui que donna Moïse sur le rocher d'Horeb pour sauver son peuple assoiffé. Plus originale est la croyance en l'effet bénéfique d'une belle décapitation : posez la tête tranchée sur le sol et vous verrez apparaître un ruissellement, comme celui que Montmartre doit au supplice de saint Denis.

Rien de sanglant au contraire chez les Grecs qui préféraient imaginer leurs sources habitées par de jolies naïades tandis que Latins et Gaulois rivalisaient d'imagination pour noyer sous les ex-voto ces lieux très populaires. Pragmatique, le christianisme s'empressera de s'approprier ces croyances en accordant aux « fontaines de larmes » des pouvoirs miraculeux.

Téthys, divinité grecque marine primordiale et Océanus, fils d'Uranus (Ciel) et de Gaea (Terre), père de 3 000 esprits des ruisseaux et de 3 000 nymphes de l'océan, mosaïque (détail), IVe s., Harbiye (Istanbul).

Rêveries aquatiques

Siècle des Romantiques, de l'amour de la nature et du « Lac » d'Alphonse de Lamartine, le XIXe se referme sur le mouvement littéraire du Parnasse. Plus sensibles au style qu'aux sentiments, ses représentants n'en oublient pas pour autant de célébrer l'eau comme dans ce poème de Théophile Gautier qui donne la parole à une source bien insouciante...

Tout près du lac filtre une source,
Entre deux pierres, dans un coin ;
Allègrement l'eau prend sa course
Comme pour s'en aller bien loin.
 Nicolas de Largillière, Femme en source, XVIIIe siècle, musée des Beaux-Arts de Tours. Agrandissement : Fernand Maillaud, Baigneuse au bord de la Creuse, XIXe siècle, musée des Beaux-Arts de Tours.Elle murmure : Oh ! quelle joie !
Sous la terre il faisait si noir !
Maintenant ma rive verdoie,
Le ciel se mire à mon miroir.
Les myosotis aux fleurs bleues
Me disent : Ne m'oubliez pas !
Les libellules de leurs queues
M'égratignent dans leurs ébats :
A ma coupe l'oiseau s'abreuve ;
Qui sait ? - Après quelques détours
Peut-être deviendrai-je un fleuve
Baignant vallons, rochers et tours.
Je broderai de mon écume
Ponts de pierre, quais de granit,
Emportant le steamer qui fume
À l'Océan où tout finit.
Ainsi la jeune source jase,
Formant cent projets d'avenir ;
Le chant des eaux
Comme l'eau qui bout dans un vase,
Son flot ne peut se contenir ;
Mais le berceau touche à la tombe ;
Le géant futur meurt petit ;
Née à peine, la source tombe
Dans le grand lac qui l'engloutit !

« La Source » (Émaux et camées, 1890)

Purification instantanée

L'eau qui sort de la roche n'est-elle pas, par sa pureté et sa transparence mêmes, l'agent de purification par excellence ? C'est donc à grande eau que l'on va commencer par purifier les croyants en adoptant le rite du bain, vite transformé en simples ablutions, moins gourmandes en liquide. Juifs, chrétiens et musulmans adoptent tour à tour cette pratique pour marquer la frontière entre profane et sacré.

Andrea Verrocchio, Le baptême du Christ, vers 1475, Florence, Galleria degli Uffizi. Agrandissement : Jean-Jacques Lagrenée, Le Baptême du Christ, XVIIIe siècle, musée des Beaux-Arts de Tours.Cette seconde naissance qu'est le baptême permet le passage de la mort à la vie en imitant symboliquement la résurrection du Christ. C'est encore elle qui va abreuver ceux qui sont à la recherche de la foi, cette « source d’eau qui jaillira jusque dans la vie éternelle » (Évangile selon saint Jean).

Bienfaisante, l'eau se fait aussi protectrice lorsqu'elle est utilisée pour chasser les ondes maléfiques. C'est ainsi qu'en Grèce, les endroits souillés par un crime n'échappaient pas aux séances de lustration, véritable exorcisme avant l'heure.

Le mauvais œil, lui aussi, n'avait qu'à bien se tenir : une petite aspersion préventive et les soldats romains pouvaient partir sereins au combat... Repris et élargi dans la religion chrétienne, ce rituel de la bénédiction rappelle combien l'eau se prête bien à un changement de statut.

Sa vocation de simple boisson peut ainsi devenir secondaire lorsqu'on lui attribue en plus des vertus médicales. On ne compte plus, à travers le monde, les fontaines censées apporter fécondité, vigueur ou guérison !

Lucas Cranach l'Ancien, La Fontaine de Jouvence, 1546, Berlin, Gemäldegalerie.

Une petite remise à neuf ?

Fées et génies le savent bien : pour attirer du monde, rien ne vaut une source réputée pour son efficacité sur divers maux. Avec l'arrivée du christianisme, les pèlerinages se multiplient vers ces « bonnes fontaines » que l'on s'empresse de placer sous la protection d'un saint, dont le nom si possible est en lien avec la maladie redoutée : Eutrope pour les estropiés, Cloud pour les furoncles ou encore Aignan pour la teigne...

Al-Khadir et Zul-Qarnain s'émerveillent à la vue d'un poisson salé qui reprend vie lorsqu'il est touché par l'Eau de Vie, miniature perse, Washington, Freer Gallery of Art.Mais pour la notoriété, rien de tel qu'un miracle ! C'est ainsi que depuis 1858, date où une femme paralysée a retrouvé la mobilité de sa main en la plongeant dans la source de Lourdes, le sanctuaire de la ville est devenu un des plus importants pèlerinages de la chrétienté.

Cette possibilité de remise à neuf n'est rien à côté du rêve ultime de voyager dans le temps pour retrouver ses jeunes années. Il y a une solution à cela, sortie du fond des âges : la fontaine de Jouvence, du nom d'une nymphe qui se serait refusée à Jupiter. Junon, dit-on, s'y baignait pour retrouver sa virginité. Mais ce sont bien les ravages de l'âge que d'aucuns aimeraient y oublier !

L'Espagnol Ponce de Leon l'aurait cherchée en vain du côté de la Floride, mais aujourd'hui on préfère plutôt aller fouiller en forêt de Brocéliande. Quant aux marchands de crèmes miraculeuses, ils savent bien que la mention d' « eau pure » sur leurs flacons » fait toujours son petit effet !

Quand l'eau fait rêver les philosophes

Dans son essai L'Eau et les rêves, Gaston Bachelard s'interroge sur notre attirance pour l'eau qu'il voit comme un appel à la rêverie. Ce passage fait le lien entre le vieux mythe de la fontaine de Jouvence et le rituel de la toilette matinale...
« Un des caractères qu’il nous faut rapprocher du rêve de purification que suggère l’eau limpide, c’est le rêve de rénovation que suggère une eau fraîche. On plonge dans l’eau pour renaître rénové. […]
Jeune homme se lavant à la fontaine. Intérieur d'un kylix attique à figures rouges, vers 510-500 av. J.-C., musées du Vatican.Chacun possède à la maison une fontaine de Jouvence en sa cuvette d’eau froide, dans un énergique matin. Et sans cette expérience triviale, le complexe de la poétique Fontaine de Jouvence ne pourrait peut-être pas se nouer. L’eau fraîche réveille et rajeunit le visage, le visage où l’homme se voit vieillir, où il voudrait tant qu’on ne le voie pas vieillir ! Mais l’eau fraîche ne rajeunit pas tant le visage pour les autres que pour nous-mêmes. Sous le front réveillé s’anime un œil nouveau. L’eau fraîche redonne des flammes au regard »
(L'Eau et les rêves. Essai sur l'imagination de la matière, 1942).

À la claire fontaine...

Recherchés avec espoir puis entretenus avec grand soin, les points d'eau sont au cœur du développement de nos civilisations. Non seulement ils permettent d'abreuver hommes, bêtes et cultures, mais ils fournissent un point de rencontre indispensable à toute communauté.

Jean-François de Troy, Jésus et la Samaritaine, 1742, musée des Beaux-Arts de Lyon.Où peut-on parler affaires, échanger les premiers regards amoureux, conclure un mariage ? Autour du puits, bien sûr ! L'Ancien Testament est riche en anecdotes se déroulant dans ces lieux qui, nous l'avons vu, sont placés sous le signe de la fécondité, et donc de la féminité. C'est là aussi que, plus prosaïquement, se retrouvaient les femmes chargées de la corvée d'eau. Moïse, Isaac et Jacob y dénichent leurs futures épouses avant que le Christ n'y entame une conversation sur la foi avec la Samaritaine.

Pour le voyageur, il est vrai que puits et fontaines présentent un pouvoir d'attraction certain. C'est vers eux qu'il chemine, c'est dans leurs eaux que les touristes continuent à jeter des pièces pour être sûrs de revenir un jour interroger leur reflet. La vérité n'est-elle pas au fond du puits, comme le clamait Démocrite ?

Intermédiaire entre le monde des vivants et les mystères souterrains, ces puits qui semblent sans fond sont à la fois promesse de vie, portes vers la connaissance mais aussi couloirs vers l'inconnu, voire la mort. Alice a eu de la chance lorsqu'elle décida de suivre son étrange lapin : tous les puits ne mènent pas droit au Pays des merveilles !

Alexandre-Gabriel Decamps, Rébecca à la fontaine, 1848, Chantilly, musée Condé.

Discussion entre un aviateur et un prince autour d'un puits

Antoine de Saint-Exupéry s'est appuyé sur de nombreux symboles pour construire l'histoire de son Petit Prince. L'intrigue de son récit se déroulant au milieu du désert, il ne pouvait éviter de se servir du pouvoir évocateur du puits et de l'eau, « bonne pour le cœur » ...

« - Tu as donc soif, toi aussi ? lui demandai-je.
Mais il ne répondit pas à ma question. Il me dit simplement :
- L'eau peut aussi être bonne pour le cœur... [...]
Le puits que nous avions atteint ne ressemblait pas aux puits sahariens. Les puits sahariens sont de simples trous creusés dans le sable. Celui-là ressemblait à un puits de village. Mais il n'y avait là aucun village, et je croyais rêver.
- C'est étrange, dis-je au petit prince, tout est prêt : la poulie, le seau et la corde...
Il rit, toucha la corde, fit jouer la poulie. Et la poulie gémit comme gémit une vieille girouette quand le vent a longtemps dormi.
- Tu entends, dit le petit prince, nous réveillons ce puits et il chante... […] J'ai soif de cette eau-là […], donne-moi à boire...
Et je compris ce qu'il avait cherché !
Je soulevai le seau jusqu'à ses lèvres. Il but, les yeux fermés. C'était doux comme une fête. Cette eau était bien autre chose qu'un aliment. Elle était née de la marche sous les étoiles, du chant de la poulie, de l'effort de mes bras. Elle était bonne pour le cœur, comme un cadeau. [...]
- Les hommes de chez toi, dit le petit prince, cultivent cinq mille roses dans un même jardin... et ils n'y trouvent pas ce qu'ils cherchent.
- Ils ne le trouvent pas, répondis-je...
- Et cependant ce qu'ils cherchent pourrait être trouvé dans une seule rose ou un peu d'eau... »
(Le Petit Prince, 1943).

Sensuelle comme de l'eau

Cherchez l'eau, et vous trouverez la femme ! Si l'on pense tout de suite à la déesse de l'Amour Aphrodite, née de l'écume de mer, les nombreuses naïades et ondines qui animent nos mythes n'ont pas de quoi rougir : aucun doute, ce sont les femmes qui peuplent nos cours d'eau ! Élément féminin depuis l'Antiquité, lié à la fertilité selon le principe que « toute eau est un lait » (Gaston Bachelard) qui associe nourriture et paix, l'eau renvoie bien sûr à l'image de la mère.

Adolphe La Lyre, Sirènes à l'affût, XIXe siècle, musée des Beaux-Arts de Tours. Agrandissement : Paul Delaroche, La Jeune Martyre, 1855, Paris, musée du Louvre.Mais pour les artistes et écrivains, ce sont surtout les courbes de ses rivières qui font rêver, puisqu'elles attirent les jeunes femmes séduisantes ! Victor Hugo lui-même succomba au charme d'une « belle folâtre » tandis que « l'eau caressait doucement le rivage » (« Elle était déchaussée, elle était décoiffée », 1857) ...

Dans ce miroir où Narcisse s'est perdu, ces belles sont mises en valeur par les peintres dans une nudité que l'on veut innocente. Prenant comme prétexte de représenter les mésaventures de Suzanne épiée par deux vieillards (Ancien Testament) ou d'Artémis surprise par le chasseur Actéon, les artistes se font plaisir à représenter le corps féminin sans craindre les remontrances religieuses.

Il ne leur reste plus qu'à donner vie à un paysage charmant, un « trou de verdure où chante une rivière » (Arthur Rimbaud, « Le Dormeur du val », 1870) pour participer à leur façon aux stéréotypes sur les cours d'eau dont les berges nous invitent à nager dans le bonheur.

Rembrandt, Diane et ses nymphes surprises au bain par Actéon, 1634, collection princière de Salm-Salm à Isselburg (Allemagne).

La goutte d’eau qui fait déborder le vase

L'eau n'aurait-elle que des vertus ? Il suffit de prononcer un mot pour être convaincu du contraire : le déluge ! Présent dans de nombreuses cultures, il rappelle aux hommes leur faiblesse face aux colères de Dieu comme de la nature. La pluie sans fin et les inondations qu'elles provoque font en effet partie des événements traumatisants qui restent dans les mémoires.

La mort est aussi au rendez-vous pour tous ceux qui, par maladresse ou désespoir, font des flots leur dernière demeure. Le thème de la noyade, tout tragique qu'il soit, deviendra un sujet à la mode chez les Romantiques fascinés entre autres par le destin de la fiancée d'Hamlet, cette « triste Ophélie » chère à Shakespeare comme à Rimbaud.

Joachim Wtewael, Le Grand Déluge, 1595, Nuremberg, Germanisches Nationalmuseum. Agrandissement : John Everett Millais, Ophélie, vers 1851, Londres, Tate Britain.

Moins dangereux mais tout aussi appréciés des amateurs de légendes, les lacs n'offrent pas toujours à notre contemplation ces « flots harmonieux » qu'aimait tant Lamartine. On y croise, paraît-il, des créatures étranges du côté de l'Écosse ou de la Bretagne. Les Anciens n'affirment-ils pas que ces gouffres communiquent avec le monde de l'au-delà ?

Ils renfermeraient également, dans les pays de l'Est, des sirènes d'eau douce qui n'ont rien à envier à leurs homologues grecques. Comme elles, ces ondines aux « cheveux verts et longs jusqu’à leurs pieds » (Guillaume Apollinaire, « Nuit rhénane », 1913) séduisent les hommes de passage pour les entraîner vers la mort. Bateliers et poètes n'ont qu'à bien se tenir, la Lorelei les observe...

Statue d'Egeria, une des quatre Camènes (nymphes des sources et des bois dans la Rome archaïque), dans le jardin d'Horta à Barcelone.

Méfiez-vous de l’eau qui dort !

Qui d'autre que Jean de la Fontaine pouvait mieux donner vie aux cours d'eau ? Son talent d'observation est ici mis à profit pour nous rappeler que le danger n'est pas toujours où l'on pense...

« Le Torrent et la Rivière »

« Avec grand bruit et grand fracas
Un Torrent tombait des montagnes :
Tout fuyait devant lui ; l'horreur suivait ses pas ;
Il faisait trembler les campagnes.
Nul voyageur n'osait passer
Une barrière si puissante :
Un seul vit des voleurs, et se sentant presser,
Il mit entre eux et lui cette onde menaçante.
Ce n'était que menace, et bruit, sans profondeur ;
Notre homme enfin n'eut que la peur.
Ce succès lui donnant courage,
Et les mêmes voleurs le poursuivant toujours,
Il rencontra sur son passage
Une Rivière dont le cours
Image d'un sommeil doux, paisible et tranquille
Lui fit croire d'abord ce trajet fort facile,
Point de bords escarpés, un sable pur et net.
Il entre, et son cheval le met
A couvert des voleurs, mais non de l'onde noire :
Tous deux au Styx allèrent boire ;
Tous deux, à nager malheureux,
Le chant des eaux
Allèrent traverser au séjour ténébreux,
Bien d'autres fleuves que les nôtres.
Les gens sans bruit sont dangereux :
Il n'en est pas ainsi des autres »
.

(Fables, 1678)

Bibliographie

Giulio Boccaletti, H20. La fascinante histoire de l'eau et des civilisations de l'Antiquité à nos jours, éd. FYP, 2021.


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Publié ou mis à jour le : 2024-02-28 16:11:33
Bachoud (22-01-2024 13:19:10)

Très satisfait. Mes félicitations à l'auteur.

Roland Berger (21-01-2024 15:12:50)

Oui, tellement symboliquement importante que l'auteur de l'évangile dit de Marc s'est cru obligé de créer un baptiste consécrateur d'un fils de dieu. Une vraie merde pour ses successeurs.

Matt (21-01-2024 11:25:52)

Baptême signifie immersion. Les représentations artistiques de Jésus "aspergé" d'eau (de plus avec une croix près de lui) sont incohérentes.

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