Issu d’une famille pauvre des Balkans, Justinien est associé au pouvoir par son oncle, l'empereur d'Orient Justin Ier et lui succède en 527, à l'âge déjà avancé de 45 ans.
Se souciant peu d'offusquer les familles patriciennes par son mariage d'amour avec Theodora, ancienne actrice et prostituée, il va s'atteler sans relâche pendant 38 ans à la restauration de l'empire romain, au point d'avoir été surnommé : « l'empereur qui ne dort jamais » !
S’il marque le crépuscule de l'Antiquité et l'aube du Moyen Âge, son long règne reste méconnu. Il a tenté d'unifier l'empire chrétien, divisé entre Orient et Occident et menacé de toute part. Il nous a aussi légué Sainte-Sophie et une bonne partie de notre Code civil.
Justinien, l’élu de Dieu
Dans un empire chrétien depuis plus d'un siècle, Justinien se veut le représentant de Dieu sur Terre. Il intervient dans les querelles théologiques, traque les derniers païens et maintient l’ordre quoi qu'il en coûte. Soutenu par son épouse Théodora et servi par le fidèle général Bélisaire, il sauve son trône lors de la sédition Nika de janvier 532, au prix du massacre de 30 000 insurgés, ce qui lui assurera des années de tranquilité.
Justinien va profondément marquer son temps en mettant sur pied la commission de juristes qui rassemblera toutes les lois romaines dans un code unique qui porte son nom. Il réunit aussi les écrits des anciens juristes dans un Digeste achevé en 533 et qui va inspirer les rédacteurs de notre Code civil 13 siècles plus tard.
Bâtisseur infatigable, il construira de nombreux monuments, dont Sainte-Sophie, qu’il projette comme la plus grande église du monde, achevée en cinq ans.
Les succès militaires
Soucieux de rétablir l'unité de l'empire romain, divisé depuis 395 entre Orient et Occident, Justinien remporte non sans mal maints succès militaires sur tous les fronts. Il repousse la Perse en 531 avant d’intervenir en Afrique du Nord puis en Italie où ses armées reprennent Rome aux Ostrogoths. Mais en 540, les Perses attaquent de nouveau l’empire d'Orient, par surprise cette fois, et obtiennent une énorme somme avant de se retirer. Plus grave, en 541, la peste dite « justinienne » ravage l’Empire et Justinien manque lui-même d'en mourir.
En 552, Justinien envoie des troupes en Espagne, à l’appel de Athanagild, un prétendant au trône wisigothique, et réussit à conquérir plusieurs provinces, dans le but de sécuriser ses possessions africaines. Au terme de son règne, il aura quasiment réunifié l'empire romain, Occident compris, mais ses conquêtes sont fragiles. Il laisse ainsi ses armées ravager l’Italie qui mettra longtemps à se relever.
Toujours pressé par la Perse, il conclut en 561 un traité par lequel il s’engage à verser chaque année un tribut de 30 000 pièces d’or afin que les chrétiens puissent pratiquer leur culte dans l’empire perse. Une véritable saignée pour un Orient romain déjà affaibli par l'épidémie.
Un héritage fragile
Sans cesse confronté à des ennemis, Justinien aura inlassablement mené des campagnes militaires et connu la pire épidémie du millénaire. Obnubilé par les questions théologiques, il a aussi voulu parvenir à l’unité religieuse et établir un empire chrétien universel en recherchant un accord avec les monophysites et l’Église de Rome. Sans succès.
Le 14 novembre 565, déjà octogénaire, il s’éteint au terme d’un long règne de 38 ans et, malgré tous ses efforts, laisse à son successeur Justin un empire des plus fragiles. C'est au point que les Lombards pourront dès 568 s’installer sans difficulté dans une large partie de l’Italie. Quant à l’unification de l'Orient romain sous la bannière de l’orthodoxie, elle n’aboutira jamais.
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