Le 2 janvier 1861, Guillaume Ier (64 ans) succède à son frère Frédéric-Guillaume IV sur le trône de Prusse.
Cet homme profondément pieux est troublé par le régime de délation qu'a instauré le gouvernement réactionnaire du défunt roi (la Camarilla). Il est aussi très irrité par la virulence de l'opposition libérale à l'assemblée du Landtag, qui s'oppose au vote de crédits militaires en vue de renforcer l'armée. Il envisage d'abord d'abdiquer puis se ravise, renvoie les ministres de son frère et, le 23 septembre 1862, appelle à la chancellerie l'énergique comte Otto von Bismarck (47 ans).
L'alliance étroite entre les deux hommes va conduire à l'unification de l'Allemagne autour de la Prusse et de sa capitale, Berlin. Elle va modifier radicalement la carte de l'Europe en installant en son coeur un puissant état aux ambitions hégémoniques.
Le nouveau chef du gouvernement de Berlin que l'on surnommera rapidement et avec justesse le «Chancelier de fer», raffermit l'autorité de l'état prussien et de son souverain.
Il fait capoter une nouvelle tentative de l'empereur d'Autriche François-Joseph Ier d'unifier l'Allemagne autour de Vienne en dissuadant Guillaume Ier de se rendre à la Journée des Princes convoquée à cet effet.
Il n'hésite pas à provoquer une guerre avec l'Autriche en vue d'unifier la Petite Allemagne. Le prétexte lui est fourni par un différend dans l'administration des duchés du Schleswig et du Holstein enlevés au Danemark en 1864.
L'Autriche appelle la Confédération germanique à se mobiliser contre la Prusse mais celle-ci, alliée de l'Italie, réagit très vite. Sous le commandement du feld-maréchal Helmuth von Moltke, l'armée prussienne remporte une victoire écrasante sur les Autrichiens à Sadowa (Königgrätz) le 3 juillet 1866. La défaite de l'Autriche fait en Europe l'effet d'un «coup de tonnerre».
L'Autriche signe la paix avec la Prusse à Prague le 23 août 1866. Elle est exclue d'Allemagne. La Prusse, quant à elle, annexe la plupart de ses adversaires d'Allemagne du Nord.
La Confédération germanique est remplacée le 15 décembre 1866 par une Confédération de l'Allemagne du Nord, avec 21 États sous la mainmise écrasante du 22e, la Prusse. La Confédération comporte un Parlement fédéral composé de deux assemblées: le Bundesrat, ou Conseil fédéral, et le Reichstag, ou Chambre des députés. Ceux-ci sont élus au suffrage universel. La réalité du pouvoir appartient au Président héréditaire qui n'est autre que... le roi de Prusse Guillaume Ier, assisté d'un Chancelier fédéral en la personne de Bismarck!
Il ne manque à la nouvelle Confédération que d'être rejointe par les grands États du Sud (Bade, Bavière...) pour que toute l'Allemagne soit enfin unie.
De son côté, l'empereur d'Autriche François-Joseph Ier, inaugure un nouvel état multiculturel résolument tourné vers le Danube et les Balkans, l'Autriche-Hongrie.
Napoléon III, empereur des Français, qui s'est entremis pour favoriser l'alliance entre la Prusse et l'Italie (au demeurant bien inutile), a réclamé pour prix de ses services un territoire tel que le Palatinat bavarois ou encore le Luxembourg.
En faisant état publiquement de cette demande de «pourboires», le chancelier Bismarck excite contre la France l'animosité des Allemands et de la plupart des Européens.
Pour souder définitivement l'Allemagne autour de Berlin, il va dès lors oeuvrer à une guerre de l'ensemble des Allemands contre la France de Napoléon III. Comme prévu, celle-ci est battue et c'est à Versailles, dans la galerie des Glaces, le 18 janvier 1871, qu'est solennellement proclamé le IIe Reich, autour de Guillaume Ier de Hohenzollern, qui relève le titre d'empereur (en allemand Kaiser). Le grand oeuvre de Bismarck est achevé.
Pour une initiation à l'histoire allemande, je ne saurais trop recommander l'ouvrage de l'historien (et résistant) Joseph Rovan : Histoire de l'Allemagne des origines à nos jours, Points Histoire. Un pavé de 1000 pages étonnamment digeste et agréable à lire.
L'Allemagne, d'un Reich à l'autre
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