Archéologie sous-marine

L’or de la Seconde Guerre mondiale

Deux grands trésors fascinent les historiens et les chasseurs d’épaves depuis des décennies.

L'or de Staline

Le premier est l’or de Staline, une cargaison de plusieurs tonnes coulées dans la mer de Barents en avril 1942 par les Allemands. Le chef de l’Union Soviétique avait souhaité faire parvenir en Angleterre un premier magot destiné à financer les livraisons américaines.

Dans le port de Mourmansk, il fait charger cinq tonnes d’or dans les cales de l’Edinburgh, un croiser léger britannique. Après avoir été torpillé par un sous-marin allemand, le navire coule par 244 mètres de fond. Il faudra attendre 1981 pour que Britanniques et Soviétiques décident d’aller récupérer les lingots, en utilisant les nouvelles techniques d’exploration. La loi internationale est claire : l’ONU considère que les épaves des navires de guerre continuent à jouir de leur impunité dans n’importe quelles eaux internationales, à savoir qu’ils ne peuvent être renfloués que par l’État concerné ou avec son accord.

Tout l’or est remonté et partagé entre les deux puissances, non sans tension. On dit que les commissaires politiques soviétiques exigeaient que les plongeurs britanniques se déshabillent complètement après avoir manœuvré le butin, pour éviter tout larcin…

L'or de Rommel

Le trésor de Rommel (couverture de magazine)Le deuxième trésor est soumis à controverse et continue à nourrir fantasmes et suppositions : il s’agit de celui du maréchal Rommel, englouti quelque part au nord de la Corse, près des côtes de Bastia ou vers le Cap Corse. Tout commence pendant la Seconde Guerre mondiale quand un prisonnier allemand gardé sur l’île fait savoir aux autorités françaises qu’il connaît l’emplacement du magot du chef de l’Afrika korps.

Il est prêt à coopérer, si toutefois, bien sûr, on le libère rapidement. La Marine Nationale mord à l’hameçon et conduit sur les lieux le comploteur, sans jamais rien dénicher… Le bruit se répand, la rumeur enfle, les chasseurs de trésors commencent à investir les lieux, les Corses s’en mêlent, la mafia aussi semble-t-il, bref l’affaire prend peu à peu une importance aussi démesurée qu’irrationnelle.

Et les historiens ? «En réalité, personne ne s’est demandé d’où Rommel pouvait bien tenir ce trésor», remarque Gérard Loridon, plongeur professionnel et chasseur d’épaves reconnu, auteur du roman Pilleurs d’amphores (éditions Presses du Midi).

«Rommel n’a traversé pratiquement que des déserts pendant sa campagne, et contrairement à son compatriote Goering, il n’avait pas un goût prononcé pour le pillage des œuvres d’art. Et comment aurait-il pu déposer son butin en Corse, où il n’a jamais mis les pieds ?» ajoute notre expert.

Certaines sources font état de rançons auprès des Juifs de Tunisie, mais pourquoi diable Rommel aurait-il emporté un éventuel butin dans ses bagages alors qu’il aurait été plus simple de le laisser éventuellement en Afrique ? La légende est tenace et nul doute que le trésor du Maréchal fera encore couler beaucoup d’encre et d’eau de mer dans l’estuaire du Golo.

Marc Fourny

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Protection du patrimoine
Publié ou mis à jour le : 2019-04-29 19:56:44

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