Nombrilisme scientifique

Climat : « C'est grave mais ne changeons rien »

14 novembre 2017. Pas moins de quinze mille scientifiques ont signé un appel à agir contre le réchauffement climatique. Mais à lire ce petit texte publié dans BioScience et promu par Le Monde, on demeure consterné par la pauvreté de l'analyse et des solutions...

Ces scientifiques sont peut-être (note) des experts dans leur domaine, parfaitement qualifiés pour identifier le réchauffement climatique et en mesurer les conséquences sur l'atmosphère et la biodiversité.

Par contre, pour tout ce qui concerne ses causes d'ordre politique, économique, démographique et social, ils se révèlent d'une naïveté déconcertante.

Comme les écologistes gentillets qui nous ont servi le film Demain !, nos distingués scientifiques y vont de leur couplet sur l'inaction des gouvernants et laissent croire que des initiatives locales et des petits efforts de chacun de nous suffiront à régler la question climatique : faisons davantage de marche et de vélo, mangeons moins de viande, trions nos déchets, ne laissons pas couler nos robinets pour rien et tout ira mieux !

Les promoteurs de la pétition étant, semble-t-il, spécialisés dans la protection de la forêt, leurs treize propositions se limitent pour l'essentiel à... la protection des forêts, avec en prime des sorties scolaires dans la nature ! On croit rêver. Pourtant, c'est écrit noir sur blanc dans Le Monde.

À cela une raison compréhensible : nos pétitionnaires baignent dans une société entièrement organisée autour de l'automobile, de l'avion et d'une énergie surabondante. Comme la plupart d'entre nous, ils n'imaginent pas un instant que la modernité puisse se concevoir autrement.

Ils ne voient donc nul besoin de remettre en question leur mode de vie mais ils ont trouvé un coupable tout désigné : la croissance démographique. Le réchauffement climatique, c'est la faute aux bébés, en aucune façon au mode de vie de la minorité la plus riche de la planète, qui use et abuse de l'automobile, de l'avion et de l'énergie (trop) bon marché.

Leur engagement public est donc pire que nul ; il est nuisible du fait de cette approche réductrice et grossièrement erronée. Car, avec toute l'autorité que leur confère leur statut ou leur popularité, avec également la complaisance des grands médias, il entretient l'idée subliminale que, réchauffement climatique ou pas, le mode de vie prédateur apparu outre-Atlantique il y a à peine cinquante à cent ans est indépassable et même destiné à s'étendre à l'ensemble de l'humanité.

Que répondre à l'appel des 15 000 scientifiques ?

Nous nous proposons de disculper la croissance démographique. Vous verrez à partir d'observations élémentaires qu'un petit quart de la population mondiale est tout entier responsable de l'emballement climatique. Quant aux trois quarts restants de l'humanité, sa part dans le réchauffement climatique est mineure alors même que cette population est la seule à croître encore.

Nous voulons ensuite décrypter notre mode de vie, directement inspiré de l'american way of life : villes déstructurées, réseaux de transport démesurés, paysannerie défaite, exploitation sans limites des ressources naturelles.

Nous croyons aussi qu'il existe à ce mode de vie des alternatives raisonnables, au moins aussi désirables et surtout plus durables. Leur mise en oeuvre passe par une action collective soutenue par une volonté politique, en aucune façon par des bonnes volontés individuelles ou locales.

André Larané
Publié ou mis à jour le : 2023-09-26 17:17:50

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