L'Algérie entre dans l'Histoire avec Massinissa et son petit-fils Jugurtha, qui commandent les tribus numides établies à l'est de Constantine, à cheval sur l'Algérie et la Tunisie actuelles.
La vie des deux héros est racontée dans Les guerres numides par l'historien romain Salluste, né vers 86 av. J.-C.. Le récit ressemble en tous points à une chanson de geste.
Massinissa, né vers 238 av. J.-C., est élevé à Carthage, prospère colonie phénicienne implantée au nord de Tunis. Devenu adulte, il met sa cavalerie au service des Carthaginois et combat avec eux son rival Syphax et les Romains.
Puis il change de camp et rejoint le Romain Scipion. Les Carthaginois, qui devaient lui donner en mariage la princesse Sophonisbe, fiancent celle-ci à Syphax.
Qu'à cela ne tienne. Massinissa capture Syphax. Il récupère sa promise et se dispose à l'épouser. Mais voilà que son allié Scipion exige d'exhiber Sophonisbe lors de son prochain triomphe, à Rome.
Plutôt que de livrer la malheureuse Sophonisbe aux Romains dont il s'est fait le serviteur, Massinissa lui donne du poison la nuit même de ses noces. « Moi, je ne perds que la vie », aurait-elle alors dit.
Pour Massinissa, la vie continue donc. Sa cavalerie, alliée aux légions romaines, contribue à la défaite des Carthaginois sous les murs de Zama, sa capitale, en 202 av. J.-C.
Le roi numide va encore régner très longtemps. À la fin de sa vie, il tentera même de s'emparer de Carthage ou de ce qu'il en reste pour en faire sa capitale. Mais les Romains, peu soucieux de voir leur vassal s'ériger en rival, 'en empêcheront.
Finalement, il mourra au sommet dela gloire en janvier 148, à 88 ans, deux ans avant que les Romains rasent Carthage.
La lune de miel entre Rome et le royaume numide va se prolonger sous son fils et successeur Micipsa. Elle va durer jusqu'à l'avènement de Jugurtha, petit-fils de Massinissa et neveu du précédent.
Brutal et cynique, Jugurtha massacre les deux fils de Micipsa et réunit la Numidie sous son autorité. Il s'en prend aussi aux marchands romains. Sommé de se justifier, il tente pendant un temps d'éteindre la colère de Rome en stipendiant sénateurs et consuls. « Ville à vendre », s'écrie-t-il en quittant Rome, « il ne te manque qu'un acheteur ».
Rome envoie une première armée à la poursuite de Jugurtha mais elle est battue et contrainte de passer sous le joug. Le consul Metellus et son adjoint Marius partent à leur tour combattre les Numides. Après l'éviction de Metellus, Marius prend la tête des opérations avec le titre de consul.
Jugurtha résiste à Marius et aux Romains en pratiquant la guérilla. Mais le questeur de Marius, Sylla, soudoie le beau-père de Jugurtha, Bocchus, qui règne sur la Maurétanie, à savoir l'Algérie occidentale et le Maroc actuel. Le roi des Maures attire son gendre dans un guet-apens et le livre en 105 av. J.-C. aux Romains.
C'est la fin des guerres numides.
Bocchus devient le nouvel ami des Romains cependant que Jugurtha est exhibé au triomphe de Marius puis étranglé dans la prison du Tullianum, comme plus tard un autre héros national... le Gaulois Vercingétorix. Les Tunisiens d'aujourd'hui voient dans Jugurtha le premier symbole de la résistance nationale à l'oppression. Habib Bourguiba, fondateur de la Tunisie moderne, se présentait volontiers comme son héritier.
Au terme de ces longues guerres numides, en 46 av. J.-C., Jules César annexe le royaume de Maurétanie et le transforme en une province romaine.
Les Romains fondent des villes prospères dont subsistent de glorieux vestiges : le port de Tipasa, à l'ouest d'Alger, Cherchell, Lambésis, Hippone... La plus célèbre de ces villes est Timgad.
Construite par l'empereur Trajan vers l'an 100 après J.-C. et peuplée de vétérans des légions, Timgad a vocation à défendre la plaine orientale de l'Algérie contre les montagnards des Aurès.
L'empereur Trajan fonde aussi Cuicul (aujourd'hui Djemila) en 98. Située au milieu de plaines à blé, entre l'Atlas et les Aurès, la ville s'agrandit sous le règne de Caracalla jusqu'à compter 10.000 habitants.
Pas plus que les envahisseurs qui leur succèderont, les Romains n'arrivent à soumettre les populations indigènes des montagnes. Il s'agit de pasteurs semi-nomades héritiers des Numides, que l'on appelle Berbères ou bien Chaouis.
Dans l'empire, devenu chrétien au IVe siècle, se lève une personnalité hors pair, Augustin.
Né à Tagaste en 354, non loin de la Tunisie, Augustin devient évêque d'Hippone (aujourd'hui Bône ou Annaba). Il combat avec éloquence les rudes hérésies qui affligent la chrétienté d'Afrique du nord (donatisme, manichéisme, arianisme...).
La mise à sac de Rome en 410 par le Wisigoth Alaric lui inspire une réflexion désabusée sur le monde terrestre : La Cité de Dieu.
Il meurt vingt ans plus tard, après que les Vandales, envahisseurs germains venus d'Outre-Rhin, ont ruiné pour très longtemps l'Afrique du nord.
En 534, le général Bélisaire reconquiert le littoral et les plaines pour le compte de l'empereur romain d'Orient, Justinien.
Les Byzantins vont se maintenir pendant près de deux siècles sur place, jusqu'à l'irruption des armées de l'islam sous la conduite du célèbre Oqba, compagnon du Prophète, en 680.
La conquête arabe, à partir de la base de Kairouan, en Tunisie centrale, se révèle ardue du fait de la résistance opiniâtre des Berbères. Ceux-ci perpétuent le souvenir d'une héroïne, la Kahina, qui combat avec succès les troupes du général Oqba.
D'après les récits tardifs du grand historien musulman Ibn Khaldoun, la Kahina était une Berbère d'origine juive. Nombreux en effet étaient en Afrique du nord les Berbères convertis au judaïsme depuis le début de notre ère.
Par réaction contre les exactions des gouverneurs arabes, les Berbères d'Algérie se rallient au kharidjisme, une secte musulmane qui évoque le protestantisme chrétien par son puritanisme et son rejet de la hiérarchie (et les sectes contre lesquelles combattit saint Augustin).
L'Afrique du nord est brièvement unifiée au XIe siècle par les Almohades venus du Maroc qui s'emparent du royaume berbère de Bougie et écrasent les Arabes de la tribu des Banu Hilal, venus d'Égypte un siècle plus tôt.
La décomposition rapide de l'empire almohade entraîne à nouveau le fractionnement de l'actuelle Algérie en royaumes rivaux (Tlemcen, Bougie...).
Les Espagnols en profitent au début du XVIe siècle pour prendre pied dans les ports : Mers el-Kébir, Oran, Bougie, Le Penon (en face d'Alger). Menacé, le roi d'Alger appelle à son secours des corsaires, les frères Barberousse.
En 1516, ces musulmans d'origine albanaise s'installent à Alger. Ils évincent le roi et, quatre ans plus tard, instituent la Régence et se placent sous la protection virtuelle du sultan d'Istamboul. Ils s'allient à l'occasion avec François Ier pour combattre l'empereur Charles Quint et favoriser les desseins du roi de France en Italie.
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Anonyme (17-11-2013 17:48:54)
Dans une définition du mot berbères, vous écrivez que les Amazighs de Constantine sont appelés Kabyles.Or,à Constantine, la population est à dominante arabe.Les Kabyles qui y vivent sont origina... Lire la suite
ALEXANDRE (30-10-2012 11:31:11)
Au su de ces évènements les religions ne devraient pas devoir attirer de nombreux sympathisants:François 1er s'étant allié à Barberousse pour combattre un chrétien comme lui,Charles Quint..Au s... Lire la suite
ALEXANDRE (30-10-2012 11:22:41)
Au su de ces évènements les religions ne devraient pas devoir attirer de nombreux sympathisants:François 1er s'étant allié à Barberousse pour combattre un chrétien comme lui,Charles Quint..Au s... Lire la suite