Cinéma, le septième art

La naissance de l'usine à rêves

Paris, 1895 : les frères Lumière organisent la première séance publique de cinéma. Ils ouvrent quelques mois plus tard la première salle dédiée à la projection de films et forment une multitude d'opérateurs qui s'en vont réaliser des courts-métrages (« vues ») en Europe, aux Indes et bien sûr aux États-Unis.

Dix ans plus tard, le cinéma est déjà le premier divertissement des ouvriers...

Les studios Pathé, à Paris (1905)

Un essor fulgurant

La bourgeoisie cultivée est d'abord réfractaire à ce divertissement de foire dans lequel elle voit, comme l'écrivain Georges Duhamel, « une machine d'abêtissement et de dissolution, un passe-temps d'illettrés, de créatures misérables abusées par leur besogne », ou encore un « spectacle d'ilotes ».

Mais grâce au génie visionnaire de Georges Méliès, le cinéma va connaître un essor fulgurant jusqu'à être qualifié de « septième art » (1911) et devenir le principal mode d'expression artistique du XXe siècle et sans doute aussi du XXIe.

Dès 1899, Méliès réalise le premier film politique autour de l'affaire Dreyfus, et en 1901 le premier « docufiction » sur le couronnement du roi Édouard VII, où il mêle le direct et les reconstitutions. L'année suivante, avec Le voyage dans la lune, il réalise le premier « long-métrage » de l'Histoire : 16 minutes tout de même ! Le succès est planétaire.

En 1903, Edwin S. Porter réalise The Great Train Robbery (Le vol du grand Rapide, 12 minutes). Le succès est une fois de plus au rendez-vous.

Les monstres sacrés

Une nouvelle génération se lève dès 1905, avec Max Linder, dont les films loufoques vont inspirer dix ans plus tard Charlie Chaplin (Charlot).

Le culte des « divas » (ou dive, déesses en italien) ou « stars » (étoiles en anglais) naît en Italie, où le cinéma est dès l'origine très créatif, avec de nombreuses évocations historiques, annonciatrices des futurs péplums.

Jusque-là, le vedettariat concernait les comédien(ne)s et ne dépassait pas le public des théâtres. Par la magie du cinéma, il va pénétrer dans toutes les classes de la société, les villes et les campagnes.

Francesca Bertini, née en 1888 à Florence, morte presque centenaire et richissime à Rome, inaugure une lignée de « monstres sacrés » qui n'est pas près de s'éteindre.

Elle débute au cinéma à 16 ans (La dea del mare, 1904) et rencontre la gloire dans les années 1910. Son dernier rôle remonte à... 1976, dans le film 1900 de Bernardo Bertolucci.

Naissance d'Hollywood

Un réalisateur de la Biograph, David W. Griffith, s'en va tourner un film en Californie avec sa troupe, qui inclut une actrice au destin prometteur : Mary Pickford. Il découvre un endroit plaisant près de Los Angeles : Hollywood.

Après plusieurs mois de tournage, il revient sur la côte Est mais son expérience tente d'autres réalisateurs. Et dans les années qui suivent, nombre de producteurs indépendants commencent à installer en ce lieu leurs studios.

En février 1915, Griffith présente la première superproduction de l'histoire : Naissance d'une Nation, l'un des films les plus rentables de l'histoire.

Hollywood (vers 1923)

Dans le même temps, les jeunes cinéastes européens gagnent les tranchées. L'heure n'est plus à la gaudriole.

Les réalisateurs américains, portés par leur immense marché intérieur, profitent de l'opportunité pour asseoir leur domination sur le cinéma mondial. Cette domination est toujours aussi forte un siècle plus tard, même si les États-Unis connaissent une éclipse sur la scène géopolitique.


Publié ou mis à jour le : 2024-09-04 19:52:40

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