Le film Hors-la-loi de Rachid Bouchareb (2010) a suscité des réactions quelque peu disproportionnées, comme chaque fois qu'il est question de la guerre d'Algérie...
J'ai assisté à la projection privée du film Hors-la-loi le lundi 20 septembre 2010 au cinéma Pathé rue Foch à Marseille sur invitation du Conseil Général.
Comme beaucoup, je suis resté médusé devant le rassemblement d'un groupe de pieds noirs, certains véhéments, soutenus par des élus du Front National.
Ces personnes ont donné l'impression qu'elles sont encore au temps de la guerre d'Algérie en cherchant à s'opposer à la diffusion d'un film sur des événements tragiques de cette terrible période et ses trop nombreuses victimes de part et d'autre.
On aurait cru assister aux mêmes comportements que ceux qui se sont opposés pendant la colonisation au projet Blum-Violette en 1936 et au statut de 1947, tous deux tendant à donner plus d'égalité de droits aux algériens.
Pourtant, ce même groupe gagnerait aujourd'hui à participer aux débats d'idées dans un climat dépassionné au lieu de camper dans une opposition systématique et stérile.
Quant au film, il n'apporte rien de nouveau pour ceux qui connaissent cette tragique histoire qui a meurtri deux peuples. Par contre, faire parler les acteurs en dialecte marocain (Roschdy Zem et Jamel Debouze) ou tunisien (Sami Bouajila) alors qu'ils jouent des personnages algériens est une grossière erreur et déforme la réalité des scènes que l'on veut décrire.
De même, l'aspect «harkis» (supplétifs de l'armée et de la police française durant la guerre d'Algérie) est traité de manière superficielle avec une forte connotation péjorative sans expliquer le pourquoi ni le drame qui touche cette catégorie d'Algériens doublement victimes.
Mais le mérite du film est de susciter le débat sur les troubles qu'a vécus l'Algérie, les sacrifices consentis. Cette lutte pour l'indépendance et les conflits internes fratricides du FLN ont abouti à la situation d'aujourd'hui. Celle d'un pays gangrené par la corruption et les injustices qui ont fait et font encore fuir des centaines de milliers d'algériens vers d'autres cieux plus cléments et en premier lieu la France.
Cette fuite vers un avenir meilleur touche de plus en plus la jeunesse algérienne comme ceux qu'on appelle les «haragas» (ceux qui brûlent leurs papiers) qui se jettent à la mer bravant tous les dangers.
L'Algérie actuelle se trouve à la croisée des chemins et elle a l'impérieuse obligation de développer une société nouvelle faite d'humanité, de respect absolu de la liberté du citoyen dans tous les domaines : politique, économique, enseignement...
Ceci en se rattachant à son histoire liée à la Méditerranée et à ses particularités berbères, arabes et même andalous. Comme le Maghreb dans son ensemble, l'Algérie est issue d'une civilisation musulmane brillante où régnaient la tolérance, la liberté et le savoir qui ont apporté énormément à l'Europe au Moyen Âge et dont les effets se font encore sentir aujourd'hui.
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