Juin 1940

Le grand chaos

Ce lundi 14 juin 2010 à 20h35, France 3 propose un documentaire : Juin 1940 : le grand chaos (90 minutes), par Christophe Weber, avec l'assistance de l'historien Fabrice Virgili. Des images fortes sur le désarroi des Français et surtout des révélations sur les crimes de guerre allemands et le sort des troupes coloniales...

Il y a 70 ans, le 14 juin 1940, la Wehrmacht entrait, triomphale, dans Paris. La capitale, qui s'était déclarée « ville ouverte » (sans résistance), avait été désertée par le gouvernement français et les deux tiers des trois millions d'habitants ! Cet anniversaire est l'occasion pour la télévision de revenir sur Juin 1940, sans doute le mois le plus terrible de l'Histoire de France.

Le documentaire de Christophe Weber débute le 2 juin. Par un vaste mouvement tournant (le « Plan Jaune »), en 18 jours, l'armée allemande a enfermé les alliés dans la nasse de Dunkerque. Là-dessus, elle entame l'invasion de la France (le « Plan Rouge »).

Le documentaire montre en premier lieu l'exode : terrorisés par le souvenir encore frais des atrocités commises par les Allemands en août 1914 dans leur pays, les Belges s'enfuient sur les routes en direction du sud, semant la panique sur leur passage. Quand les hostilités s'achèveront, après six semaines de combat, huit à dix millions de personnes se seront ainsi « déplacées ».

Les craintes des Belges et des gens du Nord ont quelque fondement. Comme le montre le documentaire de Christophe Weber, les divisions SS et même les soldats de la Wechmacht se livrent à des crimes de guerre (exécutions de civils et de prisonniers de guerre), contrairement à l'image du soldat « korrect » cultivée par la propagande nazie... et trop souvent reprise par les livres d'histoire.

Le documentaire met également en évidence un phénomène sous-évalué jusqu'à ces dernières années par les historiens : le sort odieux fait aux prisonniers africains. Ceux-ci étaient souvent exécutés sommairement par des soldats qui gardaient en mémoire la « honte noire » de l'occupation de la Ruhr en 1923.

Le film montre la décomposition du gouvernement, du fait des conflits de personnes et de la pusillanimité des dirigeants civils et militaires. A contrario, sur le terrain, beaucoup de Français résistent avec l'énergie du désespoir. L'entrée des Allemands à Paris entraîne le suicide de quelques dizaines de patriotes. Jean Moulin lui-même, jeune préfet d'Eure-et-Loir, tente de se donner la mort, les Allemands voulant l'obliger à signer un document infâme qui accuse des troupes noires d'exactions sur des civils.

Les troupes françaises résistent honorablement à la percée allemande. Du 10 mai, début de l'invasion, à la signature de l'armistice, le 22 juin, elles déplorent 60 000 morts (nettement moins, notons-le, que le total avancé jusqu'à ces dernières années), pour 30 000 du côté allemand.

Tout s'achève par la répétition inversée de l'armistice de 1918, dans la fameuse clairière de Rethondes...

Un rythme rapide

Le documentaire enchaîne pendant une heure et demie les documents d'archives, dont une partie en couleurs. Il présente aussi des reconstitutions de tragédies cachées. Tout cela, sur un rythme rapide, fait qu'on ne s'ennuie pas un instant.

Je regrette seulement le manque de références et de sources historiques. À noter une coquille sur la date de l'entrevue de Montoire (24 octobre 1940).

André Larané
Publié ou mis à jour le : 2022-04-27 15:47:39

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