Philippe Sollers, né en 1936 dans une famille de la bourgeoisie bordelaise, s'est illustré par son soutien à la Révolution culturelle chinoise (1966) et son engagement dans le maoïsme à l'âge déjà avancé de 30 ans. Il acquiert la célébrité avec son roman Femmes (Gallimard, 1983).
Le 28 janvier 1999, il secoue les cercles intellectuels par sa tribune dans Le Monde : « La France moisie ». Le motif en est une dénonciation des « sauvageons » par le ministre socialiste de l'Intérieur Jean-Pierre Chevènement. L'article (voir ci-après) exprime le mépris profond de l'auteur à l'égard des classes populaires de France, tant catholiques que communistes, qui ont le tort de pas vivre à Paris ou au coeur d'une grande agglomération et de tout ignorer de New York. On peut y voir le début de la « fracture politique » entre la France du haut, bourgeoise, éduquée et mondialiste, et celle du bas, qui doit affronter les difficultés du quotidien et se taire.
Si cette tribune eut un résultat, ce fut peut-être de préparer le terrain à la secousse du 21 avril 2002 qui a vu l'extrême-droite se qualifier pour le second tour des présidentielles. Non pas que Philippe Sollers ait précipité les électeurs vers l'extrême-droite (contrairement aux apparences, celle-ci était en recul en 2002 par rapport à 1995 !). Mais il a pu dissuader la gauche populaire d'allier ses voix à ce qu'on appelait alors la « gauche caviar ». Quel paysan du Gers, quel ouvrier de Belfort aurait été ravi de se dire qu'il votait pour le même candidat que Philippe Sollers ? De fait, c'est à cette époque que la gauche a amorcé sa descente aux enfers jusqu'à ne plus représenter qu'un quart de l'électorat vingt ans plus tard, essentiellement concentré sur la plèbe et la bourgeoisie urbaines.
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