Épris de liberté, George Orwell mène une vie de bohème puis s'engage les armes à la main dans la guerre d'Espagne. Il y découvre la nature profonde du communisme. Après 1945, devenu journaliste, il va dépeindre le totalitarisme du XXe siècle dans des ouvrages incontournables.
Un démocrate sans illusion
De son vrai nom Eric Arthur Blair, George Orwell naît aux Indes le 25 juin 1903 d'un père fonctionnaire en charge du commerce de l'opium.
Boursier dans les pensionnats de l'élite anglaise, il éprouve l'amertume du déclassement. Après des études au collège d'Eton, où il découvre le communisme, il s'engage comme sergent en Birmanie. Il démissionne au bout de cinq ans et vit dès lors de petits boulots à Paris et Londres.
S'étant engagé en Espagne aux côtés des communistes dissidents du POUM, il prend conscience de la nature totalitaire du communisme à une époque où les intellectuels de son espèce préféraient en chanter les louanges.
Son intérêt pour les luttes révolutionnaires n'ayant pas altéré son amour pour la démocratie, il écrit le 8 mai 1940, avant l'invasion de la Belgique et de la France par la Wehrmacht : « Une fois la guerre commencée, la neutralité n’existe plus. Toutes les activités sont des activités de guerre. Qu’on le veuille ou non, on est obligé d’aider son propre camp ou celui de l’ennemi. En ce moment, les pacifistes, les communistes, les fascistes, etc. aident Hitler. Ils ont tout à fait le droit de le faire, à condition de penser que la cause de Hitler est meilleure et d’en accepter les conséquences. Si je prends parti pour la Grande-Bretagne et la France, c’est parce que je préfère rejoindre les plus anciens impérialismes- décadents, - comme Hitler a raison de les appeler - que les nouveaux, beaucoup plus sûrs d’eux-mêmes et donc beaucoup plus impitoyables. »
Réformé suite à une blessure à la gorge, George Orwell devient reporter et publie en 1945 un petit roman parodique publié : Animal Farm (la Ferme des Animaux).
Il s'agit d'une allégorie satirique du communisme qui raconte la prise de pouvoir des animaux dans une ferme, à l'instigation des cochons, et la manière dont ces derniers s'arrogent un pouvoir dictatorial au nom des grands principes :
« ALL ANIMALS ARE EQUAL
BUT SOME ANIMALS ARE MORE
EQUAL THAN OTHERS »(en anglais)
« TOUS LES ANIMAUX SONT ÉGAUX
MAIS CERTAINS ANIMAUX SONT PLUS
ÉGAUX QUE D'AUTRES » (traduction française)
Orwell prévoit une préface à son essai dans laquelle il dénonce l'autocensure sévissant en Angleterre relativement à l'Union soviétique sous prétexte de ne pas affecter l'ancien allié de la Seconde Guerre mondiale : « Parler de liberté n'a de sens qu'à condition que ce soit la liberté de dire aux gens ce qu'ils n'ont pas envie d'entendre », des propos plus que jamais d'actualité à l'heure de la cancel culture.
En 1949, confiné sur l'île du Jura, en Écosse, il écrit son dernier roman sous le titre The Last man in Europe (Le dernier homme en Europe) mais l'éditeur changera le titre pour Nineteen Eighty-Four (1984). Le roman raconte une société totalitaire sous le regard d'un chef omniprésent, Big Brother en lequel chacun reconnaît Staline. Le titre ne fait pas référence à un futur imaginaire mais à son époque ; il faut y voir en effet une anagramme de 1948.
Dans 1984, la planète est divisée en trois grands États : Oceania, Estasia et Eurasia, en guerre les uns contre les autres pour la possession d'un quatrième territoire. Le roman décrit la société d'Oceania, divisée en en trois classes, le Parti Intérieur, le Parti Extérieur et les prolétaires, avec un chef tout-puissant, Big Brother (« Grand Frère »).
Dans ce roman, l'autorité s'exerce par le contrôle de la langue officielle, la novlangue. Elle se caractérise par l'appauvrissement du vocabulaire et l'inversion des mots, à l'image de ce que l'auteur a observé dans les sociétés communistes : « La guerre c'est la paix. La liberté c'est l'esclavage. L'ignorance c'est la force ». Le narrateur Winston Smith, qui travaille au ministère de la Vérité, va bouleverser l'ordre établi en écrivant un journal intime.
George Orwell meurt l'année suivante de la tuberculose.
Au théâtre
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Epicure (26-06-2018 09:52:56)
jeune médecin, tous mes amis et professeurs me disait d'Ecrire.... et je persistais à refuser et j'en avais également la flemme prodigieuse, car l'rien n'est plus prenant et difficile que l'Ecritu... Lire la suite